Les réservoirs pastoraux et les zones steppiques situées à travers les communes du versant sud de la wilaya de Tiaret ne cessent de subir un empiétement humain démesuré occasionnant la détérioration du couvert végétal, pourtant reconstitué au prix de plusieurs années de labeur et d'apports boursiers très importants. À Aïn D'heb, pour citer un exemple édifiant, ce paradoxe vient se greffer à bien d'autres facteurs physiques et socioéconomiques qui ont mené, durant ces dernières années, à une carence avérée sur le volet écologique et une baisse sensible des ressources pastorales. Néanmoins, les mécanismes réglementaires mis à la disposition des collectivités locales pour protéger les terres mises en défens demeurent stériles et peu fructueux pour parer à la disparition systématique des pacages. Bien au contraire, le phénomène de la désertification qui a pris des proportions alarmantes est, selon certains éleveurs, le produit prémédité par ceux qui sont présumés défendre ces périmètres. Ces éleveurs, notamment ceux de Radjm Laâgab, Naâm et Laâlibat, ont déjà tiré la sonnette d'alarme en sollicitant, par le biais de plusieurs correspondances, dont certaines copies ont été remises à notre bureau, l'intervention des autorités compétentes qui ne semblent aucunement préoccupées par un tel ravage tant leur immixtion ne s'est limitée qu'à de simples démarches administratives. Comme exemple, cette requête datant du 11 novembre 2010 adressée par ces éleveurs au wali de Tiaret qui l'avait fait suivre au directeur des services agricoles, par le biais de la correspondance n° 1634 du 30 décembre 2010, lui ordonnant de constituer une commission d'enquête devant regrouper toutes les parties concernées et prendre des mesures y afférentes quant à d'éventuelles infractions. Ces éleveurs, au nombre de 23, avaient souligné dans leur requête la menace de se voir chassés, par le premier magistrat de la commune, de ces terres qu'ils occupent depuis l'ère coloniale. “Le P/APC, qui enfreint la loi en procédant aux labours irréguliers, opte pour notre expulsion pour la simple raison que nous sommes des témoins "gênants" de son insubordination”, est-il mentionné dans ce document. Cependant, ces dénonciations se joignent à celles de l'ingénieur délégué dans la région par le Haut-Commissariat au développement de la steppe (HCDS) de Djelfa. Ce dernier avait mis en exergue, dans sa correspondance, datée du 31 août 2010 et adressée au wali de Tiaret, les 5000 hectares exploités par le maire dans la région de Noufikha, près du périmètre protégé. Les éleveurs que nous avions abordés sur les lieux n'ont pas été sans préciser que les intimidations ne cessent de pleuvoir sur eux puisque en plus des propos régionalistes qu'ils ont essuyés, les sources d'eau de leur cheptel ont été détériorées dans le seul but de les pousser à quitter les lieux. Au demeurant, devant toutes ces tracasseries auxquelles les autorités locales n'ont jamais tenté de trouver des solutions, les victimes se sont résolues, dernièrement, à aller plus loin dans leurs réclamations en se déplaçant à la capitale dans l'espoir d'être reçus par les plus hautes autorités du pays. Des documents, joints à leurs requêtes respectives, ont été remis, selon leur déclaration, aux cadres de ces institutions qui ont promis de donner suite à ce dossier pour le moins lourd de conséquences. Par ailleurs, autant préciser que le phénomène de la désertification, véhiculé par des labours illicites dans les zones steppiques, où mêmes les plantes durables comme le thym et l'alfa sont vouées à une extinction certaine, n'est pas particulier à la commune de Aïn D'heb. D'autres localités, à savoir Naïma, Chehaïma, Sidi Abderrahmane, sont aussi menacées par la déchéance pour peu que les autorités compétentes puissent faire montre d'une prise de conscience afin de parer au pire.