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Comment lire les performances de notre économie
Publié dans El Watan le 18 - 07 - 2011

La communauté scientifique et le monde des affaires sont divisés sur un thème précis : les performances de notre économie sont-elles bonnes ? Sommes-nous en train de maîtriser le développement économique ? Beaucoup de concitoyens, se référant aux chiffres sur la croissance, l'inflation, le chômage et le reste, considèrent qu'on est sur la bonne voie. Le développement est juste une question de temps puisque les indicateurs sont au vert. Il va falloir simplement persister et être patient, car un pays se développe sur plusieurs décennies.
Nous avons d'autres analyses qui utilisent d'autres indicateurs (climat des affaires, IDE, grogne sociale, bureaucratisation) et pensent que nous passons à côté d'une chance historique pour nous propulser au rang de pays émergents. Qu'en est-il en réalité ?
Il n'est pas aisé de faire la part des choses.
Nous avons de nombreux indicateurs, dont certains pointent vers des améliorations et d'autres vers une stagnation problématique.
Le chemin est plein de pièges pour un non initié. Nous parlons d'analystes neutres, n'ayant aucun intérêt à biaiser la réalité.
Car on décortique souvent un contexte économique en fonction de sa position politique et sociale. Les personnes proches des cercles des décideurs ont un intérêt à faire ressortir tout ce qui est positif et minimiser tout ce qui peut causer problème.
Tous ceux qui se considèrent comme opposition n'y voient que du négatif. Il est intéressant de constater une pratique très répandue chez les politiciens au niveau national et international. On évoque rarement les bonnes décisions du gouvernement.
On ne met en évidence que ce qui semble être ses erreurs. Il en est de même du gouvernement. Il évoque rarement les bonnes propositions de l'opposition.
Il ne fait ressortir que ce qui semble être des aberrations. Mais nous avons à faire à des enjeux politiques et non scientifiques.
Et le champ politique a ses règles et sa culture. Mais nous allons essayer de nous rapprocher au maximum de la méthodologie scientifique, mais sans être sûr à 100% de pouvoir la respecter.
Les données qui indiquent une bonne performance
Il est exceptionnel qu'un gouvernement prenne des décisions contraires aux intérêts du pays et du peuple, à deux exceptions près. La première se produit lorsqu'on décide sans maîtriser à fond les phénomènes économiques et sociaux. Cela arrive lorsque les experts induisent en erreur les décideurs. J'ai maintes fois expliqué que les économistes qui ont conseillé à notre gouvernement d'utiliser la thérapie keynésienne l'ont induit en erreur. Nous sommes donc dans ce cas de figure ou des erreurs sont faites, mais parce que les politiciens, croyant bien faire, ont suivi les conseils mal éclairés. Mais cette question ne sera pas développée dans ce contexte.
La seconde possibilité existe lorsque les politiciens perçoivent une contradiction entre leurs intérêts et ceux de la nation. Le plus souvent ils privilégient leur position au détriment des intérêts du pays ; et ceci est valable dans la plupart des pays et pour la vaste majorité des politiciens, tout en sachant qu'il y a des exceptions. Ceci ne constitue pas mon point de vue personnel, mais les nombreuses investigations menées par des dizaines d'études de la fameuse branche «Public choiceTheory». Par exemple, le président Nixon a manipulé l'économie pour se faire réélire (démultiplier les dépenses publiques pour réduire le chômage tout de suite mais provoquer l'inflation plus tard (après les élections).
Ceux qui supposent que nous sommes sur la bonne voie se réfèrent surtout aux indicateurs macroéconomiques dont nous disposons. En effet, les sources officielles nous en abreuvent tellement qu'on finit par les adopter et en faire des phares qui éclairent toutes nos analyses. Elles sont mises en avant et exploitées avec finesse. Les analystes étrangers les adoptent avec un seul bémol : en disant que ce sont uniquement les résultats d'une rente pétrolière injectée massivement dans l'économie. On peut citer parmi ces éléments :
-1. Un taux de croissance hors hydrocarbures de plus de 5% en moyenne les dix dernières années ;
-2. Un taux de chômage qui serait descendu de 27 à 10% ;
-3. Des réserves qui seront bientôt plus de 150 milliards de dollars ;
-4. Un taux d'inflation maintenu toujours à moins de 5%, sauf exceptionnellement pour une seule année où il se situait à 5,7% ;
-5. Des équipements et des infrastructures qui se démultiplient (bancs d'écoles, logements, routes, barrages etc.).
Nous avons là un échantillon d'indicateurs qui tendent à corroborer la thèse de la maitrise du développement et qui ne serait qu'une question de temps. Ce sont effectivement ce genre d'indicateurs que l'on utilise dans les pays développés ou les nations émergentes pour juger de la qualité et de l'efficacité des politiques macroéconomiques.
