La violence à l'égard des parents est un phénomène tabou qui connaît, de l'avis de nombreux observateurs avertis, un développement inquiétant au sein de notre société. Les chiffres des services de sécurité annoncent une timide augmentation des cas signalés. Cependant, les sociologues déplorent le silence des victimes face à un fait qui gangrène la société et dont les suites, sur le long terme, risquent d'être dramatiques. La violence à l'égard des parents est un phénomène tabou qui connaît, de l'avis de nombreux observateurs avertis, un développement inquiétant au sein de notre société. Les chiffres des services de sécurité annoncent une timide augmentation des cas signalés. Cependant, les sociologues déplorent le silence des victimes face à un fait qui gangrène la société et dont les suites, sur le long terme, risquent d'être dramatiques. Il tue sa mère par strangulation et se débarrasse du corps qu'il cache dans un placard, au fond d'une cave. Sans scrupule ni remord, l'assassin décide de se rendre au commissariat le plus proche pour signaler la disparition de sa mère. Un autre jeune homme, originaire de Khenchla, âgé de 22 ans, a sauvagement violenté son père devant le regard ahuri des citoyens qui n'ont pas daigné intervenir pour sauver la victime. Motif : le père a refusé de donner à son fils délinquant la somme de 50 DA. Dans la wilaya de Biskra, deux frères ont grièvement blessé leur père après l'avoir agressé à l'aide d'une barre de fer parce que ce dernier a refusé de leur permettre de prendre possession de la voiture familiale. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces faits ne relèvent nullement de la fiction, mais sont vrais et se déroulent quotidiennement. Les victimes sont pour la majorité des parents dont l'âge est bien avancé qui ont passé leur vie entière à élever leur progéniture. Les auteurs, quant à eux, sont des enfants ingrats qui n'hésitent pas à recourir à la violence contre leurs parents pour une raison ou une autre. Des chiffres inquiétants Les mauvais traitements infligés aux parents s'avèrent aujourd'hui une autre forme de violence familiale, souvent présente, mais qui demeure encore un sujet tabou. Les chiffres sont de ce fait, de l'avis de plusieurs spécialistes, loin d'illustrer la véritable ampleur du phénomène. A ce propos, le dernier rapport des éléments de la Gendarmerie nationale fait état de 310 cas de violences sur ascendants ayant fait 335 victimes d'agressions volontaires signalés pendant les dix derniers mois de l'année en cours. En effet, les éléments de la Gendarmerie nationale ont arrêté quelque 310 personnes à Alger depuis le début de l'année en cours. Ces arrestations ont été effectuées suite à de multiples enquêtes soigneusement menées par les brigades de la Gendarmerie nationale. Selon le même rapport, la tranche d'âge allant de 18 à 30 ans est la plus impliquée dans ces affaires de violence sur ascendants où 335 victimes ont été enregistrées, suivie de la tranche d'âge 29-40 ans. Les personnes inculpées dans ce genre d'affaires sont accusées généralement de deux chefs d'inculpation : coups et blessures volontaires et menaces de mort envers les ascendants. Par ailleurs, le rapport a démontré que 84% des agressions sur ascendants se sont déroulés sans le recours à une quelconque arme contre 16% de cas dans lesquels les auteurs ont fait usage de différentes armes. Par ailleurs, le rapport met la wilaya de Sétif en tête de liste en matière de violences sur ascendants suivie de Bejaïa et d'Oran qui enregistrent, également, un taux élevé de mauvais traitements infligés aux parents. La partie visible de l'iceberg Les médecins, mais aussi les sociologues, expliquent que par sévices à l'égard des parents, on entend tout geste osé par un enfant, généralement un adolescent, pour prendre le pouvoir sur un parent et le dominer. Il peut s'agir de violence physique, psychologique ou d'exploitation financière. Pour les sociologues, les chiffres officiels ne sont que la partie visible de l'iceberg. «Ils ne reflètent en aucun cas l'ampleur du phénomène qui connaît une hausse vertigineuse», nous dira Mme S. Rabhi, sociologue. Pour la spécialiste, l'implosion