Déçus par le maigre programme de l'ENTV, les Algériens se sont tournés vers les chaînes de télévision satellitaires. Si dans le passé, les téléspectateurs braquaient leurs regards essentiellement sur les programmes des chaînes arabes, la nouveauté, cette année, est la fuite vers les chaînes françaises durant le mois sacré. «Je ne regarde que les chaînes françaises. La carte BIS m'a coûté 12 000DA/an, mais cet abonnement me permet d'avoir accès à une trentaine de chaînes», appuie Fouad, cadre dans le domaine de la communication. Tout de même, Nessma TV et le groupe MBC arrivent toujours à capter l'attention des Algériens, malgré le foisonnement des chaînes satellitaires, de surcroît arabes. Les autres chaînes, à l'instar d'Abu Dhabi TV, continuent à séduire les Algériens, notamment avec la programmation de feuilletons turcs. «Je préfère suivre les feuilletons turcs que j'avais l'habitude de voir avant le Ramadhan», témoigne Nacira, femme au foyer. Cette dernière estime que l'inertie s'est abattue sur la télévision algérienne ainsi que sur d'autres chaînes arabes. Le printemps arabes se serait-il répercuté négativement sur la production de ces chaînes ? D'après les témoignages recueillis, les révoltes ne peuvent en aucun cas être à l'origine de cette «stagnation». Certaines chaînes du pays initiateur de la révolution arabe, à l'instar de Nessma, se retrouvent avec une grille des plus riches. «Le programme de Nessma TV demeure incontestablement le meilleur», assure Farida, fonctionnaire dans une entreprise privée, qui se dit accro de cette chaîne tunisienne. D'après cette mère de famille, le contenu du programme de cette chaîne qui se veut magrébine répond dans une large mesure aux attentes des Algériens. Cet avis est partagé par de nombreux citoyens rencontrés. «Même pour ce qui est des recettes de cuisine, je préfère celles proposées par cette chaîne. C'est plus facile à les préparer et elles sont économiques», fait-elle remarquer. Il convient de rappeler qu'au moins une dizaine d'acteurs et d'animateurs algériens font le bonheur de cette chaîne qui gage sur la satisfaction d'un large public, en l'occurrence magrébin, en dépit des spécificités de ce dernier. Outre Nessma TV, MBC est également très regardée par les Algériens en ce mois sacré. Nombreux sont ceux qui se ruent sur la grille variée du groupe MBC. «Je regarde généralement cette chaîne (MBC) le soir. Elle propose des films que nous ne trouvons pas dans les chaînes algériennes», révèle Amine, trentenaire, commerçant de son état. Les chaînes d'information sont également assez regardées en ce mois sacré, surtout avec la poursuite de la révolution arabe notamment en Libye et en Syrie. Les Algériens ne semblent pas vouloir rater le développement des événements tragiques qui frappent ces pays. «Je regarde El Jazeera et El Arabia. Je m'intéresse de près à ce qui se passe dans les pays arabes», témoigne avec regret un quinquagénaire. Ainsi, les révoltes dans les pays arabes semblent modifier un tant soit peu les habitudes d'une bonne partie des téléspectateurs algériens, qui ne regardent à présent que les chaînes d'informations. Pour des raisons religieuses, d'autres préfèrent suivre les programmes des chaînes thématiques à caractère essentiellement scientifique. Les enfants, quand à eux, trouvent leur refuge dans les chaînes de dessins animés et autres à caractère ludique. A ce titre, Manga-TV est pour les enfants algériens le royaume de l'imaginaire.