Le pays arabes ont enfin daigné s'exprimer sur la répression qui s'abat sur la population syrienne avec une violence inouïe depuis plus de 5 mois ! La première réaction arabe a émané hier des membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), organisation régionale regroupant six pétromonarchies arabes et sunnites (Arabie Saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Qatar). Dans un communiqué diffusé très largement à travers la presse internationale, le CCG a exhorté le régime syrien à mettre «fin immédiatement à la violence (...) et à l'effusion de sang». Tout en se disant inquiets face à «la recrudescence de la violence et l'usage excessif de la force qui a provoqué de nombreux morts ainsi qu'un grand nombre de blessés», les membres du CCG ont également appelé Damas à «la raison et à l'introduction de sérieuses et nécessaires réformes protégeant les droits et la dignité du peuple et répondant à son aspiration». Le communiqué du CCG intervient au lendemain de l'assassinat par les forces de sécurité syriennes de 22 manifestants dans de nombreuses villes du pays. A rappeler que depuis le début du soulèvement à la mi-mars contre le régime du président Assad, au moins 2000 personnes ont péri. Mais bien qu'elle soit la bienvenue, la réaction du CCG est néanmoins caractérisée par une certaine frilosité. Les membres du CCG ne condamnent pas clairement par exemple les assassinats de civils comme cela a été fait par de nombreux pays occidentaux. Mais même tardive et diplomatiquement «trop correcte», la réaction du CCG aura tout de même eu le mérite de briser le silence honteux et scandaleux entretenu par les pays arabes autour de la situation en Syrie. Frilosité Même la Ligue arabe qui a été d'une réactivité pour le moins des plus inhabituelle sur le dossier Libyen n'a, à ce jour, entrepris aucune initiative pour amener Damas à arrêter les tueries. En multipliant les offensives diplomatiques au double plan régional et international, le CCG s'affirme en revanche comme le nouveau leader du monde arabe. Le constat est d'autant plus vrai depuis le début des révolutions arabes. Celles-ci ont en effet contraint, pour un temps, des pays comme le Maroc, l'Algérie, la Libye, la Tunisie et l'Egypte, qui jusque-là étaient habitués à peser sur le cours des événements, à laisser le champ libre aux monarchie du Golfe afin de s'occuper davantage de leurs soucis internes. Aussi, il est fort à parier que durant les prochains mois, la volonté de la Ligue arabe sera encore le reflet de la volonté des membres du CCG, dont l'organisation est fortement soutenue par les Etats-Unis et l'Europe. Inspirée directement par Washington, il paraît plus qu'évident que la sortie d'hier du CCG va accentuer l'isolement international du régime de Damas. Les pressions diplomatiques se sont d'ailleurs multipliées sur Bachar Al Assad ces trois derniers jours à un rythme assez soutenu. Même ses plus fidèles alliés, à l'image de la Russie refusent désormais de cautionner la répression. La promesse faite par Damas d'organiser avant la fin de l'année des élections libres et transparentes pour élire un nouveau Parlement ne semble pas avoir dissuadé la communauté internationale de tout mettre en œuvre pour obtenir le départ du régime de Bachar Al Assad. La Maison-Blanche a annoncé vendredi que le président américain, Barack Obama, son homologue français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel s'étaient mis d'accord pour «envisager des mesures additionnelles pour faire pression sur le régime syrien et soutenir le peuple syrien». Pas loin qu'hier aussi, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a estimé que le président syrien n'avait plus d'avenir politique. Au plan des sociétés civiles, la solidarité avec le peuple syrien s'organise aussi à travers le monde arabe. Vendredi soir, des centaines de personnes ont manifesté au Koweït en solidarité avec le peuple syrien et appelé à l'expulsion de l'ambassadeur de Syrie et au rappel de celui du Koweït en poste à Damas. Une manifestation similaire devait également avoir lieu hier devant l'ambassade de Syrie à Alger.