Pourquoi devrait-on s'en priver lorsqu'il s'agit d'évaluer notre pays ?
La démarche est importante parce qu'il s'agit de prendre des décisions importantes. Si nous sommes dans la bonne voie, il faut continuer à faire la même chose. Tout est question de temps, nous allons accéder au rang de pays émergent d'ici quelques années. Les indicateurs sont là pour le prouver. Par contre, si l'évaluation montre que les performances sont trop insuffisantes, alors il faudrait changer radicalement de politique économique. Certains analystes de la situation économique algérienne, parfois étrangers, soulignent que c'est le moment d'enclencher une convertibilité du dinar, car les fondamentaux sont bons. Ils n'ont raison que si les performances décrites seraient les bonnes et suffisantes pour nous assurer une croissance économique pérenne.
L'autre côté de la médaille
Voyons autre chose maintenant. Je rappelle uniquement certaines données qui révèlent vraiment la force ou la puissance économique d'un pays. Il s'agit d'indicateurs de fond. Ceux qui montrent notre situation vis-à-vis des fondamentaux de base. Il s'agit d'un échantillon d'indicateurs qui sont souvent analysés dans les études de prospectives. Ils sont puissants parce qu'ils révèlent la vitalité économique d'un pays. Considérons quelques-uns :
-1. La productivité stagne. Ce que produit chaque Algérien au mieux ne change guère d'année en année, alors qu'en moyenne, la productivité mondiale s'améliore. Nous devenons de moins en moins compétitifs au niveau international ;
-2. Nous créons 70 entreprises par
100 000 habitants par an, alors que les économies similaires arrivent à en créer 350. Notre outil de production ne se développe pas suffisamment. Nous avons 450 000 entreprises au lieu des 1,3 million au minimum ;
-3. Avec les récents efforts, nous arriverons à consacrer 0,5% de notre PIB à la recherche. Il nous faut atteindre les
2 ou 3% comme les pays émergents et gérer ces programmes tout aussi efficacement ;
-4. Les importations se développent beaucoup plus rapidement que les exportations. Ils se sont multipliés par quatre ;
-5. Les indicateurs quantitatifs de développement humains sont corrects, mais pas l'aspect qualitatif.
Tous ces indicateurs montrent qu'au fond l'économie souffre encore de terribles inefficacités. Nous avons ce que les économistes appellent une productivité marginale du capital négative. C'est-à-dire on met trop de ressources dans l'économie pour arriver à des résultats négligeables. Mais beaucoup d'analystes du gouvernement sont formatés pour ignorer l'aspect coût. Nous avons développé ce que j'appelle la culture de l'analyse des résultats sans les coûts. Et il est bien dommage, car les évaluations des politiques publiques deviennent biaisées. Pourvu que l'on construise un million de logements en cinq ans et cela va être présenté comme une réalisation grandiose et spectaculaire. Que les logements aient coûté cinq milliards ou vingt-cinq milliards de dollars importe peu. L'analyse économique algérienne évacue totalement les coûts. La présence du complexe d'El Hadjar est considérée en lui-même comme un exploit ; que la tonne d'acier nous revienne à 1 ou 100 000 dollars n'est par important. On a banni le mot input de la terminologie économique nationale. Un économiste algérien disait, cela ne fait rien si on s'est trompé et on a créé des infrastructures au lieu de démultiplier des entreprises productives, car nous allons les utiliser plus tard. Nous avons dépensé 500 milliards de dollars pour obtenir quelque 150 milliards de dollars d'infrastructures, mais cela ne fait rien. 350 milliards de dollars c'est peu. La croissance de 5% a été obtenue par plusieurs pays africains sans plan de relance spécifique. Mais puisqu'on est dans la moyenne mondiale, nous sommes bons. Les ressources injectées ne sont pas analysées. On ne voit que l'output.
Quelles Leçons en tirer ?

Je pense qu'une évaluation objective de la situation économique algérienne montrerait plusieurs facettes sur la question. En premier lieu, nos experts ont induit en erreur nos dirigeants. En second lieu, lorsqu'on inonde le pays d'argent, il est normal d'obtenir des infrastructures en plus, mais pour une économie mal gérée, les gaspillages sont immenses. Mais il faut regarder l'avenir. On ne peut le faire que si l'on fait un constat lucide de ce que nous venons de vivre. Nous devrions donc financer plus l'économie productive, l'amélioration qualitative des ressources humaines et moderniser la gestion de nos institutions publiques et de nos entreprises. Nous ne sommes pas sur la bonne voie. Il ne faut donc pas continuer à faire la même chose. Il faut faire les choses autrement avec d'autres priorités et d'autres méthodes.


Abdelhak Lamiri. PH. D. en sciences de gestion


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