C'est pour protéger les zones de mise en défens que j'ai défoncé les pistes. Si j'ai pris cette décision, c'est aussi pour empêcher les braconniers d'accéder à la steppe», déclare le P/APC de Aïn Deheb. «Quant aux labours illicites, aucun cas n'a été porté à ma connaissance. Il n'y a que des labours autorisés à Aïn Deheb», ajoute-t-il. Sur le territoire de sa commune, les labours sont, selon lui, autorisés mais uniquement à proximité des oueds (rivières) et des zones d'épandage des crues. Elu en 2007 sur la liste FLN, M. Miloudi dit n'avoir bénéficié que de 190 ha de terres de parcours à Noufikha, à l'intérieur du périmètre mis en défens de Meksem Lahlayes. «En sus des 190 ha, le maire exploite 5000 autres sur les terres archs en recourant à des mises en défens illégales», contestent ses détracteurs en se basant sur un relevé topographique effectué à l'aide du système GPS, établi par un ingénieur du Haut commissariat à la steppe (HCDS). Le document met en évidence des labours illicites effectués à l'intérieur du périmètre de Meksem Lahlayes. L'ingénieur, après avoir alerté les services de la wilaya en août 2010, est muté «arbitrairement» à l'antenne du HCDS à Djelfa. Même s'il a été réintégré en mai dernier dans ses fonctions à Tiaret, il n'est cependant plus le bienvenu à Aïn Deheb, nous confient des éleveurs de la région. «La maffia de la steppe n'aime pas du tout les brebis galeuses», ajoutent-ils. «Pacages et labours illicites sont souvent à l'origine de conflits intertribaux», admet un cadre de la direction de l'agriculture de Tiaret, qui a préféré garder l'anonymat. «L'interdiction des labours illicites relève des prérogatives des maires. Comment voulez-vous que ce soit le cas lorsque certains maires recourent, eux-mêmes, à ce genre de pratiques ?» Sur les 1,3 million d'hectares de steppe à Tiaret, plus de 326 000 ha de réserves (mises en défens) ont été ouvertes au pacage en 2010, précise-t-il. A Aïn Deheb, en plus des 40 000 ha de réserves, il est prévu la création de 6000 autres dans les mois prochains. «L'arrêté de création de cette nouvelle réserve, qui englobera les terres archs des Ouled Mimoun, a récemment fait l'objet d'une délibération de l'APC», indique notre source. «Contrairement aux années précédentes, l'ouverture des périmètres mis en défens n'interviendra plus au bout de 3 ans. Désormais, elles seront illimitées.» Et d'enchaîner : «Cette mesure a pour but de freiner le processus de désertification dans la région. Un processus boosté par les labours illicites.» Selon la Conservation des forêts de Tiaret, 900 000 ha de zones steppiques réparties sur douze communes au sud de Tiaret sont menacés par la désertification. La non-limitation des mises en défens réglera-t-elle pour autant le problème ?