Dans l'effervescente atmosphère de l'enquête judiciaire enclenchée récemment sur une affaire de dilapidation de deniers publics, dont la Caisse régionale de mutualité agricole (CRMA) serait à l'origine pour avoir procédé au paiement des fellahs dans le cadre du FNDRA, des prestations et travaux non effectués que la circulaire n° 1269 du 14 décembre émanant du secrétaire général du ministère de l'Agriculture, est venue créer une ambiance de suspicion sur la procédure qui devrait accompagner la tenue de l'Assemblée générale extraordinaire (AGEX) pour le renouvellement du conseil d'administration de la caisse régionale, annoncée pour le 3 janvier 2006. Cette circulaire a été à l'origine d'une véritable levée de boucliers des sociétaires et des associations professionnelles contre l'une des conditions de l'inéligibilité au conseil d'administration qui exclut systématiquement les élus des APC et des APW, et fait l'exception sur les députés et sénateurs. Cette disposition a été prise, lit-on dans la lettre de l'association de la protection de l'agriculture de la wilaya de M'sila, adressée au ministre de l'Agriculture, en contradiction avec les dispositions du décret 95-97 du 1er avril 1995 fixant les statuts type des caisses de mutualité agricole, notamment l'article 36 qui stipule que les administrateurs des caisses régionales ne peuvent cumuler plus de deux mandats en dehors de la caisse. « Cette circulaire est discriminante, nous dira un sociétaire, par le fait qu'elle exclut les élus locaux et laisse la porte ouverte aux autres élus, ‘'députés et sénateurs''. » Le président de l'association n'a pas manqué de relever dans sa lettre qu'il « rejette le septième point des conditions d'inégalité relatif à la souscription des contrats d'assurance durant les quatre dernières années, par le fait que les souscriptions contre la sécheresse et les calamités naturelles ne sont pas ouvertes à tous les sociétaires, mais uniquement à certains ». Cette disposition de la circulaire, qui a exclu les élus locaux et qui est à l'origine de la contestation des sociétaires et des associations, a ouvert la voie à un député et président sortant du conseil d'administration de la CRMA de M'sila, et en même temps président du conseil d'administration actuel de la caisse nationale de mutualité agricole (CMA), à briguer un deuxième mandat et à un sénateur à présenter sa candidature pour le conseil d'administration du CRMA. C'est sur une guerre à distance entre ces deux hommes, que se joue la destinée du CRMA de M'sila, qui est entré dans une zone de turbulences que seule l'enquête judiciaire en déterminera l'ampleur.