En 2010, les volumes de gaz naturel exportés par l'Algérie ont à peine atteint les 55,28 milliards de mètres cubes. Le temps de la surproduction de gaz pourrait toucher à sa fin plus tôt que prévu. L'Algérie, qui voit la part de sa production et de ses exportations de gaz naturel se réduire comme peau de chagrin, devra relever un double défi : conserver ses parts de marchés traditionnels et opérer les meilleurs choix de commercialisation afin d'assurer la rentabilité de ses investissements gaziers. Les nouvelles prévisions de Wood Mackenzie estiment que la surproduction globale de gaz pourrait s'achever en 2013, voire au cours de l'hiver 2012, au lieu de 2015. Dans un entretien qu'il a accordé à Pétrole et gaz arabes, Noel Tomnay, responsable Global Gas – Gas & Power Research chez Wood Mackenzie, a estimé qu'il n'est pas envisagé «au moins dans les dix prochaines années ou plus, que la percée des gaz non conventionnels en Europe soit à ce point forte qu'elle représente un défi sérieux pour le gaz conventionnel transporté par gazoduc». Le gaz naturel demeurera encore et pour longtemps l'une des principales sources d'énergie en Europe, même si le boom des gaz de schistes aux Etats-Unis a contribué à plomber les cours sur les marchés spot et ouvert une marge de manœuvre pour les grands acheteurs européens de gaz pour négocier des conditions commerciales favorables. Toutefois, Noel Tomnay estime que cette fenêtre «d'opportunités des concessions» tend à se fermer, ce qui explique, selon lui, la persistance des acheteurs à faire pression sur les vendeurs de gaz afin de changer les contrats actuels et indexer les prix du gaz du marché à long terme sur ceux du marché spot. Toutefois, prévient-il, les prix spot pourraient dépasser ceux des contrats à long terme. Les prévisions de la société de consultants jettent un doute sur les projections stratégiques de la compagnie nationale des hydrocarbures concernant la nécessité de préserver, à tout prix, ses contrats à long terme sur le marché européen. Quelles prévisions pour Sonatrach ? Elle devra ainsi composer avec les meilleures solutions offertes aussi bien sur les contrats que sur le marché spot pour s'assurer de céder son gaz aux meilleurs prix et rentabiliser ses investissements gaziers. La compagnie devra d'ailleurs faire face aux retards pris dans ses projets de développement du gaz naturel liquéfié (GNL) d'autant que Wood Mackenzie n'écarte pas des tensions sur la disponibilité du GNL, induisant de fait une concurrence féroce entre l'Asie et l'Europe pour l'approvisionnement. Le cabinet de consultants avait indiqué il y a quelques mois que des capacités additionnelles de production de gaz naturel liquéfié de 150 millions de tonnes seraient requises d'ici 2025. Une situation qui, si elle tend à se confirmer, pourrait creuser le recul de l'Algérie sur le marché gazier, laquelle fait déjà face à la concurrence des gaz russe et qatari sur ses marchés traditionnels. Selon les chiffres avancés par le FMI, rien qu'en 2010, le pays a enregistré une baisse de 10% de ses exportations de GNL avec même l'arrêt de la commercialisation de gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis et en Belgique. Cette baisse ne peut s'expliquer au seul argument de la morosité du marché nord-américain puisque l'Algérie a du mal à maintenir ses exportations de gaz au-delà des 60 milliards de mètres cubes annuellement. En 2010, les volumes de gaz naturel exportés ont à peine atteint les 55,28 milliards de mètres cubes. Ce sont les capacités du domaine minier national qui semblent atteindre leurs limites. Car malgré tous les efforts entrepris pour substituer la production des gisements en déclin, la part de la production de gaz à commercialiser a baissé de 88,2 milliards de mètres cubes à 83,9 entre 2006 et 2010. Et comme pour confirmer cette tendance à la baisse, le groupe minier australien BHP Billiton vient de publier un bilan affichant une baisse de 8,7% de sa production en Algérie.