Le préjudice évalué à 8 milliards de dinars ne couvre en réalité que des enquêtes relatives à 213 dossiers. Le procès des accusés dans l'affaire de dilapidation de fonds destinés au soutien à l'agriculture se poursuit toujours à Mascara. Hier, certains accusés ont reconnu les charges de faux et usage de faux retenues contre eux comme par exemple, d'avoir vendu le cahier des charges à des fournisseurs qui se seraient empressés de retirer la somme mobilisée pour l'achat d'un équipement des comptes de la Crma de Ghriss. Le préjudice évaluée à 8 milliards de dinars ne couvre en réalité que des enquêtes relatives à 213 dossiers sur un ensemble de 3309 traités par la caisse de la Crma de Ghriss. L'Etat a consenti d'énormes efforts pour valoriser la plaine de Ghriss réputée pour son rendement agricole et pour la fertilité de ses terres. Durant de longs mois, des pseudo fellahs, dont certains ne possédaient même pas de terres agricoles, avaient réussi à flouer tout le monde en se faisant délivrer des aides sur la base de faux dossiers. Durant les auditions des accusés, un fournisseur a reconnu avoir acquis plusieurs cahiers de charges auprès de fellahs, moyennant des sommes dérisoires qu'il s'empressait de gonfler en se faisant virer le montant de factures fictives pour un matériel qui n'est jamais livré. Des fellahs ont reconnu avoir perçu des sommes de la Caisse régionale de la mutualité agricole qu'ils n'ont jamais investies dans l'agriculture, d'autres ont reconnu avoir reçu du matériel qui ne répondait pas aux références portées sur les factures. Le hic dans cette affaire, qui commence à prendre l'allure d'un véritable scandale, est l'absence de contrôle préalable de la Crma, chargée de piloter le fonds de soutien avant tout paiement. Les textes prévoient un contrôle technique des installations et de l'équipement, échelonné sur plusieurs phases. Or, d'après certains témoignages, cette opération ne s'est jamais réalisée. Des agriculteurs avaient installé des bacs sans se conformer aux dispositions du cahier des charges, d'autres avaient construit ces mêmes bacs avec de la terre et des pierres, des matériaux qui n'assurent aucune imperméabilité à l'édifice lui permettant de stocker de l'eau. L'audition d'un ex-employé de la Crma accusé dans cette affaire est fort révélatrice du peu de cas que se faisaient certains des deniers publics. Ce dernier a révélé que les services agricoles de la daïra qui étaient liés par un contrat avec un fournisseur pour doter les fellahs de la région d'un équipement pour le système d'irrigation au goutte-à-goutte ont annulé ce document pour, par la suite, conclure le même contrat avec son épouse (?!) Le nouveau document liant la DSA à ce fournisseur ne mentionnait pas la fourniture des équipements du système du goutte-à-goutte qui continuait pourtant à figurer sur les factures qu'ils présentaient à la Crma sans que cela n'attire l'attention de qui que ce soit. Des exemples dans ce genre de laisser-aller foisonnent dans cette affaire qui a permis à des individus, sans relation aucune avec la terre, de bénéficier de fonds importants qu'ils ont investis dans le commerce informel, comme l'ont reconnu certains au cours du procès. L'audition des témoins à charge et à décharge permettra de délimiter les responsabilités et de comprendre encore mieux les tenants et les aboutissants de ce scandale.