A ses grands hommes l'Algérie reconnaissante Militant précoce de la cause nationale, Ahmed Ali Ghazali s'est éteint le 4 juillet dans la discrétion à l'âge de 75 ans au terme d'une très laborieuse vie pleinement consacrée à l'édification de son pays, sorti exsangue d'une guerre de libération particulièrement ravageuse. Il se distingua tout particulièrement dans les années 1970 à l'occasion du programme spécial de la wilaya de Tizi Ouzou, qu'il mena au pas de charge en insufflant une dynamique de développement à cette région qui avait payé, comme on le sait, un très lourd tribut à la colonisation. La population, mais beaucoup plus encore ses collaborateurs, ont gardé le souvenir de ce grand commis de l'Etat, portant des bottes pour visiter à l'improviste les nombreux chantiers d'édification qu'il avait ouverts sur l'ensemble du territoire de la wilaya, ainsi que les usines et exploitations agricoles dont il surveillait de près le fonctionnement. Tizi Ouzou lui doit pratiquement tous les équipements collectifs aujourd'hui encore en activité, à commencer par ses instituts d'enseignement, sa maison de la culture, ses hôtels touristiques, son stade de football, sa piscine, ses multiples lycées et CEM, sans omettre, tout ce qui fut réalisé sous son autorité en matière d'habitat et de travaux publics. Son autorité sur les maires était telle que les communes de Kabylie se distinguaient par leur propreté et la diligence de leurs services publics. La notoriété de l'efficacité d'Ahmed Ali Ghazali était telle que le président Houari Boumediène lui vouait un grand respect, qu'il lui exprimait par de grandes accolades. Il était, affirme-t-on, le seul wali algérien à bénéficier d'un tel égard de la part de l'austère chef d'Etat. Muté en 1974 à la wilaya de Annaba, d'où étaient issus les plus hauts dignitaires du pouvoir de l'époque, il entreprit un travail tout aussi colossal en s'appuyant sur de jeunes cadres fraîchement sortis des universités, mais tout à +++fait ravis de travailler avec ce haut commis de l'Etat qui, non seulement, s'intéressait de près à leur travail, mais les protégeait contre les lourds désagréments de la vie qui ne manquaient pas en ce temps-là. Le bilan de ses réalisations sur le territoire de la wilaya de Annaba est époustouflant : plusieurs dizaines de milliers de logements, des centaines de lycées, CEM et écoles, des hôpitaux et de nombreuses polycliniques ainsi que divers instituts de formation. Ces brillants résultats lui valurent d'être nommé au poste de ministre des Travaux publics qu'il n'occupa que durant deux années au cours desquelles il plancha sur certains grands projets autoroutiers qu'il parviendra, à l'instar de la rocade sud d'Alger, certains ponts à construction rapide pour désengorger la capitale, la route Alger-Tizi Ouzou, Alger- Sétif, à mettre en chantier. Mais c'est surtout au ministère de l'Urbanisme, de la Construction et de l'Habitat qu'il se distinguera le plus en prenant notamment en charge la reconstruction de la région de Chlef gravement ébranlée en octobre 198O par un violent tremblement de terre. Mettant à contribution toutes les entreprises du secteur qu'il suivait directement, il parvint en moins de deux années à recaser toutes les familles touchées par le séisme en édifiant des milliers de logements et chalets accompagnés d'équipements collectifs tels qu'écoles, CEM, lycées, hôpitaux, surfaces commerciales, etc. Sa haute contribution à l'effort national de construction de logements est par ailleurs indéniable. Durant les 6 années qu'il passa au ministère de l'Habitat, il livrait et sans tricherie en matière d'évaluation, entre 90 000 et 100 000 logements par an. Il n'existe pas une seule wilaya du pays où ne se sont pas édifiées sous son autorité de nouvelles cités d'habitat accompagnées d'équipements collectifs indispensables. Les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur, de l'éducation nationale et de la jeunesse et des sports n'ont jamais comptabilisé autant de réalisations d'hôpitaux, d'universités, de lycées et de stades que durant l'époque où Ahmed Ali Ghazali présidait aux destinées du ministère de l'Habitat. Après son éviction de ce département ministériel, il fera une courte carrière au sein du parti FLN en tant que président de la commission des affaires économiques et sociales avant d'être nommé en 1989 en tant qu'ambassadeur à Dubaï où il séjourna jusqu'en 1992. Il fut par la suite élu au poste de secrétaire général adjoint de l'Organisation de la conférence islamique qu'il occupa de 1995 à 2005 à Djedda, avant de prendre sa retraite. Sa très laborieuse carrière de bâtisseur infatigable aura évidemment, très tôt, de lourdes conséquences sur sa santé qui chancellera au fur et à mesure des années pour l'emporter ce 4 juillet. Il fut enterré le 6 juillet au carré des Martyrs du cimetière d'El Alia en présence de ses nombreux compagnons et amis parmi lesquels de hautes personnalités. A ses grands hommes, l'Algérie reconnaissante.