Le 7 avril dernier, à Aïn Defla, trois adolescents âgés respectivement de 17, 15 et 13 ans ont tué leur propre mère par strangulation avant de se débarrasser de son corps. Le fléau est tu en Algérie mais il prend de plus en plus d'ampleur. Des enfants battent leurs parents à la manière «papa je te casse la gueule». Les chiffres, qui vont crescendo, inquiètent sérieusement les services sécuritaires chargés de combattre ce nouveau fléau. Impliquées dans 63 affaires constatées durant les trois premiers mois de l'année en cours, 76 personnes ont été arrêtées par les services de la Gendarmerie nationale, soit une augmentation de 50% par rapport à la même période de l'année 2007. C'est ce que révèle l'étude analytique présentée au commandement de la Gendarmerie nationale de Chéraga, par le sous-lieutenant Sihem Abrous. Parmi les personnes arrêtées, 37 ont été emprisonnées tandis que 39 autres ont bénéficié de la liberté provisoire. Les personnes responsables de ces actes sont âgées entre 18 et 28 ans. L'ignoble scène ayant eu lieu le 7 avril dernier à Aïn Defla démontre l'imminence su danger. Trois adolescents âgés respectivement de 17, 15 et 13 ans ont tué leur propre mère par strangulation et se sont débarrassés du corps qu'ils voulaient cacher aux alentours du lieu du crime. Ce meurtre a eu lieu, précise le sous-lieutenant, après plusieurs tentatives d'empoisonnement, un raticide déposé dans différents produits alimentaires. Le travail d'investigation mené sur le terrain, les entretiens et autres questions posées aux voisins de la défunte leur ont permis d'arrêter les présumés criminels, présentés le 12 avril au procureur de la République près la cour de Aïn Defla. Ainsi, les gendarmes tirent la sonnette d'alarme quant à l'ampleur de ce phénomène. Les avocats, juges...ont, de leur côté, fait part de leur inquiétude. Dans son étude, le sous-lieutenant Abrous a précisé que les sans-emploi sont les personnes ayant commis le plus d'actes de violence envers leurs ascendants. Qu'entend- on dire par violence à l'égard des parents? Les médecins aussi bien que les sociologues expliquent que par sévices à l'égard des parents, on entend tout geste osé par un enfant, habituellement un adolescent, pour avoir le dessus sur un parent. Il peut s'agir de violences physiques, psychologiques, ou d'exploitation financière. Parmi les victimes enregistrées durant le 1er trimestre 2008, «66 pères de famille ainsi que leurs épouses dépassant l'âge de 40 ans, ont subi les tourments de cette maltraitance que leur réserve leur progéniture», précise notre interlocutrice. Durant l'année 2006, ils étaient 334 parents à avoir subi les mêmes souffrances autant physiques que psychologiques. Cette forme de violence, qui inquiète bon nombre de citoyens, a suscité longtemps l'intérêt du corps médical. Preuve en est cette étude sur les sévices envers les personnes âgées, s'étalant sur trois années, qui a été réalisée par le service de médecine légale de l'hôpital Mustapha-Bacha. Les praticiens se sont penchés sur l'analyse des types d'actes de brutalité et les facteurs les déclenchant. Ils ont également effectué une étude médico-légale à propos de 311 cas. Il ressort de cette enquête que les violences physiques représentent près d'un quart des sévices qui sont identifiés comme étant les coups, les gifles, les pincements, les chutes provoquées, les brûlures et aussi les séquestrations. Les plus fréquents sont les sévices psychologiques, mais qui sont difficiles à repérer, car ils sont soit sous forme d'agressions verbales (insultes, propos humiliants), soit d'intimidation et de menaces. Que dit la loi à propos de cette violence? A cette question, notre interlocutrice a souligné que les dispositions de l'article 267 du Code pénal sont remarquables par leur rigueur. «L'auteur de l'acte sera puni entre 5 et 10 ans de prison si l'un des parents ou un autre ascendant ne souffre pas de graves séquelles», a-t-elle précisé. En d'autres cas, il sera condamné à une peine de réclusion à perpétuité. Ces parents, qui ont sacrifié leur vie pour leurs enfants, sont aujourd'hui négligés par ces derniers. Elle est amère cette réalité, mais ne dit-on pas que l'ingratitude la plus imfâme et la plus ancienne est celle des enfants envers leurs parents?