Longtemps oubliée dans les méandres régionalistes d'une assemblée populaire de wilaya et les limites criantes de ses élus qui, loin de toute vision globale et harmonieuse, ne conçoivent le développement qu'aux portes de leurs « archs » et autres hameaux, la région est de la wilaya commence doucement à sortir de son cloisonnement. Avec la concrétisation du projet du périmètre irrigué Zit El Anba, elle est même appelée à vivre un grand essor qui se répercutera sur l'ensemble des sept communes qui forment la région.Le projet assurera l'irrigation en première tranche de 2516 ha. Lancée déjà au mois de mars dernier, cette première tranche devra être réceptionnée avant la fin de l'année 2007. La deuxième tranche de près de 4000 ha ne sera lancée qu'une fois la première finalisée. Cette option s'apparente en fait à une prudence signifiée par les pouvoirs publics qui semblent hésiter à accroître le volume du projet et préfèrent plutôt « attendre pour voir ». Ils donnent aussi l'impression d'avoir bien assimilé la leçon du semi-échec du périmètre irrigué de Saf Saf, qui depuis son lancement en 1984, n'est toujours pas achevé. Il serait aujourd'hui à 60 % d'achèvement plutôt défaillant alors qu'il a largement consommé autant de temps que d'argent. La réalisation du périmètre de Zit El Anba a été attribuée à Sino Hydro, une entreprise chinoise pour une enveloppe globale de 1,9 milliard de dinars. Il est constitué selon le directeur de l'hydraulique de la wilaya de Skikda de plusieurs lots. Il en énumérera l'essentiel en rapportant que « sommairement, le projet consiste à réaliser un réseau de distribution de 61 km, une grande station de pompage de 1650 l/sec, deux réservoirs de 4500 et 2800 m2, un fossé de drainage des plaines sur un linéaire de 30 km, l'aménagement de pistes d'exploitation ainsi que l'implantation d'un barrage vert de 20 km ». Au sujet du respect des délais de réalisation, le directeur de l'hydraulique a jugé que les travaux engagés laissent déjà entrevoir de belles perspectives et d'ajouter que « le contrat liant la société chinoise à l'Office national de l'irrigation et du drainage estime la durée de réalisation à 24 mois. Les Chinois ont déjà démontré leur détermination effective à honorer leurs engagements » et d'expliquer : « Appréhendant d'être à court de matériaux de construction indispensables, comme les canalisations, les Chinois sont allés jusqu'à décider de monter leur propre usine pour la fabrication de canalisations. C'est une unité qui entrera en production au courant du mois de janvier et qui aura à produire des canalisations en précontraint dont les diamètres varient entre 500 et 1200 mm. Ce sera à mon sens l'une des rares usines à produire des canalisation de cette importance. D'ailleurs, une réflexion est engagée au niveau local pour étudier l'éventualité de garder cette unité une fois le projet achevé. » L'usine, préalablement conçue pour le projet de Zit El Anba, aura aussi à appuyer d'autres projets comme celui de la station d'épuration de la ville de Skikda attribué, lui aussi, à une entreprise chinoise et qui accuserait, selon certaines informations, un grand manque en canalisations appropriées. Au sujet des portées du périmètre sur la région, le directeur de l'hydraulique s'est contenté d'évoquer les opportunités d'emploi que drainera sa mise en exploitation, il dira : « Sans trop s'immiscer dans le volet agricole propre au périmètre, on peut avancer que l'éventualité de l'emploi est nettement intéressante compte tenu des statistiques qui estiment qu'on emploi trois personnes pour chaque hectare. » Ce qui revient à dire qu'approximativement, plus de 7000 agriculteurs auront à y travailler. Le même ton d'euphorie est à relever au niveau des services agricoles. Normal. La région concernée par le périmètre est l'une des plus riches de la wilaya de Skikda, sinon la plus riche. Ses potentialités agricoles sont indéniables, puisqu'elle ceinture, à elle seule, près de la moitié de la surface agricole utile de la wilaya de Skikda. Les sept communes qui forment cette région assurent également plus de 40 % de la production laitière et 90 % des cultures industrielles, toutes spéculations confondues. Plus de 30 % des légumes secs, 60 % de la production viticole, 50 % de la production de l'orange... sont assurés par cette région. Idem pour la production animale, puisque plus de 50 % des vaches laitières de la wilaya de Skikda sont élevées dans sa région est. C'est le pays par excellence de la tomate, de la pastèque, des agrumes... Le projet du périmètre, comme l'ensemble des projets initiés dans le cadre du développement de l'agriculture, vient à temps pour redonner un peu d'attrait aux 148 000 habitants de cette région d'autant que plus de 50 % de la population active travaillent dans le secteur agricole. C'est aussi l'avis de M. Daoud, cadre à la direction des services agricoles de Skikda qui déclare d'emblée : « On attend beaucoup de ce projet. » Pour exposer par la suite les attentes et les prévisions de la DSA : « Conformément au schéma directeur de développement agricole de notre wilaya qui a été établi en rapport avec la spécificité de cette région et aussi de l'apport du barrage de Zit El Anba, nous entendons avec la réception de ce périmètre réaliser plusieurs actions. » Il citera, entre autres, le développement des cultures fourragères qui seront destinées à l'élevage bovin laitier moderne « cette action devra répondre aux besoins des éleveurs, puisque la région est connue pour être un important bassin laitier », précisera-t-il. Il évoquera l'opportunité de développer les cultures en intensif, chose qui permettra de multiplier par 5 le rendement par hectare et mentionnera aussi la possibilité qu'offrira le périmètre pour continuer à développer la culture des agrumes, le maraîchage intensif, la culture du coton et les culture industrielles dont 95% de leur solde sont représentés par la tomate.