Les mères battues représentent un taux de 35%, mais rares sont celles ayant déposé plainte. C'est l'un des fléaux qui mine sérieusement la société algérienne : il s'agit de la violence sur ascendants dont l'ampleur, prise depuis quelques années, témoigne, à juste titre, d'une régression dramatique dans les relations entre les parents et leur progéniture. La consommation de drogue, de psychotropes et les caprices boulimiques des descendants en sont les principaux facteurs. Une cinquantaine de cas de violence sur ascendants ont été enregistrés à Oran durant les six premiers mois de cette année. Les victimes, âgées entre 40 et 85 ans, ont subi les pires formes de violences et de tortures. Durant les deux dernières années, pas moins de 8 affaires de parricide ont été enregistrées à Oran. Une septuagénaire a été tuée l'année dernière par son propre fils, la trentaine, et enterrée dans le jardin de sa maison à El Ançor pendant deux mois. Dans le quartier Mouloud Feraoun un fils indélicat a mortellement poignardé sa vieille mère. Quelques mois auparavant, au quartier de Yaghmouracen un jeune homme âgé de 25 ans a froidement tué son père à l'aide d'une paire de ciseaux. Des exemples à méditer. La liste est longue. Les crimes sur ascendants sont légion. Les services de la médecine légale relevant du centre hospitalo-universitaire d'Oran reçoivent quotidiennement des parents demandeurs de certificats d'incapacité. Sujet tabou En dépit des violences subies, l'amour du fils prime. Les mères battues représentent un taux de 35%, mais rares sont celles ayant déposé plainte. Sur le total des victimes frappées par leurs enfants, seuls 40% déposent plainte. Le reste use de certificats d'incapacité comme moyen de pression sur leurs enfants pour qu'ils ne récidivent plus. La violence contre les ascendants est une pratique punie par la loi algérienne. En ce sens, l'article 267 du code de procédure pénale stipule que tout individu auteur de coups et blessures volontaires contre ses ascendants est passible d'une peine allant de 5 à dix ans de prison ferme. Et, dans le cas où cette forme de violence répréhensible provoque un quelconque handicap chez la victime, la peine encourue peut s'étendre jusqu'à une vingtaine d'années de prison ferme. Le mauvais traitement infligé aux parents par leur progéniture s'avère aujourd'hui une autre forme de violence familiale, souvent présente, mais qui demeure encore un sujet tabou. Il est triste et déplorable de constater ce changement dans les us et coutumes de nos jours. Autres temps, autres mœurs ! Finie cette époque où l'autorité parentale relevait du domaine du sacré et faisait ainsi l'objet d'un respect exemplaire. Lorsqu'un enfant ne reconnaît pas l'autorité parentale, ce dernier ne reconnaîtra aucune autre autorité.