Les habitants du bâtiment D de la cité des 460 Logements de Ouargla ne sont pas près d'oublier la nuit de mardi au mercredi. Une série de déflagrations dues à une masse électrique a embrasé le hall d'entrée du bâtiment après que les compteurs des huit appartements eurent explosé. L'intervention de la Protection civile a duré 3 heures. Bilan : 4 personnes asphyxiées et hospitalisées, 8 familles transférées chez les voisins, des enfants en état de choc, un hall de bâtiment consumé par le feu. Ce sont des habitants encore sous le choc que nous avons rencontrés sur le palier du bâtiment. Les enfants s'étaient débarbouillés chez les voisins et attendaient dehors le petit déjeuner. Les cendres et restes de l'incendie emplissaient les lieux avec un dénominateur commun : le noir ambiant. Les habitants séquestrent un des extincteurs défaillants de la Protection civile, ils ne comprennent pas pourquoi l'intervention a duré aussi longtemps avec un recours au sable pour avoir raison du feu. Le cauchemar a commencé à 23h50, au moment où tout le monde était au lit. La première déflagration a attiré l'attention des habitants du rez-de-chaussée qui sont sortis sur le palier pour voir ce qui se passait. «La fumée était trop forte», raconte Mounir Baréche. Il ajoute que «le premier souci était de fermer la vanne principale du gaz de ville qui jouxte les compteurs de gaz. Pour une fois, on était heureux que l'ADE coupe l'eau vers 23h, sinon un cocktail explosif allait nous propulser dans le néant.» Les pompiers sont arrivés une demi-heure après le déclenchement de l'incendie, des policiers en patrouille se sont rapprochés des habitants, qui, pris de panique, descendaient de partout. «Une scène digne d'un film hollywoodien», commente Mouna, la locataire du premier étage dont les trois enfants sont encore traumatisés par la vue du feu qui montait par les murs jusqu'aux fenêtres de leur chambre ainsi que les cris des femmes et enfants des étages supérieurs. Le pire a été évité grâce à l'utilisation du sable pour éteindre le feu. Khalil Abdelhafidh, architecte installé dans le bâtiment, raconte que les extincteurs de la Protection civile ne fonctionnaient pas : «Imaginez un seul instant que l'incendie se soit déclenché dans un logement, une voiture ou dans une bâtisse à issue unique, heureusement que la chaîne humaine a réussi à sortir les plus vulnérables parmi nous de la porte arrière, celle du bâtiment attenant, autrement nous aurions été grillés comme des poulets à l'intérieur.» L'architecte estime qu'«au-delà de cet énième incident, c'est la non-conformité des installations d'électricité, de gaz et d'eau qui est à déplorer, la réglementation est bafouée par les entreprises censées protéger nos vies. Voyez Sonelgaz qui a installé des niches communes de compteurs d'électricité et de gaz de ville à l'entrée des bâtiments avec des câbles pendants, alors qu'avant on avait des niches de deux compteurs par palier nettement mieux sécurisés». Avec la défectuosité des extincteurs des pompiers et le retard dans le rétablissement du courant, du gaz et de l'eau le lendemain, c'est une journée épouvantable qui a replongé les habitants du bâtiment D dans l'angoisse, vu la chaleur torride de la journée.Les habitants attendent toujours l'intervention efficace de la Sonelgaz et de l'ADE.