Il avait 34 ans et incarnait, avec son groupe Sinouj, le jazz algérien dans toutes ses dimensions. Il venait de réussir un autre Dimajazz avant de tirer sa révérence, laissant un vide immense pour tous ceux qui l'ont connu et aimé sa musique. « Il savait qu'il allait mourir », disent ses amis. C'est peut-être pour cette raison qu'il a tant misé sur 2005. Une année de grande réussite pour lui et pour la musique en Algérie. Il avait beaucoup galéré, mais il avait cloué le bec à tous ceux qui ne lui ont pas fait confiance : Dimajazz, mai 2005, a été une totale réussite. Il avait prévu et prouvé que ce festival pouvait devenir, à force de persévérance, aussi incontournable que celui de nos voisins tunisiens (Festival de Tabarka). Les compositions de Sinouj, de plus en plus matures, avaient un bon écho, pour preuve, l'accueil et l'ovation de différents publics du pays lors de sa tourné aux côtés du groupe de jazz belge, L'Âme des poètes, lors du Festival de l'Union européenne, au mois de mai dernier. Tout se passait bien et l'avenir ne présageait que de belles choses pour ce batteur talentueux et son groupe. Les projets s'allongeaient, se transformaient, se muaient, mais n'expiraient pas. Ceux qui ont connu Aziz peuvent encore le confirmer, il ne pouvait pas vivre sans faire de projets, sans penser à des bœufs inédits, à de nouveaux arrangements, à d'autres compositions... Il ne pouvait pas vivre sans penser à créer de nouveaux pôles pour le jazz, à faire fleurir les scènes et les festivals, à des formations pour les jeunes musiciens... Le jazz, et toutes sortes de musique, la culture dans toute sa diversité devaient, selon lui, et autant que possible par lui, prendre le dessus, pour sortir définitivement de l'obscurantisme et de l'irrationnel. Il s'agissait, pour lui et pour ses amis, d'un combat au quotidien. Désormais, il faudra composer sans lui, mais jamais sans ses espoirs. Ses amis ont pris la relève et comptent bien poursuivre son œuvre. Et pour lui rendre un ultime hommage, le prochain festival Dimajazz de Constantine s'intitulera « Merci Aziz »...