Les expéditions punitives contre les femmes continuent… Encore une fois, des femmes sont lynchées ! Après Hassi Messaoud, M'sila, où en l'espace de deux mois (El Watan du 5 juillet 2011), des hommes «honorables» s'en prennent à des femmes sans défense considérées par eux comme «des femmes de mauvaises mœurs» ! Nous nous élevons fermement pour condamner vivement les agressions dont sont, de plus en plus, victimes les femmes algériennes. Nous nous élevons fermement contre le fait qu'aucune institution de l'Etat n'assure de protection aux femmes algériennes, comme le démontre cet énième fait divers. Nous sommes des femmes, membres d'associations féministes algériennes, et ce regroupement signifie que nous estimons que la coupe est pleine, que les autorités algériennes sont tenues de protéger les femmes de ce pays contre les velléités barbares d'hommes sans honneur qui s'érigent en justiciers, et en gardiens de la morale des femmes et d'une morale publique, désignant ainsi l'absence des institutions de l'Etat. Nous affirmons que les hommes qui agissent ainsi sont dangereux pour le présent et l'avenir de l'Algérie. Incapables de militer, voire de se battre pour la justice et la démocratie dans ce pays, ils s'en prennent à son maillon faible, les femmes, du fait de la place que le pays leur attribue. Nous ne les laisserons pas faire, cela annonce encore des divisions à venir, car ces situations se sont banalisées ces derniers temps dans les propos mêmes des responsables de ce pays. Les agressions contre les femmes se sont multipliées sans que les autorités concernées se sentent impliquées, car elles ne prennent pas même la mesure des atteintes qui sont ainsi portées à la manifestation de l'Etat dans ses fonctions régaliennes. Il ne s'agit pour eux que de femmes. Or, chacun et chacune sait qu'il s'agit d'abord de l'existence même d'un l'Etat, de sa légitimité et de son véritable projet de société. Ces expéditions nous renvoient aux années 1980, lorsque des milices islamistes s'attaquaient aux femmes pour le type de vêtements qu'elles portaient, pour alors sauvegarder la morale islamique. Nous voulons savoir si en réalité ces troupes ne sont que des supplétifs des forces du gouvernement en place ! N'oublions jamais Karima assassinée pour non-port de voile. Pour cela, nous réitérons notre indignation contre ces actes barbares. Nous condamnons ces actes qui visent des femmes, parce qu'elles sont femmes. Nous nous élevons contre la banalisation de tels actes. Nous interpellons les ministères de la Justice et de l'Intérieur pour remplir leurs rôles respectifs, mener des enquêtes qui dévoileront les vrais coupables et nous exigeons que la justice sanctionne enfin tous les crimes commis contre les femmes. Observatoire contre les violences faites aux femmes