Le 98e Tour de France a pris son envol samedi dernier. La course en est aujourd'hui à la huitième étape. C'est le côté chiffré d'une épreuve qui traîne avec elle depuis quelques années le très lourd fardeau du dopage. Cette fois, cette honte du sport de très haut niveau, le cyclisme n'est pas le seul concerné, est physiquement représentée dans le peloton par le champion espagnol Alberto Contador. Ce coureur, devenu sulfureux, a été contrôlé positif au clenbuterol le 21 juillet 2010. Blanchi, pour on ne sait quelles raisons, par la Fédération espagnole de cyclisme, Contador fait l'objet d'un appel devant le Tribunal arbitral du sport. Son cas ne sera jugé qu'à la mi-août. Comme par hasard, disent de nombreuses voix à travers le monde, après l'arrivée, le 24 juillet, de la présente édition du Tour de France. On ne peut pas éviter de penser qu'il y a anguille sous roche quelque part. Deux jours avant le départ du Tour, lors de la présentation des équipes, le public du Puy-du-Fou a hué Contador. Une réaction tout à fait naturelle quand on touche au rêve des passionnés de ce sport. Et des passionnés, il y en a en masse. Il n'y a qu'à voir les foules qui s'agglutinent sur les routes du Tour pour comprendre à quel point les spectateurs, grands et petits, s'intéressent à l'épreuve, et ce, quels que soient les scandales qui affleurent à la surface, des semaines, des mois et même des années plus tard. Il est incontestable que le Tour de France, magnifique album d'images, sait se vendre. Les organisateurs, tout comme le public, ne sont absolument pas dupes. Ils savent que le peloton n'est pas propre et que l'éthique sportive se dilue trop souvent dans les fioles dangereuses des produits interdits. Le coureur joue avec sa santé, on ne cesse de le lui dire, mais que ne ferait-il pas pour une parcelle de gloire sportive fugitive. Le Tour de France est parti, le peloton colore les routes, la foule est au rendez-vous, que demander de plus en ce mois de juillet caniculaire. Alors, tout le monde ferme les yeux, applaudit les vainqueurs, tout en croisant les doigts pour que le deuxième ne remplace pas le premier, dans des semaines, des mois et même des années plus tard. Tout en dénonçant le dopage, les médias en font des tonnes pour couvrir le Tour, devenu au fil des ans, et de la technologie, une très belle poule aux œufs d'or. Alors, on fait de Contador le maudit, le favori du jour, on lui trouve des adversaires pour tenir le lecteur en haleine. Plus tard, on dira que le maillot jaune était sale. Comme la neige… Qu'importe, on aura entre-temps récolté de précieux dividendes.