Abou Djerra Soltani a demandé aux Algériens d'être nombreux à l'accueillir à l'aéroport, faisant semblant d'oublier que contrairement à tous les aéroports du monde, ceux qui n'ont pas de billet d'avion ne sont pas autorisés à entrer dans celui d'Alger. Des bouquets de fleurs ont été rapidement plantés sur le parcours, feignant d'oublier qu'une fleur ne peut pas naître en deux jours. Un grand panneau sur l'autoroute annonce que « toute l'Algérie est soulagée », faisant semblant d'oublier que les informations non prouvées sont passibles de prison. Des dizaines de fillettes seront revêtues de petites robes folkloriques, faisant semblant d'oublier que même en Algérie, il fait froid en hiver. Des joueurs de zorna joueront un air de bienvenue, faisant semblant d'oublier que la musique est fondamentalement illicite et peut constituer une « atteinte aux mœurs nationales ». Des protocolaires offriront du lait selon la tradition, faisant semblant d'oublier qu'il est importé d'Europe. Des généraux en galons viendront pour le salut, faisant semblant d'oublier qu'ils ne sont plus aux commandes du pays. Des ministres viendront poser leur sourire, faisant semblant d'oublier qu'ils pensent déjà aux guerres de succession. Les seuls qui n'oublieront pas seront les dirigeants d'Air Algérie qui feront tout pour arriver à l'heure, faisant oublier tous les retards de l'année. Le Président rentrera dans son pays un peu en retard, mais les Algériens le savaient à l'avance. Le Président dormira ce soir chez lui après avoir signé la loi de finances, formalité incontournable au 31 décembre, même si chacun fait semblant d'oublier que l'Algérie officielle est calquée sur le calendrier international et que fêter le passage à une nouvelle année n'est donc pas une hérésie. Une signature en bas de paragraphe. Pour peut-être vers de nouvelles aventures repartir.