Les travaux de la deuxième réunion préparatoire du Groupe Afrique en prévision de la Conférence mondiale de radiocommunications, qui aura lieu en janvier 2012 à Genève, ont débuté hier au Kiffan Club (Bordj El Kiffan, Alger-Est). Sur les 54, 34 pays africains ont répondu présent à cet important rendez-vous dont l'objectif, insiste-t-on, est d'harmoniser les positions de ces pays avant d'aller à la Conférence de Genève. «Pour ce rendez-vous d'Alger, le groupe africain est dans les meilleures conditions pour réussir ce challenge qu'est l'harmonisation des positions. Dois-je rappeler que, fort de ses 54 pays, soit 27% des voix, le groupe africain influe fortement sur la prise de décision lors des travaux du CMR-12», souligne Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, dans son discours d'ouverture. Dans la foulée, M. Benhamadi s'est appesanti sur l'importance des investissements consentis dans le cadre de l'ambitieux programme e-Algérie afin de s'arrimer au train du progrès technologique. «Ces investissements portent sur une modernisation des infrastructures de télécommunication et nécessitent un effort national d'adaptation judicieuse de nos besoins en fréquences en s'inscrivant dans la tendance mondiale. C'est certainement à ce prix que l'on pourra engager des projets portant sur la téléphonie mobile, notamment la 3G et 4G, ainsi que l'internet à haut et très haut débit», a-t-il indiqué en adjoignant à ce package la télévision numérique. De son côté, Abdelkader Messahel, ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines qui était présent à la cérémonie inaugurale, dira : «Je ne suis pas un spécialiste des télécommunications mais je suis très attaché aux questions africaines et à la coordination de nos positions.» «Nous sortons d'un grand sommet où les chefs d'Etat africains ont réitéré leur volonté de coordination et d'harmonisation des positions africaines dans tous les grands événements qui touchent notre planète», a-t-il ajouté. Rappelant à son tour les enjeux cruciaux de cette réunion préparatoire, il a passé en revue quelques thèmes qu'il estime pertinents pour la réussite de ces consultations. Parmi ces sujets d'importance : l'obtention de nouvelles fréquences. «Il est évident que nous allons vers une forme de saturation et il est juste d'aspirer à une répartition équitable des fréquences pour l'Afrique, tant celles-ci constituent un élément-clé de la diffusion des messages», plaide-t-il. M. Messahel n'a pas manqué de glisser un mot, au passage, sur le sempiternel litige lié au brouillage des ondes «et les auditeurs algérois en savent quelque chose…». Enfin, le «Monsieur Afrique» de la diplomatie algérienne a mis l'accent sur la «fracture numérique» qui creuse l'écart technologique entre le Nord et le Sud en appelant vivement à la réduction de cette fracture avec le soutien de l'Union internationale des télécommunications (UIT). Justement, l'un de ses représentants était dans la salle en la personne de François Rancy, directeur du bureau des radiocommunications au sein de l'UIT. Invité à dire quelques mots, M. Rancy a salué ces assises en déclarant : «Le travail que vous allez réaliser durant ces quatre jours est fondamental.» «Le rôle des groupes régionaux est précieux dans la mesure où cela nous permet de confronter six groupes au lieu de 200 pays.» Ainsi, jusqu'au jeudi 14 juillet, les experts en télécoms du continent ont toute latitude d'affiner les positions exprimées au cours de la réunion précédente qui s'est tenue, rappelle-t-on, à Abuja (Nigeria) du 1er au 3 février 2011. Il est à souhaiter qu'au-delà de l'aspect purement technique, ces honorables experts auront une pensée pour la «fracture politique» qui sépare nos pays de la rive démocratique du monde, surtout en matière de contenus. La question fondamentale de la libération du son et de l'image s'avère plus que jamais primordiale, en l'occurrence pour l'essor des peuples du Sud. La 3G, la 4G, la télévision numérique sont, certes, de beaux concepts. Encore faut-il que ces avancées techniques soient agrémentées d'une politique favorable à une véritable ouverture des champs de l'expression, tout spécialement dans le secteur ô combien cadenassé des médias lourds. Quand on songe qu'en 2011, les Algériens ne sont toujours pas autorisés à créer librement une petite radio de quartier…