Chaque jour qui passe en Syrie dévoile encore plus la folie meurtrière du régime de Bachar Al Assad. On ne compte plus les victimes de la machine à tuer déployée contre le peuple syrien dans plusieurs villes du pays. L'ampleur de l'horreur a fini par arracher un début de protestation au sein du monde arabe jusqu'à l'imam de la mosquée d'El Azhar qui juge que la situation a dépassé les limites. Une réaction qui fait suite au rappel par l'Arabie Saoudite et d'autres pays arabes de leurs ambassadeurs à Damas pour consultation et à la condamnation de la répression par les monarchies du Golfe et par le secrétariat de la Ligue arabe. Le ton a sans doute été donné par le roi Fahd qui a exprimé son exaspération face à l'obstination de Bachar Al Assad. Exaspération aussi du voisin turc qui a fait preuve jusqu'à présent de modération à l'égard de son encombrant voisin. Les Occidentaux, quant à eux, évoquent de plus en plus l'éventualité de mesures contre la Syrie, alors que jusqu'à présent, seuls quelques dignitaires et des personnalités du régime ont fait l'objet de sanctions. Certains évoquent même l'éventualité d'un embargo sur le pétrole et le gaz. Face à une telle fébrilité de la scène arabe et internationale, l'atonie de la diplomatie algérienne et l'absence de réaction officielle à l'égard d'une situation considérée pour le moins préoccupante du peuple syrien reste une véritable énigme et a de quoi susciter une certaine inquiétude. Une passivité et une inertie déjà remarquées lors du printemps arabe ou encore à l'occasion de la crise libyenne, ce qui a laissé supposer un certain parti pris aux côtés du régime d'El Gueddafi, d'autant que la télévision de Tripoli a montré des manifestants brandissant des drapeaux d'Algérie et de Syrie, deux pays opposés à toute action internationale contre le régime libyen. Dès lors, en l'absence de toute réaction énergique algérienne pour condamner la répression en Libye, tout pouvait être plausible. L'attitude timorée de la diplomatie algérienne a ouvert la porte à toutes les supputations et fait croire par la même avec les événements qui se déroulent en Syrie que l'incompétence et le manque de professionnalisme ont peut-être pris le dessus, alors que les diplomaties arabes font preuve par ailleurs de clairvoyance. Tout porte à croire quand on regarde de plus près que l'on est bel bien confronté à une incurie, peut-être voulue, mais pas forcément par les diplomates.