L'Instance de consultations sur les réformes politiques a reçu, hier matin, des enseignants et des académiciens des universités nationales. Un seul mot d'ordre : l'élite doit avoir son mot à dire s'agissant de l'avenir du pays. Au bout de presque deux heures de discussions, les invités de Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, ont, tour à tour, fait de courtes interventions, dont celle de M. Mohamed Behloul qui a certifié que cet espace de consultation est «bon» mais largement insuffisant, étant donné que la nation réclame un débat plus large. En termes de propositions, il plaidera pour l'organisation d'un congrès national dans le but de définir le contrat social et le design institutionnel. A propos de l'éventuelle révision constitutionnelle, M. Behloul se dit favorable à la mise en place d'une commission d'experts pour son élaboration et à la définition d'un mécanisme de transition politique. Mais pour lui, «la fin d'un régime suppose assurément une constituante». L'intellectuel Abderezzak Darouaoui estime que le rythme de travail de la commission est très lent compte tenu de «la dangerosité» de la situation actuelle du pays. Il exprime des appréhensions quant au sort des résolutions de cette commission, faisant référence à ce titre aux rapports de Missoum Sbih, de Benzaghou et autres qui n'ont pas été appliqués 11 ans après leur élaboration. Le même intervenant est convaincu que le problème réside dans l'inapplication de la Constitution par les trois pouvoirs, notamment l'Exécutif et non pas dans le texte lui-même. D'où le besoin de s'entendre sur une loi fondamentale qui consacre essentiellement les libertés individuelles et collectives, la séparation des pouvoirs. Pour garantir cela, il faudrait, selon lui, mettre en place une commission de contrôle de l'application de la Constitution. Le docteur Abdelhamid Aberkane, ancien ministre de la Santé, insiste sur la crédibilité de cette instance, en soulignant également que la défaillance majeure demeure la non-application des lois. Selon lui, il faudrait procéder par étape pour rétablir la confiance entre les dirigeants et le peuple, avant de plaider pour la décentralisation à tous les niveaux. M. Elkhair Kichi en sa qualité de juriste à l'université de Sétif a pour credo, quant à lui, le maintien de la paix et sa pérennisation. Pour ce qui est de ces réformes, elles doivent être menées dans le cadre d'une maturation constitutionnelle, institutionnelle et politique, comme il faudrait consacrer aussi la décentralisation, renforcer les prérogatives parlementaires, l'impartialité de la justice, l'ouverture médiatique avec un cahier de charges précis. M. Azzedine Boudrioua, chercheur résidant à l'étranger, suggère de donner de l'importance à tous les Algériens. L'importance de l'implication des scientifiques et de la science dans la prise de décision et la gestion du pays constitue la principale idée développée lors des débats, fait-il savoir. Aussi, M. Belaid Ali, enseignant à l'Ecole nationale d'architecture, a soulevé la question de rajouter aux composantes constitutionnelles la dimension de l'algérianité. Par ailleurs, l'Instance de consultations sur les réformes politiques a reçu, hier après-midi à Alger, un deuxième groupe d'enseignants universitaires.