Comme tous les étés, la région Est d'Alger connaît une recrudescence d'attaques terroristes. Cette année, la menace kamikaze plane à nouveau sur Alger. Quelles sont les cellules d'AQMI qui sèment la terreur ? Comment survivre quand on perd un fils ? Qui la lutte antiterroriste surveille-t-elle ? El Watan Week-end fait le point sur le dossier le plus chaud de l'été. «Papa, Papa». Adam, 2 ans, pleure et réclame son père. Mais Farid Aboud, 34 ans, ne pourra plus le prendre dans ses bras. Ce jeune militaire, officier de liaison d'aviation, est décédé des suites de ses blessures après l'attentat du 24 mai dernier sur la route de Ouled Benfoudil, sur les hauteurs surplombant la ville de Kadiria, à 30 km à l'ouest de Bouira. La bombe se trouvait à proximité d'un ralentisseur et a été actionnée à distance. En plus de son petit garçon, il laisse derrière lui trois frères, quatre sœurs et des parents encore sous le choc qui refusent d'admettre la perte de leur fils. «C'était un invalide de l'armée. Il était sur le point de finaliser son dossier de retraite. Et puis, il est tombé dans cet attentat terroriste», raconte Ahmed, son père, les larmes aux yeux. Dans le salon de la maison familiale, à Ighil n'Si Ali (Taghzout), ses proches pleurent toujours. «Je réclame une enquête, poursuit son père. Les éléments de la Protection civile ont mis plus d'une heure de retard pour se rendre sur le lieu du drame. Mon fils a rendu l'âme à l'hôpital de Lakhdaria.» Nna Hadjila, la mère de Farid, prend le portrait de son fils dans ses mains comme pour nous prendre à témoin, reste inconsolable. «Nous avons passé plus de vingt jours à veiller sur Adam. Il ne cesse de nous demander et de répéter ‘‘Où es papa ?''. Comment voulez-vous pardonner à ceux qui ont fait couler le sang de mon fils et comment voulez-vous pardonner à ceux qui ont aidé ces terroristes à commettre cet attentat ?», fulmine Ahmed. Pour mon pays «Les terroristes ont détruit ma vie. Ils m'ont volé mon fils. Pourquoi l'a-t-on privé de vivre ? Pourquoi l'a-t-on enlevé à tous ceux qui l'adoraient ?», se demande avec rage Abdelhak, le frère de Farid. Pourtant, la région où est tombé Farid est connue. «Je lui ai conseillé à maintes fois de ne plus mettre les pieds dans cette zone, poursuit Ahmed. Mais à chaque fois, il me répondait la même chose : ‘‘Père, si je meurs un jour, je meurs pour mon pays''.» Ce 24 mai, le destin s'est acharné. Farid était en compagnie d'un autre militaire, Sahili Belkacem, originaire de Haïzer. Ils se rendaient à la caserne de Ouled Benfoudil pour un suivi médical comme ils avaient l'habitue de le faire depuis trois ans. Car Farid avait été blessé lors de l'attentat kamikaze qui a ciblé le secteur militaire de Bouira, le 20 août 2008. Depuis, il n'entendait plus très bien. A leur retour, et à quelques kilomètres de ce campement militaire, une bombe artisanale a explosé à leur passage. Farid est parti, en emportant avec lui son rêve, celui d'achever les travaux de sa nouvelle maison. «Les islamistes ont tué mon fils… Il n'est plus là, ni même son sourire d'ailleurs qui nous a quittés à jamais», nous confia Hadjila, avant de s'emmurer dans un profond et triste silence.