Localité frontalière dans la commune de Souani, à 85 km de Tlemcen, Sidi Boudjenane, en dépit de sa configuration géographique stratégique (carrefour de plusieurs grandes communes de la wilaya), n'arrive toujours pas à se départir de son statut d'agglomération rurale. Pire, la déliquescence des uns et des autres a fait que le village se clochardise davantage : décharges publiques cohabitant avec les habitants, regards d'égouts éventrés en plein centre de la bourgade, routes démesurées et poussiéreuses. Hors d'eux, les autochtones réagissent : « Nous avons beau espérer un changement de cette situation, dit écoeuré, Abdesslem Remmani, chercheur en géologie urbaine, mais, force est de constater que les choses vont de mal en pis. L'indifférence et le mépris des pouvoirs publics peuvent générer la colère des riverains qui sont à bout. » Sur un champ servant habituellement de lieu de waâda, des eaux usées y sont déversées transformant le site en marécages purulents. « C'est devenu invivable avec cette odeur suffocante, renchérit-il avec dépit. Nous sommes plus d'une centaine de familles vivant au milieu de ce marais. La cause principale en est la conception même du réseau d'évacuation des eaux usées et pluviales. Avec tout ce qu'elles charrient, les eaux de pluies finissent par obstruer le réseau. » Localité oubliée Le terrain en question, une grande placette, pourrait faire l'objet d'un réaménagement. Seul inconvénient, celle-ci se trouve entre deux écoles primaires et ceux qui sont censés étudier ce cas ne semblent pas en faire une priorité. « D'abord, le mieux serait que la waâda soit déplacée sur un autre site, en dehors du village, comme cela se fait partout », suggère M. Remmani. Il y a une année, un citoyen a attiré l'attention des responsables lorsqu'il avait échappé, avec sa famille, de justesse à la mort. Sa maison, située en contrebas de la route principale avait été inondée, il avait fallu l'intervention des services de la protection civile et des éléments de la gendarmerie nationale pour éviter des dégâts irréparables. Sidi Boudjenane, malgré le programme de la relance économique n'a pratiquement bénéficié d'aucun projet de développement. « Nous sommes des bannis, on dirait. Les projets passent à gauche et à droite, sous nos nez. Nous sommes peut-être invisibles », disent des riverains avec un ton ironique, mais qui en dit long sur l'oubli dans lequel semble se mouvoir une localité importante de l'extrême ouest du pays.