de la cellule familiale est à l'origine de l'amplification de ce phénomène. La perte de repères, le chômage, les pressions socioéconomiques sur les jeunes, la délinquance et la toxicomanie restent autant de facteurs favorisant l'apparition de telles conduites indignes. Toutefois, la spécialiste déclare que le phénomène n'a aucune limite sociale ou culturelle. Il touche les parents pauvres, riches, instruits, illettrés et analphabètes.En matière de lutte contre la violence à l'égard des ascendants, Mme Rabhi insiste sur l'importance de renforcer l'arsenal juridique par l'adoption de sévères lois répressives à l'égard des auteurs de ce crime ignoble. Aussi, ajoute-t-elle, il est impératif de sensibiliser la société civile sur les dangers de ce fléau, de convaincre les parents de briser le silence sur les violences qu'ils subissent par peur, par honte ou par amour à leur enfant, car cette attitude ne fait que renforcer le mal dans notre société. Dans le même sillage, Mme F. Saliha, psychologue clinicienne, a insisté sur une forme souvent négligée de violence à l'encontre des parents. Il s'agit des sévices psychologiques qui représentent, selon elle, une forme courante de mauvais traitements, mais qui restent difficiles à repérer, car ils sont soit sous forme d'agressions verbales (insultes, propos humiliants), soit d'intimidation et de menaces. Par ailleurs, selon le Dr Ouaguenoune, médecin généraliste, la violence physique est la forme d'abus la plus visible et s'accompagne habituellement de violence psychologique. Cette dernière comprend la violence verbale et peut se manifester par des menaces de blesser ou de tuer les parents. Quant à l'exploitation financière, elle consiste à voler ou à emprunter sans permission, à endommager la maison ou les biens, ou exiger des choses que les parents ne peuvent se permettre d'acheter. Sur la question : «Que dit la loi à propos de cette violence ?», maître Ibouchoukane, avocate près la Cour d'Alger, a souligné que les dispositions de l'article 267 du code pénal sont remarquables par leur rigueur. «L'auteur de l'acte sera puni à entre 5 et 10 ans de prison si l'un des parents ou un autre ascendant ne souffre pas de graves séquelles», a-t-elle précisé. En d'autres cas, il sera condamné à une peine de réclusion à perpétuité. C'est dire, enfin, que déplorable est le sort de ces parents confrontés chaque jour à l'ingratitude des leurs, après avoir sacrifié leur jeunesse et déployé tous leurs efforts pour bien les élever. D. S. Il tue sa mère par strangulation et se débarrasse du corps qu'il cache dans un placard, au fond d'une cave. Sans scrupule ni remord, l'assassin décide de se rendre au commissariat le plus proche pour signaler la disparition de sa mère. Un autre jeune homme, originaire de Khenchla, âgé de 22 ans, a sauvagement violenté son père devant le regard ahuri des citoyens qui n'ont pas daigné intervenir pour sauver la victime. Motif : le père a refusé de donner à son fils délinquant la somme de 50 DA. Dans la wilaya de Biskra, deux frères ont grièvement blessé leur père après l'avoir agressé à l'aide d'une barre de fer parce que ce dernier a refusé de leur permettre de prendre possession de la voiture familiale. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces faits ne relèvent nullement de la fiction, mais sont vrais et se déroulent quotidiennement. Les victimes sont pour la majorité des parents dont l'âge est bien avancé qui ont passé leur vie entière à élever leur progéniture. Les auteurs, quant à eux, sont des enfants ingrats qui n'hésitent pas à recourir à la violence contre leurs parents pour une raison ou une autre. Des chiffres inquiétants Les mauvais traitements infligés aux parents s'avèrent aujourd'hui une autre forme de violence familiale, souvent présente, mais qui demeure encore un sujet tabou. Les chiffres sont de ce fait, de l'avis de plusieurs spécialistes, loin d'illustrer la véritable ampleur du phénomène. A ce propos, le dernier rapport des éléments de la Gendarmerie nationale fait état de 310 cas de violences sur ascendants ayant fait 335 victimes d'agressions volontaires signalés pendant les dix derniers mois de