L'audition des éléments de l'ANP, impliqués dans les dépassements, a commencé hier au tribunal militaire de Blida. Q uatre jours après la bavure militaire ayant coûté la vie à un ouvrier journalier, Dial Mustapha, la ville d'Azazga, à 40 kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, commençait hier à renouer avec la vie normale. Les commerçants ont repris leur activité après trois jours de grève. Toutefois, les stigmates du drame demeurent toujours visibles, notamment au niveau des habitations saccagées, jeudi dernier, par les soldats de l'ANP, après l'attentat à l'explosif qui avait ciblé leur convoi. Le propriétaire de l'une de ces maisons nous a confié que cinq militaires qui ont pénétré à l'intérieur de son habitation ainsi que leur responsable ont été mis aux arrêts. Ils devaient être auditionnés, hier, par le juge d'instruction au tribunal militaire de Blida. «On vient de nous appeler pour nous signifier que les militaires en cause seront auditionnés. On va assister au procès», dira notre interlocuteur qui rappelle que les dégâts matériels enregistrés sont inestimables. «Ils ont tout saccagé et pillé», nous a-t-il souligné. Un citoyen qui tient un restaurant non loin du lieu du drame nous a expliqué, lui aussi, que les éléments de l'ANP se sont comportés avec violence contre les riverains. «Après avoir tué la victime et blessé un autre citoyen, ils se sont introduits à l'intérieur de notre restaurant pour s'emparer d'une somme de plus de 7 millions de centimes laissée dans la caisse. Ils ont commis des actes de saccage», témoigne-t-il. Sur la même route, la RN12, desservant Yakourène, le propriétaire d'une alimentation générale nous a expliqué qu'il a été épargné par le drame car, nous a-t-il dit, au moment de l'explosion, il s'est empressé de fermer son local. «Oui, on a entendu une explosion de forte détonation. J'ai fermé alors mon local et je suis resté cloîtré à l'intérieur», nous a-t-il raconté. A l'hôpital, le personnel a tenu, hier, en milieu de journée, un sit-in de protestation pour s'indigner contre les dépassements commis par les militaires à l'intérieur de cette structure hospitalière. Cette action a été initiée par les différentes sections syndicales relevant de l'hôpital. «Il y a eu beaucoup de dépassements. Lors de l'admission des blessés qui ont été pris en charge immédiatement par le personnel hospitalier, plusieurs militaires ont envahi les services, notamment les urgences où des médecins et des infirmiers ont été malmenés. Ils ont proféré des injures et des menaces à notre égard. C'est inacceptable», a déclaré un médecin. «Ce comportement dans une structure hospitalière est une atteinte grave à l'esprit même des convention internationales ratifiées par l'Algérie», a ajouté un syndicaliste. «Il m'ont séquestré pendant plus de deux heures. Ma carte d'indenté et mon portable ont été confisqués. C'était un cauchemar», fulmine un ambulancier qui qualifie ces comportements «d'atteinte grave aux franchises hospitalières». «Ils se sont acharnés contre tout le monde. On a subi un traitement inhumain», nous a raconté un autre agent hospitalier. La Coordination des comités de village d'Azazga, qui a initié des actions de protestation, demande que les auteurs et les responsables de ces dépassements soient jugés. «On a pris acte des engagements pris par les autorités. La marche populaire de lundi dernier a été une réussite remarquable. Elle a drainé une grande foule venue exprimer sa solidarité agissante avec la famille du défunt et dénoncer aussi les dépassements des éléments de l'ANP», nous a précisé le président de la Coordination des villages. Rappelons que la victime de cette bavure militaire, Mustapha Dial, 41 ans, père de 4 ans, a été inhumé, dimanche, dans son village natal, Oumadene, dans la commune de Souamaâ, à 45 km au sud-est de Tizi Ouzou. Les autorités de wilaya viennent de signer une décision le reconnaissant en tant que «victime du terrorisme».