Sous la poussée d'une révolte populaire, le roi du Maroc, Mohammed VI, a fini par concéder quelques parcelles de son pouvoir, mais sans pour autant renoncer à son règne absolutiste. La monarchie parlementaire tant réclamée n'aura pas lieu. Le monarque brise ainsi le rêve des Marocains, mobilisés pendant cinq mois, pour exiger des changements politiques profonds. Ils n'ont eu droit, au final, qu'à une petite révolution de palais. Dans un discours prononcé vendredi soir, le souverain alaouite a présenté des réformes qui «renforceront» le rôle du Premier ministre. «Le statut constitutionnel du Premier ministre sera élevé à celui de chef de gouvernement. Il en est de même de l'Exécutif qui sera désigné au sein du parti arrivé en tête des élections de la Chambre des représentants», a affirmé le monarque dans son allocution. Ainsi, la future Constitution confère au chef du gouvernement la compétence de proposer ses membres, de mettre fin à leurs fonctions, prévoit aussi le projet de réformes. Jusqu'ici, le roi pouvait choisir le Premier ministre de son choix. Le projet confère, en outre, au chef de gouvernement «le pouvoir de dissoudre la Chambre des représentants au Parlement». Cependant, le monarque demeure l'arbitre suprême et reste maître des nominations aux postes militaires. Il est plus que jamais absolu. La nouvelle Constitution le consacre commandeur des croyants et chef de l'Etat et sa personne sera «inviolable». Il a garanti le libre exercice du culte. Il en est de ce fait la seule autorité religieuse du royaume. Mises au point par une commission d'experts, les réformes constitutionnelles portent également sur la constitutionnalisation de tous les droits de l'homme tels qu'ils sont reconnus universellement. Le monarque affirme dans son projet «la constitutionnalisation de tous les droits de l'homme, notamment la présomption d'innocence, la criminalisation de la torture, les disparitions forcées, la détention arbitraire et toutes les formes de discrimination et les pratiques humiliantes pour la dignité humaine, ainsi que la garantie de la liberté de la presse, d'expression et d'opinion». Toujours en matière des droits de l'homme, Mohammed VI a proposé d'inscrire dans la Constitution l'égalité entre hommes et femmes. «Sont consacrées, au même titre, l'égalité entre l'homme et la femme, dans tous les droits politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux, ainsi que la création d'un mécanisme de promotion de la parité entre l'homme et la femme», il envisage en outre le projet de réformes qui sera soumis à référendum populaire le 1er juillet. Le projet de réformes, qui se dicline en dix axes majeurs, envisage également l'instauration «d'un pouvoir parlementaire exerçant des compétences substantielles en matière de législation et de contrôle». Quant à la justice, le monarque s'est engagé à assurer son indépendance et sa séparation des pouvoirs exécutif et législatif. En somme, le souverain alaouite, de peur de voir son royaume ébranlé par une révolte populaire, tente à travers cette réforme, de mettre son trône à l'abri des révolutions arabes. Mais les Marocains, eux, se déploieront aujourd'hui dans les rues pour exprimer leur désapprobation.