Une question qu'ils ont tenté de prendre en charge dès leur installation en 2002 à l'issue des élections locales. Leurs actions devaient se concentrer sur l'amélioration du cadre de vie, l'aménagement du territoire avec l'élaboration d'un plan d'occupation des sols réaliste, le développement économique et l'emploi. Dans leur approche, ils avaient précisé un certain nombre d'interventions pour identifier et optimiser des pôles d'excellences dans le but d'attirer des entreprises créatrices de richesses et d'emplois. ans leur approche, ils avaient précisé un certain nombre d'interventions pour identifier et optimiser des pôles d'excellences dans le but d'attirer des entreprises créatrices de richesses et d'emplois. La disponibilité du marché d'intérêt national, d'une zone d'activité commerciale, d'unités de transformation agroalimentaire, électronique, de métallurgie, de pétrochimie et de plasturgie, sa proximité des routes nationales à destination de toutes les régions du pays, de la mer, de l'aéroport Rabah Bitat et la prochaine ouverture d'un important pôle universitaire, sont des atouts non négligeables à même de permettre à la commune de réaliser son développement. Ce qui n'est malheureusement pas le cas. Qualifiée d'être l'une des plus importantes communes d'Algérie, hormis celles du chef-lieu de wilaya, la commune vit au rythme des opérations de colmatage et replâtrage des brèches économiques et sociales ouvertes par ses précédents gestionnaires. Trois années après, l'on est loin des ambitions que les nouveaux élus avaient affichées au début de leur mandat, car cherchant à parer au plus pressé. El Bouni a une histoire longue de plus de 2500 ans. A l'époque numidienne, elle faisait partie intégrante de la cité des Rois située à quelques centaines de mètres plus loin, d'où le nom de Hippone la royale qu'on lui attribuait. Elle est le prolongement social, économique et culturel du chef-lieu de wilaya que, grâce à une terre fertile, elle approvisionnait en céréales, fruits et légumes. Cependant, contrairement à Annaba (Hippone) et malgré le passage de différentes civilisations sur son sol et sa position de plateforme d'où partaient à la conquête d'Hippone les troupes aghlabides, fatimides, hammadites, hafsides et turques, El Bouni n'est pas encore arrivée à se faire une identité. Elle regorge de richesses archéologiques insoupçonnables et un patrimoine historique et culturel exceptionnel légués par, entre autres, Ahmed El Bouni sont père spirituel dont elle porte le nom. C'est dire que le poids du temps accumulé est plus lourd que les œuvres accomplies par les hommes qui aujourd'hui habitent cette ville. Commune de brassage et en même temps d'exclusion dans une wilaya mobile et sociale, El Bouni ne plaide pas sa cause comme il se doit pour sortir de sa léthargie. Le contraire lui aurait permis de mieux utiliser ses capacités d'adaptation afin de jouer sa partition dans une économie locale et nationale sans cesse en mouvement. Pour preuves, ce taux de chômage que l'on affirme officiellement être à 40% alors qu'il est à 60, son budget annuel immuable d'à peine 250 millions de dinars, ses nombreux bidonvilles et la moitié de sa population composée de familles démunies ou frôlant le seuil de la pauvreté. Pour preuves aussi, ses localités déshéritées Bouzaroura où l'on s'éclaire encore à la bougie et à la lampe à pétrole, Es Saroual avec son environnement de misère, Boukhadra et son oued nauséabond, ses routes en terre battues défoncées, Hadjar Diss et ses habitations construites à base de matériaux en amiante et Sidi Salem qui ressemble à une tumeur maligne plantée au bord de la Méditerranée. Dans cette dernière localité de 14 000 habitants, 6000 familles des habitations SAS et autres de la période coloniale vivent quotidiennement au contact direct des eaux usées déversées par des conduites jamais entretenues. A la cité Boukhmira délogées en août dernier pour la réfection de la toiture des bâtiment, plusieurs dizaines de familles vivent sans domicile fixe. « Vous réintégrerez vos logements dans un mois au plus tard », leur avait-on dit pour les inciter à partir. L'hiver est là, elles ont toujours pour abri le ciel ou provisoirement hébergées chez un voisin. Avec un budget