Après une longue absence, la fête des oranges est de retour à l'initiative de la Chambre de l'agriculture et de la direction des services agricoles. Elle a été inaugurée hier par les autorités locales et se poursuivra jusqu'au 28 décembre. Pour un début, elle s'est limitée à quelques stands d'exposants au niveau de la salle du restaurant universitaire et à une journée d'étude sur les agrumes. Elle n'est pas, par exemple, accompagnée d'activités culturelles et sportives, comme cela était le cas lors des manifestations organisées dans les années 1970 et 1980. De plus, rares sont les citoyens qui sont au courant de cet évènement d'ordre agricole qui intéresse, pourtant, en premier lieu leur région, connue pour son fort potentiel agrumicole. Il n'y a pas eu, à vrai dire, une campagne d'information du public ni d'animation de la ville, comme on a l'habitude de voir à chaque rendez-vous pareil. Le directeur des services agricoles promet, par ailleurs, une manifestation plus relevée l'année prochaine, avec notamment un concours de la meilleure exploitation dans ce domaine. Toujours est-il que la présente manifestation a eu le mérite de mettre en relief l'état du secteur, son évolution, ses problèmes et les efforts consentis par certains fellahs pour améliorer leur production. Ces derniers, à l'image des gros propriétaires Saiah et Bouthiba, ont, en effet, présenté un produit de qualité malgré les problèmes d'irrigation que connaît la plaine du Cheliff. Ce résultat est, selon eux, le fruit du travail, mais aussi du renouvellement des vergers, de l'introduction de nouvelles techniques d'irrigation et de l'utilisation de fertilisants efficaces et adaptés à la nature du sol. Ils écartent, toutefois, des possibilités d'exportation dans l'immédiat dans la mesure où, disent-ils, « il n'est guère possible en l'état actuel des choses de concurrencer certains pays exportateurs, tels que le Maroc et l'Espagne, et de répondre aux exigences du marché européen ». En outre, les stations de conditionnement de l'ex-Enafla, réservées à cet effet, ont totalement disparu, n'incitant guère les producteurs à envisager de telles opérations. A la différence des premiers producteurs cités, ceux des exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI) éprouvent de sérieuses difficultés à se mettre à niveau pour diverses raisons. Dans les deux cas, le prix pratiqué à la vente sur pied s'élève à 35 DA pour l'orange et 40 DA pour la clémentine, alors qu'au stade du détail, ces produits sont cédés respectivement à 60 et 70 DA. Une différence qui en dit long sur le dérèglement du marché et la capacité des intermédiaires à imposer leur diktat.