A l'instar de beaucoup d'autres villes du pays, cette commune est victime de mauvaise gestion, laquelle n'incombe pas seulement aux responsables… Deuxième grande agglomération avec 80 000 habitants, après le chef-lieu de wilaya, Ras El Oued, région à vocation agricole, souffre depuis un certain temps de moult problèmes. Ne pouvant supporter la clochardisation à laquelle est arrivée la cité, un groupe d'autochtones a décidé de dénoncer tous les maux en créant un comité consultatif. L'idée a été suggérée par le wali. Ce groupe a donc pris attache avec El Watan pour énumérer une kyrielle de tares et dénoncer la démission totale des gestionnaires de la ville. Ils ont fait part en premier lieu de l'anarchie qui règne au niveau des guichets de l'état civil, à laquelle s'ajoute le mauvais accueil des préposés aux guichets. «On vous fait galérer avant de vous établir un document; surtout il ne faut pas réagir aux réponses pleines de provocation de ces agents, recrutés pour la plupart dans le cadre du filet social», relèvent les riverains. Pour expliquer cette déliquescence, il faut remonter au 3 mai 2007, date à laquelle cette la ville de 80 000 habitants a connu les émeutes les plus violentes de son histoire; et c'est une rencontre de football qui en est à l'origine. Trois ans et demi après, soit le 5 janvier 2011, la ville renoue avec la violence: un véritable tsunami balayera sur son passage tout ce qui symbolise l'Etat, à savoir les établissements scolaires, les sièges d'Algérie poste et d'ACTEL- rénovés a coups de milliards,- et hélas complètement saccagés; idem pour les administrations de la daïra, la Cnas, les Impôts, l'Anem, la BDL et la Sonelgaz. En un court laps de temps, les casseurs ont infligé à toute la population un châtiment bien sévère en la ramenant une dizaine d'années. D'aucuns, aujourd'hui, s'interrogent sur les raisons ayant conduit cette ville naguère paisible, accueillante et propre, à basculer dans une telle violence. Une jeunesse livrée à elle-même Les opportunités de travail sont inexistantes en dehors des dispositifs de l'Anem et de la DAS, lesquels assurent un petit revenu aux concernés. A vrai dire, la ville vit en marge du développement. Il n'existe aucune structure en mesure de résorber un tant soit peu le chômage sévissant. La jeunesse est livrée à son triste sort; chômeurs et recalés du système éducatif se côtoient, meublant leur temps comme ils peuvent en traînant dans les cafés et les rues. La délinquance, et son corollaire le crime organisé, guettent des milliers de jeunes oisifs; d'ailleurs, ceux-ci prennent des proportions alarmantes. Il n'y a rien à Ras El Oued. Même le site qui devait abriter le projet d'une piscine dans le cadre du CALPI s'est transformé en dépotoir à ciel ouvert. Ce qui suscite encore un peu d'espoir, c'est le projet de création d'une nouvelle zone industrielle. Les démarches entreprises par le nouveau wali ont, semble-t-il, abouti puisque la commission technique dépêchée d'Alger a donné son aval, selon nos sources. Par ailleurs, d'autres projets importants, comme le CET, la station d'épuration des eaux usées, la gare routière…sont renvoyés aux calendes grecques. En attendant le fameux Schéma national d'aménagement du territoire, (SNAT), visant à remédier aux dysfonctionnements et autres insuffisances, la ville continue de subir de plein fouet les effets néfastes de la pollution générée par les décharges qui l'assiègent de toutes parts. Même les cités intra-muros n'ont pas échappé à la déchéance avec un cadre de vie répugnant; des tonnes et des tonnes de déchets s'entassent à l'air libre, à l'entrée ouest de la ville; on ne trouve pas mieux pour s'en débarrasser que de les brûler; la fumée qui s'en dégage rend l'atmosphère irrespirable, et ce à longueur d'année. Les eaux usées sont l'autre facteur de pollution, avec les odeurs nauséabondes et les conséquences néfastes sur la faune et la flore, sans parler de la santé humaine, -dans la mesure où des dizaines d'hectares de terres de pâturage sont irriguées à partir de ces canalisations. Tout un parc naturel, autrefois lieu de détente, voire le poumon de la région, est aujourd'hui menacé de disparition. Finalement, la fameuse station d'épuration annoncée en grande pompe n'est qu'une chimère. A voir le spectacle désolant de ces ruelles éventrées, de ces chantiers à moitié abandonnés, avec ce fatras de béton, beaucoup se demandent si la ville a vraiment des gestionnaires ! Et le transport, parlons-en ! En dépit de la manne financière, la cité ne dispose pas d'une gare routière digne de ce nom. Pourtant, avec les quelques efforts de désenclavement, la commune est accessible par les quatre points cardinaux. Marchés et logement : une carence patente Concernant les lieux d'approvisionnement, le seul marché couvert existant à Ras El Oued a été réalisé à l'Indépendance; il faut avouer qu'il ne répond aucunement aux normes régissant ce genre de lieux. Tout y est dégradé ! Les habitants sont réduits à faire leurs courses dans un endroit de fortune où se mêlent anarchie et insalubrité, sans parler des odeurs d'urine, l'endroit étant utilisé aussi comme vespasiennes. Le marché hebdomadaire se trouve également dans un piteux état. Idem pour l'abattoir communal, qui n'est qu'un abri de fortune sans la moindre commodité, crasseux et jonché d'immondices. Même constat pour les locaux du Président. Comme ils sont implantés à la périphérie de la ville, une zone complètement enclavée, les artisans n'y trouvent pas leur compte. En matière de routes, la ville n'est guère mieux lotie. Citons en exemple le dédoublement de la RN103. Ses usagers y subissent encore bien des désagréments malgré les enveloppes faramineuses qu'il a consommées. Curieusement, cette partie est sujette au phénomène des inondations, notamment au niveau de l'entrée Est. Outre cela, il reste encore un problème, et non des moindres, celui du logement. Pourtant, l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens. D'aucuns disent que c'est la cupidité de certaines personnes qui complique les choses. Il a été constaté qu'à chaque opération de démolition d'habitations précaires, comme entre autres à la cité des Chouhada, il se trouve toujours des quidams insatiables qui veulent des logements pour chaque membre de leurs familles. L'on apprend d'ailleurs dans ce contexte, que les 62 logements destinés aux habitants de la ferme Kerouani sont fins prêts et que leur attribution est imminente.