Les experts en bâtiment ont pourtant avisé les maîtres d'ouvrage tels que l'OPGI et la DLEP, mais leurs correspondances sont demeurées sans écho. Effondrement d'un mur du siège de la direction de l'environnement au chef-lieu de wilaya, fissures profondes et effritements constatés dans des logements ruraux, au siège d'un commissariat de police dans la daïra de Ouled Driss, ainsi qu'au niveau de plusieurs autres bâtisses publiques, dont des cantines scolaires réalisées récemment à Souk Ahras. Le bilan prête à réfléchir sur la fragilité des outils de contrôle des constructions et donne une idée, on ne peut plus claire, sur l'amateurisme né d'une manne recyclée à la faveur d'un circuit où l'argent coule à flots. Les uns sont persuadés que l'origine est dans ciment alors que d'autres imputent ces anomalies à la mauvaise qualité des agrégats. Des experts ont été appelés récemment à la rescousse pour se prononcer sur le problème. Un technicien du Contrôle technique des constructions (CTC) a été catégorique dans sa déclaration : « Nous avons eu vent de ces effondrements et autres graves anomalies quelques mois seulement après la réception des projets, et nous pouvons confirmer que la qualité des agrégats utilisés sont de très mauvaise qualité. Les exploitants des carrières de Souk Ahras ne sont pas qualifiés pour cette activité et échappent à tout contrôle. Nos services ne peuvent opérer qu'au niveau des chantiers, et c'est là que nous avons constaté de visu la gravité de la chose». Et au même technicien de renchérir : « Nous en avons avisé les maîtres d'ouvrage tels que l'OPGI, la DLEP… mais nos correspondances sont restées sans écho. Notre interlocuteur a fait remarquer que le problème n'est pas posé chez les entreprises qui sont approvisionnées en agrégats depuis les autres wilayas, notamment Oum El Bouaghi, où ces matériaux sont d'une qualité nettement meilleure. Dans son rapport d'expertise technique, un bureau d'étude géotechnique local, sollicité par un particulier, a révélé que la teneur du ciment utilisé ces dernières années est loin de la résistance minimale. Il est expressément écrit dans le même document: « A l'examen des éléments touchés par le phénomène, nous pensons que la cause réside dans la qualité de la composition même du ciment utilisé. Il s'agirait d'un ciment frelaté dont les substances rajoutées induisent le phénomène constaté.»