Les enseignants et chercheurs des universités algériennes reçus, hier, au dernier jour desdites consultations, n'ont pas été complaisants avec le pouvoir et sa démarche. Une fin en queue de poisson pour les consultations sur «les réformes politiques». Abdelkader Bensalah et les membres de son instance seront certainement déçus. Ils terminent leur travail avec des notes catastrophiques qui leur sont distribuées par des universitaires et des académiciens très sérieux. Les enseignants et chercheurs des universités algériennes reçus, hier au dernier jour desdites consultations, n'ont pas été complaisants avec le pouvoir et sa démarche. Leur jugement est loin des flatteries et des encensements des partis et des associations maison que le régime aime souvent entendre. L'économiste Mohamed Bahloul, le professeur Abdelhamid Aberkane, Abderrezak Dourari, la sociologue Nouria Remaoune, Belabid Ali et Pierre Chaulet ont tout simplement dit les quatre vérités à Abdelkader Bensalah. «Avant cette rencontre, j'avais beaucoup d'appréhensions, des doutes comme de larges secteurs de la société et des élites algériennes. J'ai pris le risque, je suis venu discuter avec les membres de la commission (…). Moi, personnellement, j'ai insisté sur deux choses : cet espace d'échange, de discussion et de consultation sur les réformes politiques est bon mais largement insuffisant. Il rencontre des limites importantes», assène d'emblée Mohamed Bahloul. POUR UN CONTRAT SOCIAL Selon lui, la nation demande un débat populaire profond, basé sur l'inclusion de toutes les forces politiques, sociales et culturelles de ce pays. Dans ce sens, il plaide pour l'organisation d'un congrès «d'Etat national algérien». Un congrès qui aura, selon lui, quatre points à l'ordre du jour, il s'agit, dit-il, de la définition du contrat social en Algérie, de la définition de la philosophie constitutionnelle, puis la désignation d'une commission d'experts, de politologues, de constitutionnalistes pour rédiger une Constitution qui sera soumise à la nation. «Il ne faut pas jouer sur les mots. La fin d'un régime suppose une Constituante. On n'a pas à être spécifiques. Nous avons essayé beaucoup de régimes spécifiques, nous avons échoué. Ce congrès doit aussi définir un mécanisme de transition politique. Parce que nous sommes tombés dans la trappe d'une transition. C'est plus difficile d'en sortir que de commencer une nouvelle transition», souligne-t-il. La méthodologie choisie par le pouvoir, estime Abderrezak Dourari, «est lente». «La commission devra élaborer des rapports, mais combien de rapports ont été élaborés par le passé sans lendemain», affirme-t-il, précisant que le problème réside dans l'application des textes et non pas dans la révision de la Constitution. Sur le même ton, Abdelhamid Aberkane exige la consécration d'une véritable décentralisation. Une demande défendue aussi par Nouria Remaoune qui souligne la nécessité de mettre un terme à «la logique rentière dans le pays». L'instance de consultations annonce avoir reçu des propositions écrites de l'ancien chef de gouvernement, Belaïd Abdesselam, qui, ajoute-t-on, «n'a pas pu assister aux consultations pour des raisons qui lui sont propres».