l'année en cours. En effet, les éléments de la Gendarmerie nationale ont arrêté quelque 310 personnes à Alger depuis le début de l'année en cours. Ces arrestations ont été effectuées suite à de multiples enquêtes soigneusement menées par les brigades de la Gendarmerie nationale. Selon le même rapport, la tranche d'âge allant de 18 à 30 ans est la plus impliquée dans ces affaires de violence sur ascendants où 335 victimes ont été enregistrées, suivie de la tranche d'âge 29-40 ans. Les personnes inculpées dans ce genre d'affaires sont accusées généralement de deux chefs d'inculpation : coups et blessures volontaires et menaces de mort envers les ascendants. Par ailleurs, le rapport a démontré que 84% des agressions sur ascendants se sont déroulés sans le recours à une quelconque arme contre 16% de cas dans lesquels les auteurs ont fait usage de différentes armes. Par ailleurs, le rapport met la wilaya de Sétif en tête de liste en matière de violences sur ascendants suivie de Bejaïa et d'Oran qui enregistrent, également, un taux élevé de mauvais traitements infligés aux parents. La partie visible de l'iceberg Les médecins, mais aussi les sociologues, expliquent que par sévices à l'égard des parents, on entend tout geste osé par un enfant, généralement un adolescent, pour prendre le pouvoir sur un parent et le dominer. Il peut s'agir de violence physique, psychologique ou d'exploitation financière. Pour les sociologues, les chiffres officiels ne sont que la partie visible de l'iceberg. «Ils ne reflètent en aucun cas l'ampleur du phénomène qui connaît une hausse vertigineuse», nous dira Mme S. Rabhi, sociologue. Pour la spécialiste, l'implosion de la cellule familiale est à l'origine de l'amplification de ce phénomène. La perte de repères, le chômage, les pressions socioéconomiques sur les jeunes, la délinquance et la toxicomanie restent autant de facteurs favorisant l'apparition de telles conduites indignes. Toutefois, la spécialiste déclare que le phénomène n'a aucune limite sociale ou culturelle. Il touche les parents pauvres, riches, instruits, illettrés et analphabètes.En matière de lutte contre la violence à l'égard des ascendants, Mme Rabhi insiste sur l'importance de renforcer l'arsenal juridique par l'adoption de sévères lois répressives à l'égard des auteurs de ce crime ignoble. Aussi, ajoute-t-elle, il est impératif de sensibiliser la société civile sur les dangers de ce fléau, de convaincre les parents de briser le silence sur les violences qu'ils subissent par peur, par honte ou par amour à leur enfant, car cette attitude ne fait que renforcer le mal dans notre société. Dans le même sillage, Mme F. Saliha, psychologue clinicienne, a insisté sur une forme souvent négligée de violence à l'encontre des parents. Il s'agit des sévices psychologiques qui représentent, selon elle, une forme courante de mauvais traitements, mais qui restent difficiles à repérer, car ils sont soit sous forme d'agressions verbales (insultes, propos humiliants), soit d'intimidation et de menaces. Par ailleurs, selon le Dr Ouaguenoune, médecin généraliste, la violence physique est la forme d'abus la plus visible et s'accompagne habituellement de violence psychologique. Cette dernière comprend la violence verbale et peut se manifester par des menaces de blesser ou de tuer les parents. Quant à l'exploitation financière, elle consiste à voler ou à emprunter sans permission, à endommager la maison ou les biens, ou exiger des choses que les parents ne peuvent se permettre d'acheter. Sur la question : «Que dit la loi à propos de cette violence ?», maître Ibouchoukane, avocate près la Cour d'Alger, a souligné que les dispositions de l'article 267 du code pénal sont remarquables par leur rigueur. «L'auteur de l'acte sera puni à entre 5 et 10 ans de prison si l'un des parents ou un autre ascendant ne souffre pas de graves séquelles», a-t-elle précisé. En d'autres cas, il sera condamné à une peine de réclusion à perpétuité. C'est dire, enfin, que déplorable est le sort de ces parents confrontés chaque jour à l'ingratitude des leurs, après avoir sacrifié leur jeunesse et déployé tous leurs efforts pour bien les élever. D. S.