annuel presque dérisoire pour ses 160 000 habitants, une dette de 220 millions de dinars, des ressources fiscales presque nulles, des locaux commerciaux inoccupés, un dossier du foncier très flou avec des centaines d'attributaires de terrain à bâtir sans actes de propriété, des routes défoncées et l'inexistence d'espace vert et de structure de détente et de culture, El Bouni qui s'étend sur 37 km2 est certainement la commune daïra la plus pauvre du pays. Même ses morts ne trouvent pas le repos avec des cimetières livrés à l'abandon. El Bouni ne représente pas l'évolution d'une wilaya en marche, mais un véritable frein marqué par des rapports complexes entre la commune et la wilaya et entre la commune et ses populations. Cette immense cité faite d'habitations particulières, de bâtiments et de bidonvilles peut être qualifiée de marginale avec sa délinquance, son insécurité, ses maux sociaux, dont la prostitution, ses écoles sans chauffage et son environnement pollué. En fait, El Bouni est une immense cité dortoir où ont échoué des milliers de ménages brisés et tant de vies emportées par une mort violente. El Bouni n'a toujours pas élaboré un schéma de mise à plat de l'ensemble des compétences dont elle dispose. Elles sont marginalisées ou vouées à l'oisiveté transformée en une culture par la force des années passées. Pour justifier cette situation, l'argument de l'absence des finances est tout trouvé. Il est le même que celui avancé par d'autres responsables. Abedelaziz Latrèche, président d'APC d'El Bouni, l'a avancé : « Le budget communal ne répond pas aux besoins de nos populations. » La solution préconisée est également la même comme pour beaucoup d'autres communes en déphasage avec la réalité du terrain : « Notre commune est classée deuxième en matière de nombre d'habitants après la commune chef-lieu dont le budget est presque 4 fois plus important que le nôtre. Nous souhaitons sa révision à la hausse pour répondre aux attentes des populations en matière de logement, couverture sanitaire et surtout pour réduire le taux de chômage », ajoute notre interlocuteur. Blocages Et comme si le seul blocage du développement de la commune est le déficit en logements, cet élu avance plus de 8000 demandeurs. Le lancement futur de plusieurs projets de réalisation de logements dans le cadre du programme quinquennal semble être une fin en soi. Il cite pour exemple celui des 1500 logements de catégorie social participatif, 600 sociaux et 1000 autres ruraux dans le cadre du programme quinquennal à Bouzaroura, 1er Mai, Hjar Eddis, Gharbi Aïssa, Allelick, Aïn Chhoud et Khaled Ibn El Walid. Il a tenu à souligner le récent lancement des travaux de 698 logements dans le cadre des programmes 2003 et 2004. La couverture sanitaire est jugée satisfaisante avec 3 polycliniques à El Bouni, Boukhadra et Sidi Salem, 4 salles de soins réalisées, dont 2 déjà réceptionnées à Allelick et à la cité du 1er Mai ainsi que 2 autres en cours de réalisation à Hjar Eddis et Essaroual. « Un programme de modernisation et de réhabilitation des salles de soins et de polycliniques sera incessamment lancé », ajoute notre interlocuteur. Son souhait est de voir réaliser un autre hôpital. En matière d'éducation, le président de l'APC est fier de dire que sa commune est riche de 44 écoles primaires, 15 établissements pour le 2e palier et 4 lycées, dont un en cours de réalisation et un technicum. Il a oublié de préciser que quotidiennement 1400 élèves sont confrontés au problème du transport pour rejoindre leur établissement scolaire à Annaba. Bien qu'il pose problème à tous les habitants, l'approvisionnement en eau potable de cette grande cité de 160 000 âmes ne s'impose pas comme étant un souci pour les élus. Ces derniers n'hésitent pas à montrer cette carte de tracé de la nouvelle conduite, qui, achevée à la fin de l'année 2006, alimentera les localités de Echabia et Ecotec. « En matière d'alimentation en eau potable, à l'exception des constructions illicites implantées dans les localités de Chabbia, Essaroual et Hjar Eddis, notre commune ne souffre pas de graves problèmes d'AEP », estime le premier magistrat de la commune. La même situation est relevée en matière d'alimentation en gaz naturel des populations. Les toutes