L'activité industrielle des secteurs public et privé a marqué une régression durant le troisième trimestre de cette année 2005. Une enquête d'opinion auprès des chefs d'entreprises réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) a révélé qu'une bonne partie du potentiel de production n'a pas été utilisée par les entreprises algériennes. Cette enquête révèle surtout le décalage entre les secteurs privé et public. Le niveau d'approvisionnement en matières premières reste ainsi inférieur aux besoins exprimés, selon l'opinion de 31% des industriels publics, alors que pour 90% des interrogés du secteur privé ce niveau équivaut aux besoins. C'est justement ce qui explique, selon l'APS, que près de 29% du potentiel de production du secteur public a enregistré des ruptures de stocks causant des arrêts de travail de plus de 10 jours à près de 17% de ce potentiel dont près de 80% de plus de 30 jours, selon les calculs de l'ONS. La régression de l'activité industrielle s'explique aussi par le fait que plus de 29% du potentiel de production du secteur public et près de 69% de celui du privé ont enregistré des pannes d'électricité, provoquant des arrêts de travail supérieurs à six jours dans de nombreuses entreprises. Comble de malchance, les entrepreneurs ont également subi le problème de l'équipement. L'enquête précise que plus de 69% de la production du secteur public et près de 66% de celle du privé ont connu des pannes d'équipement en raison de la vétusté des matériels. Ces pannes, signale la même source, ont occasionné des arrêts de travail de plus de 6 jours pour plus de 70% des entreprises concernées dont près de la moitié à plus de 13 jours. Plus de 62% des chefs d'entreprises du secteur public et seulement 23% de ceux du privé déclarent pouvoir produire davantage en renouvelant l'équipement et sans embauche supplémentaire de personnel, alors que près de 47% des patrons privés et moins de 13% de ceux du public affirment pouvoir produire davantage seulement en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension. La demande en produits fabriqués a encore augmenté pour les deux secteurs. Les prix de vente des produits ont légèrement été revus à la hausse, selon les industriels publics, alors qu'ils sont restés stables, de l'avis des privés. La baisse du rythme de production n'a pas empêché les entrepreneurs (près de 74% du secteur public et 64% de ceux du privé) de satisfaire les commandes. Pas moins de 62% des chefs d'entreprises du secteur public et plus de 56% de ceux du privé déclarent avoir des stocks de produits fabriqués. Selon l'ONS, plus de 40% du potentiel de production des deux secteurs ayant répondu à l'enquête ont exporté durant ce trimestre et un peu moins de 27% ont des contrats d'exportation à satisfaire pour le prochain trimestre. Quant aux effectifs, ils continuent leur tendance à la baisse pour le secteur public, à cause des départs à la retraite, et ont augmenté dans le secteur privé en raison, selon eux, de l'amélioration des conditions de travail. Les entreprises privées (52%) et publiques (13%) se plaignent des difficultés à recruter le personnel d'encadrement. Quelque 24% des patrons publics et 10% du privé déclarent que le niveau de qualification du personnel est encore insuffisant. Ceci représente, pour 89% des entrepreneurs, un frein à la production. La trésorerie d'une manière générale a encore évolué négativement pour les entreprises des deux secteurs et cela persiste depuis plusieurs trimestres, relève l'ONS. Cette évolution est due à l'allongement des délais de recouvrement des créances, aux remboursements d'emprunts et au ralentissement de la demande, selon les chefs d'entreprises publiques. Les privés l'attribuent, par contre, aux remboursements d'emprunts et aux charges qu'ils estiment élevées. L'ONS note encore, par ailleurs, que 22% du potentiel de production du secteur public et près de 33% de celui du secteur privé ont recouru à des crédits. Côté prévisions, les chefs d'entreprises estiment que la production et la demande connaîtront une hausse durant le 4e trimestre pour les deux secteurs, tandis que les prix de vente resteront stables, de l'avis du privé, et augmenteront, selon les patrons publics. En revanche, les effectifs devraient s'inscrire à la baisse dans les deux secteurs, conclut l'enquête de l'ONS.