La population d'Azzazga (40 km à l'est de Tizi Ouzou) était sous le choc, hier, au lendemain d'une grave bavure militaire au cours de laquelle un citoyen a été tué et un autre blessé. Une grève générale a été observée, hier, dans la ville d'Azzazga, en signe de protestation contre les dépassements enregistrés à la suite d'un attentat terroriste qui avait ciblé un convoi militaire, jeudi après-midi, près de l'hôpital de la ville, sur la route de Yakouren. Six militaires avaient été blessés lors de l'attaque à l'explosif, selon un bilan non officiel. Immédiatement après l'attentat, les militaires se sont déployés dans le voisinage et se sont introduits dans deux habitations où de graves actes de saccage ont été commis. Sur le lieu du drame, les témoignages des riverains convergent tous pour dire qu'il s'agit «d'un acte irresponsable que rien ne peut justifier». Les militaires se sont introduits à l'intérieur de deux villas pour se livrer à des actes de saccage et même de pillage, selon les indications recueillies sur place. Des coups de feu ont été tirés à l'intérieur des deux maisons, a-t-on constaté, et les façades extérieures portent les traces de projectiles d'arme lourde. L'ouvrier Dial Mustapha a été blessé, quand il a essayé de fuir les coups de feu, il a été suivi jusqu'à la route pour être achevé, témoigne-t-on avec colère et indignation. «Ils ont tout pillé et détruit. Ils ont même volé des objets de valeur. C'est extrêmement grave ce qui s'est passé», nous dit un sexagénaire d'une voix à peine audible. «C'est ici que l'autre citoyen a été blessé par balle au niveau de la jambe. Vous voyez encore les taches de sang», nous dit un jeune. A l'hôpital d'Azazga, le personnel médical s'indigne contre les agissements des éléments de l'ANP. «On a été violemment malmenés, nos portables ont été confisqués. C'était la panique générale», nous a raconté un agent hospitalier. Une délégation des autorités civiles et militaires s'est rendue hier sur les lieux avant de rencontrer la population, lors d'une réunion organisée au siège de l'APC. Le député du RCD, Nordine Aït Hamouda, et plusieurs élus locaux se sont également déplacés à Azazga. Au cours de la rencontre avec les représentants de la population, le wali de Tizi Ouzou a déclaré : «J'ai suivi avec beaucoup de tristesse ce qui s'est passé. Il y a eu mort d'homme, saccage, vol, dégradation de biens privés et violation de l'intimité de citoyens. Rien n'excuse pareil comportement, y compris par le prétexte du mouvement de panique. Personne ne peut admettre ces agissements et les plus hautes autorités militaires s'engagent à traduire devant les juridictions compétentes les éléments impliqués dans ces dépassements ainsi que leurs responsables.» Tout en présentant ses condoléances au nom du gouvernement à la famille du jeune citoyen tué, le wali soulignera que toutes les dispositions pour le dédommagement et les réparations seront engagées en direction des victimes des dépassements survenus jeudi. De son côté Hadj Saïd, président de l'APW par intérim, a estimé que «cette situation est extrêmement grave et dramatique. Il y a eu mort d'homme et actes de saccage et de violation de domicile. Les responsables de cette bavure doivent être jugés. Les citoyens veulent exprimer pacifiquement leur indignation et leur colère est légitime». Les membres des comités de village diront que la population locale réclame réparation et excuses officielles pour ce qui vient de se passer, tout en faisant remarquer que l'une des maisons ciblées par les militaires est celle d'un valeureux moudjahid de la guerre de Libération nationale, dit capitaine Rouget. Notons qu'un appel à une autre grève générale ainsi qu'à une marche dans la ville d'Azazga a été lancé par les comités de village pour demain.