dernières localités qui ont été raccordées en 2005, sont Sidi Salem, Boukhadra et les Crêtes, d'autres comme Chabbia, Khearrza et 1er Mai le seront incessamment. L'électrification rurale est une autre réalité que vivent depuis quelques mois les habitants de lointaines agglomérations de la commune, à l'image de Amouchi Salah, Gharbi Aïssa et le site Chaouli Belgacem I et II. Le P/APC ne se prononce pas sur les différents scandales qui ont secoué sa commune durant les précédents mandats. Il omettra de signaler que ses prédécesseurs avaient délivré des permis de construire des habitations sur des surfaces traversées par des conduites principales d'eau potable, de gaz naturel et par le réseau électrique. Rien également sur les suites données au détournement des matériaux de construction destinés aux attributaires des logements évolutifs, des plateformes que des familles démunies n'ont pas réussies à avoir parce qu'attribuées ou destinées à des personnes aisées ou influentes. Quant aux 20 logements sociaux de la la cité Boukhadra, qu'un commis de l'Etat s'est attribué en 2002 pour en faire un fonds de commerce, le dossier a été classé sans suite. « Parlez-moi de la période de mon mandat. Les anciennes affaires ne me concernent pas. Le développement de notre commune, l'éradication des bidonvilles et la gestion de l'environnement sont, entre autres, nos soucis. Une révision à la hausse de notre budget, qui doit tenir compte de la démographie, est une condition sine qua non pour une réelle et efficace prise en charge du quotidien de nos concitoyens », confie Abdelaziz Latrêche. L'autre tumeur, dont le contrôle semble échapper totalement aux élus de la commune, est le contrôle et le suivi du marché d'intérêt national, notamment celui du marché de gros des fruits et légumes. Livré à l'appétit vorace des affairistes, c'est un amas de ferraille qui date des années 1980. Il s'agit d'une infrastructure propriété de la défunte SNREGMA réalisée loin des normes définissant cette activité de marché de gros. Ses fondations rouillées, sa toiture emportée pour moitié par les multiples intempéries et ses dizaines de cases quotidiennement noyées dans la gadoue remettent au goût du jour cette vision de lieu de regroupement des indigènes de la période coloniale. Malgré les coups qui leur sont portés par les services de police et de gendarmerie omniprésents, les délinquants et les repris de justice ne ratent pas une occasion pour dépouiller de leurs biens les visiteurs. Les mandataires ont beau se ruer dans les brancards, créés un comité pour défendre les intérêts et pour amener la commune à prendre en charge l'entretien des lieux, notamment en matière d'éclairage, sanitaires, chaussée, en vain. Occultant sa mission de premier magistrat de la commune habilité à statuer et à imposer des directives dans l'intérêt général, le président de l'APC estime qu'étant une propriété privée, l'entretien et la maintenance de ce marché ne sont pas du ressort de sa commune. Il est obnubilé par le seul problème de l'insuffisance des finances. « Avec un budget plus conséquent, nous pourrons résoudre beaucoup de problèmes en suspens. Bien que nous ayons limité nos dépenses, nous arrivons à peine à répondre aux opérations d'urgence du chef-lieu de daïra, des 23 localités et 17 regroupements d'habitations », avait-il souligné. Dans leurs déclarations, il est stipulé que l'aspect social a pris une large part. Aucun intervenant n'a soulevé la question du développement économique local. Pourtant, avec les 59 entreprises dont Ferrovial, SNVI, Asmidal, l'aéroport, sa zone d'activité commerciale et ces nombreuses coopératives agricoles, El Bouni aurait pu prétendre à mieux sur le plan de la relance et de lutte contre le chômage. Certes, l'on a abordé la question de la réalisation d'un port de pêche et d'un marché de fruits et légumes à Sidi Salem, celle du complexe sportif et d'une bibliothèque communale à El Bouni, des routes de jonction entre les localités et le chef-lieu de commune. Mais est-ce suffisant pour mettre le holà à cette situation de léthargie, qui, depuis des années, caractérise cette commune ? Un nouveau découpage administratif d'El Bouni en 2 ou 3 autres communes allégerait peut-être son lourd fardeau.