Un concert dédié à la mémoire de cet artiste qui nous manque déjà, l'ex-batteur du groupe Sinouj, Aziz Djemmam. Beaucoup d'émotion ce jeudi à la salle Ibn Zeydoun. Et pour cause! Tous ceux qui appréciaient le groupe Sinouj et surtout aimaient ce sympathique Aziz Djemmam, le batteur de ce groupe légendaire de Constantine, hélas disparu, ont tenu à cette occasion à lui rendre hommage. C'est pourquoi régnait dans la salle une certaine effervescence nourri par cette effusion de rythmes, d'applaudissements . Comme sceller de nouveau des retrouvailles. C'est l'ambassadeur de la Wallonie-Bruxelles de Belgique qui ouvrira le concert en rappelant sa joie et son plaisir de voir les artistes belges participer à de telles manifestations, cédant juste après la place à la musique. C'est le groupe Sinouj qui assurera la première partie. Le groupe, qui n'a plus besoin de faire ses preuves cela dit, suscitera une forte et énergique réaction au sein du public, conquis à l'avance déjà à ce son jazz oriental. Et puis c'est aussi, sa première sortie faut-il l'avouer, sur la scène algéroise depuis la disparition de son leader, le regretté Aziz. Les musiciens, à savoir Kheireddine Dekhal à la guitare électrique, Larbi Sassi au violon, Amar Zahi à la basse, Pablo Hernandez au saxophone et un nouveau batteur, digne remplaçant de Aziz, font leur apparition sous de vives acclamations. Le bassiste dira d'emblée dédier la soirée à la mémoire de Aziz, hélas, on ne dira pas assez, parti trop tôt sans avoir vu réaliser tous ses projets et aspirations. Lui le mordu de jazz, ce bosseur invétéré qui rêvait de faire rayonner le jazz sur Constantine et partout dans le reste du pays. Mais le festival Dimajazz lui a donné raison d'exister encore puisque Aziz vit toujours grâce à lui et même dans les coeurs de ceux qui l'ont connu, car il est impossible d'oublier le charisme d'un homme passionné. Sinouj invitera comme à l'accoutumée à goûter aux saveurs épicées de ce jazz orientalo-celtique. Et de convier le percussionniste du groupe qui nous vient de la capitale du Burkina Faso, Foofango de monter sur scène. De belles envolées jazzy illumineront la salle notamment ce morceau jazz blues, rehaussé qu'il était par un saxo ou encore ces notes orientales accouchées d'un violon classe et les airs africains de la percussion. Une petite pause de 10 minutes et voilà le groupe Foofango au complet qui arrive. Les cinq musiciens du groupe sont d'origine diverse : Cameroun, Togo, Belgique/Wallonie-Bruxelles et Burkina Faso. Ils s'y sont rencontrés dès 1995 et ont fusionné leurs influences pour créer cette musique originale de foofango qui mêle rythmes africains, chants et percussions, en laissant un espace jubilatoire à l'improvisation. Musique traditionnelle et modernes africaines y sont intimement tissées des couleurs jazz. C'est dans la connaissance et le respect de chacun de ces héritages que cette fusion s'est opérée. Foofango exprimera le sens du partage, la joie de la rencontre, l'enrichissement par la différence qui font l'essence même de sa musique et par extension, le principe aussi de ce festival qui se veut de plus en plus ouvert aux autres sonorités venues d'ailleurs. En effet, pourvu de ce sens du partage, le groupe chantera en totale communion avec cette superbe assistance qui reprendra par choeur ces morceaux africains dans la générosité et la chaleur que pouvait procurer leur belle musique. La soirée ne pouvait se terminer sans le boeuf final avec le group Sinouj. De la fête mais aussi du recueillement et beaucoup de moments forts en émotion et en nostalgie auront marqué ce formidable concert aux multiples couleurs.