Saison des vacances et de farniente par excellence, l'été est aussi une période propice à la célébration des mariages. La plupart des unions sont, en effet, scellées généralement pendant les week-ends tout au long de la période estivale, pour des raisons évidentes. cette année, les noces se fêtent durant tous les jours de la semaine. On assiste à une véritable course contre le temps. Les nouveaux mariés sont tenus de rejoindre leurs cages dorées avant le Ramadhan. Un mois durant lequel tout est mis en suspend, ou presque. A Oran, certainement comme dans les différentes régions du pays, on se hâte, on se hâte… Ce qui a provoqué une véritable ruée sur les salles des fêtes, dont les carnets de rendez-vous sont remplis depuis bien longtemps. Comme chacun le sait, rares sont les familles qui organisent les fêtes de mariage dans leur domicile, comme ce fut le cas, dans le temps. Malgré l'incroyable prolifération des salles des fêtes, beaucoup ont du mal à en trouver une et doivent fixer la date de leur mariage en fonction du calendrier du gérant de la salle choisie, après de nombreuses recherches d'un endroit présentant un bon rapport qualité-prix. Et il faut croire que souvent ce n'est pas donné. Depuis quelques semaines déjà, chaque soir, les habitants assistent à d'interminables carrousels de cortèges nuptiaux formés de nombreux véhicules, souvent conduits par de jeunes inconscients qui cherchent à prouver on ne sait quoi, en procédant à des dépassements très dangereux, à rouler en troisième et même en quatrième position, ignorant les torts causés aux conducteurs arrivant en sens inverse, sans aucun respect pour les signalisations verticales. Les signalisations horizontales, elles, sont totalement absentes. La circulation automobile, qui est déjà pénible durant la journée à cause des travaux de réalisation du tramway, à l'origine de la fermeture de plusieurs axes routiers importants du réseau urbain, se complique davantage avec l'incessant va-et-vient des cortèges qui semblent s'être mis implicitement d'accord sur un itinéraire. Après «l'enlèvement» de la mariée du domicile de ses parents, le cortège se dirige vers le centre-ville, tous klaxons hurlants et tous feux de détresse clignotant, et gare à celui qui oserait traverser avant le passage de la dernière voiture. Un arrêt obligatoire a été fixé au niveau du rond-point situé à proximité de l'hôtel Sheraton d'Oran, où tout le monde descend. Les femmes, jeunes et moins jeunes, en profitent pour faire admirer leurs toilettes, coiffures et bijoux. On danse aussi au son de la musique diffusée par les baffles embarqués dans des véhicules décorés. On s'amuse comme des fous. Il arrive parfois que des conducteurs étrangers arrêtent leur véhicule à proximité et participent à la fête, sans doute par «solidarité» aux familles qui s'unissent. Mais la joie n'est pas partagée par tous. Beaucoup d'automobilistes, qui se déplacent pour une urgence, sont excédés par l'embouteillage monstre. C'est comme si tous les cortèges d'Oran s'étaient donné le mot pour démarrer à la même heure pour rejoindre le même endroit. Des cortèges viennent, nous dit-on, de certaines localités environnantes, faire leur incontournable virée au Sheraton, pour «faire plaisir à la maman de la mariée qui l'a exigé à son futur gendre». Dans le cas où le cortège n'aurait pas fait cette importante escale, avant de rejoindre la salle des fêtes prévue en longeant le pont Zabana jusqu'à l'autre non moins célèbre rond-point de l'hôtel Méridien, les voisins pourraient même se moquer de la nouvelle mariée. Ces mariages à «l'Oranaise» ont fini par attirer beaucoup de familles qui ont pris l'habitude de se masser autour du fameux rond-point, immédiatement après le repas. D'autres, qui n'ont que le temps de s'engouffrer dans leurs voitures, viennent avec marmaille et casse-croûtes pour consommer sur place et ne rien rater des spectacles offerts gratuitement. C'est pratiquement une partie des habitants d'Oran qui est conviée, chaque jour, à des soirées festives en suivant la célébration des mariages de la ville dans une ambiance, faut-il le dire, assez bon enfant.