La nomination des directeurs généraux à Algérie Poste se transforme en simple réparation de fortune. C'est la première entreprise publique en termes de consommation de managers. Mohamed Laïd Mahloul vient de succéder à Omar Zerarga, lui-même intérimaire de Omari Bouteldja, destitué après seulement six mois de sa prise de fonctions. Hier, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, a indiqué tout bonnement que c'est Omar Zerarga qui s'est désisté de son poste de responsabilité pour des «raisons personnelles». Le ministre s'est bien gardé de s'engager à dévoiler les vrais facteurs de la crise à Algérie Poste. Le jeune manager Omar Zerarga «est appelé à d'autres fonctions au sein d'Algérie Poste», s'est contenté de dire Moussa Benhamadi, s'exprimant en marge d'un séminaire sur la géolocalisation. Le nouveau DG d'Algérie Poste, fraîchement désigné, devrait être nommé officiellement aujourd'hui. Il est le cinquième arrivé à la tête de cette entreprise publique en un laps de temps de moins de trois ans. Après l'ère de Ghania Houadria (2003-2008), marquée notamment par l'introduction d'une série de réformes, dont le paiement électronique et le projet de la Banque postale, l'entreprise s'est embourbée dans une spirale de pannes et de crises, non informatiques et/ou de liquidités, mais de nature managériale. Mohamed Hamadi succède à Ghania Houadria, mais il ne reste pas longtemps aux commandes de l'entreprise, puisque le successeur de Ghania Houadria décède le 9 janvier 2010. Omari Bouteldja est alors aux commandes. Il est nommé directeur général d'Algérie Poste, mais destitué quelques mois seulement après sa désignation, pour laisser place au jeune manager Omar Zerarga. Même si le ministre a tenté, hier, de rassurer que le départ de M. Zerarga n'était aucunement lié à la grève observée récemment à Algérie Poste, en toile de fond pointe, semble-t-il, une farouche résistance au changement au niveau d'Algérie Poste. Omar Zerarga était en attente d'un décret de nomination lorsqu'une action de parachutage est venue mettre un terme aux espoirs de ce jeune manager à la compétence indiscutable. C'est lui-même qui a accéléré le projet de la carte de paiement privatif, dont la mise en service était prévue pour la fin du mois en cours. Le système de paiement par carte magnétique est venu compléter celui du paiement par le moyen de la téléphonie cellulaire qui devrait intervenir sous peu, en attendant la renaissance de la fameuse entreprise de Banque Postale, victime d'une multitude de résistances. Pour ainsi dire, la Poste est en butte à une véritable crise de stabilité, alors qu'elle est confrontée à une variété de casse-tête et de défis indigestes. Le mal est aussi profond que l'océan. Les pouvoirs publics semblent cautionner, de manière indirecte, l'instabilité managériale au niveau des entreprises relevant du domaine de l'Etat.