Il a déjà remporté le tour de 2007 et il espère remettre ça cette année. A 26 ans, après avoir déjà remporté une fois les trois Grands Tours et pris l'ascendant dimanche sur le Tour de France 2009, Alberto Contador apparaît plus que jamais comme le meilleur coureur de courses à étapes de sa génération. Mentalement, il a prouvé en s'imposant à Verbier qu'il avait aussi la trempe d'un champion, jamais déstabilisé depuis le départ par la polémique qui l'oppose à Lance Armstrong. «Alberto est un coureur hors du commun, l'un des plus talentueux que j'ai eu à diriger», disait déjà de lui début 2007 Johan Bruyneel, son directeur sportif, quand l'Espagnol avait tout juste 24 ans. Deux ans plus tard, le même Bruyneel complète: «Alberto a la mentalité d'un champion et une extraordinaire confiance en lui-même. Nous ne connaissons pas encore ses limites». Entre-temps, Contador a remporté le Tour 2007, puis coup sur coup le Giro et la Vuelta 2008, entrant à 25 ans dans le cercle très restreint des champions vainqueurs des trois grands tours. Seuls Anquetil, Merckx, Gimondi et Hinault avaient réussi l'exploit avant lui. A Verbier, il a répondu de la plus belle manière à ceux qui lui demandaient encore de faire ses preuves. Doté d'un gabarit de grimpeur (1,76 m pour 61 kg), il est sans doute l'un des plus doués de sa génération en montagne. Mais il parvient aussi à rester régulier en contre-la-montre. «Mon atout est d'être le meilleur rouleur de tous les grimpeurs», dit-il pour expliquer ses succès. Il pourrait parler aussi de son sang-froid face à l'adversité, qui lui a permis de faire abstraction des attaques de Lance Armstrong depuis le début du Tour. «Toutes ces polémiques ne m'affectent pas. Sur le Tour, il faut rester concentré sur la course», a-t-il répété à satiété pendant deux semaines. Dimanche, sur le podium, le regard farouche du matador sorti vainqueur de l'arène a longtemps habité son visage, avant de laisser place au sourire. «J'avais besoin que cette étape arrive, parce que j'ai passé des journées pas faciles», a-t-il enfin reconnu devant la presse. Alors qu'une génération entière de cadors du peloton est passée à la trappe des contrôles antidopage, Contador a traversé indemne les années les plus noires. Le jeune Contador était pourtant un poulain de l'entraîneur espagnol Manolo Saiz au moment de l'affaire de dopage sanguin dite «Puerto». A l'époque, Alberto considérait même Saiz comme «un deuxième père». Jusqu'à ce que son mentor soit accusé d'avoir joué un rôle central dans l'affaire Puerto. «Mon nom a d'abord été associé à cette affaire», a admis Contador, «mais l'UCI (Union cycliste internationale) a vite rectifié cette erreur. Je suis totalement en dehors de tout cela». Aujourd'hui, ce garçon issu d'une famille très humble a tout pour devenir un très grand champion populaire. Comme Lance Armstrong, c'est un miraculé de la vie, sorti indemne d'une opération au cerveau en 2004 pour un oedème cérébral. «Le plus beau jour de ma vie, c'est quand j'ai repris la compétition en 2005 après avoir frôlé la mort», a-t-il rappelé dimanche à Verbier. Dans sa jeunesse, il a souffert du malheur de son frère Raul, paralysé cérébral. Ses parents, trop occupés par ce fils paralysé, n'ont jamais pu l'accompagner aux courses ou faire des folies pour lui. Alberto affirme, aujourd'hui puiser sa force morale et son altruisme dans cette douloureuse histoire familiale.