Dans un entretien accordé à African Business au mois de mars dernier, M. Paul Van Son, le PDG de la Dii déclarait : «Nous sommes très heureux que l'Algérie adopte les idées de Desertec.» Cette déclaration qui se félicitait de la décision des autorités algériennes de coopérer avec les dirigeants de Desertec et constituait la confirmation de la décision des autorités de coopérer avec Desertec oubliait quand même un détail historique. L'idée telle que développée par Desertec en 2009 avec la création de la Fondation a été reprise de l'association allemande du Club de Rome et soutenu aussi par ce même Club de Rome. Cette même étude était basée sur un schéma exposé dans plusieurs réunions ministérielles de la région du Maghreb et de la Méditerranée par des responsables du secteur de l'énergie de l'Algérie au début des années 1990 et qui tablait déjà sur la production de l'énergie électrique à partir du solaire et son exportation vers l'Europe dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne. Pour rétablir l'histoire, l'idée a été développée par des Algériens et reprise ensuite en 2003 par le Club de Rome et l'Association Trans-Med pour la coopération sur les énergies. (TREC - Transmediterranean Renewable Energy Cooperation) qui est une initiative de ce même Club de Rome. Elle a été exposée déjà en 1993 à Tunis lors de la conférence sur le développement et le fonctionnement des grands réseaux interconnectés, organisée par l'ancienne Uniped. Le projet consistait à produire déjà dans le Sahara algérien 100 GW en énergie solaire avec une exportation. Elle a encore été exposée lors de la réunion interministérielle sur les interconnexions Maghreb-Europe tenue à Alger en septembre 1995 et qui a regroupé les ministres chargés de l'énergie d'Algérie, d'Espagne, du Maroc, de Tunisie, de Libye et d'Egypte. L'idée de produire de l'énergie avec du soleil était déjà programmée, sauf que la conjoncture de l'époque n'était pas favorable. Il a fallu attendre le début des années 2000 et une période de stabilité politique pour lancer le premier projet industriel. Neal (New energy Algeria) fut créé en 2002, et en 2005 fut lancé l'appel à investisseur pour la réalisation de la centrale hybride de Hassi R'mel. Le Maroc a suivi juste après (en 2007) avec la centrale de Aïn Béni Mathar. Mais, toujours est-il que le projet Desertec, tel qu'il existe, constitue un grand défi aussi bien pour l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient que pour l'Europe. Après la création de la Fondation Desertec en juillet 2009, ses promoteurs ont créé au mois d'octobre 2009 une société qui fera la promotion de l'idée de Desertec. C'est Dii (fondée sous le nom de Desertec Industrial Initiative). L'initiative Dii (Desertec Industrial Initiative) est née au mois d'octobre 2009 à Munich, sous la forme d'une GmBH (SARL). Elle a pour objectif de créer d'ici la fin de 2012 «les conditions cadres politiques, juridiques, réglementaires, économiques et technologiques permettant la concrétisation progressive de la vision Desertec. «L'idée de Desertec vise à couvrir, à hauteur de 17%, les besoins européens en électricité en 2050 à partir des déserts d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, en utilisant l'énergie générée par le soleil et le vent. Les investissements qui doivent être consentis seraient de 400 milliards d'euros.