Après 13 ans de bons et loyaux services auprès du palais royal, Mohamed Anwar Al-Hadid a quitté le monde de la politique. Même si son allégeance au roi Abdullah II reste intacte, il préfère aujourd'hui se consacrer à la gestion des multinationales familiales. Sa tribu, les Al Hadid, occupe toujours le devant de la scène politique en Jordanie et apporte un fervent soutien au monarque. - Sur fond de révoltes dans les pays arabes, comment expliquez-vous la stabilité dont jouit la Jordanie ? Si notre royaume a toujours été stable, c'est parce que nous connaissons la valeur de la stabilité, et que nous lui accordons une grande importance. Regardez nos voisins : tous les pays de la région sont enlisés dans des conflits. Nous recevons aussi énormément de réfugiés d'Irak, de Palestine et aujourd'hui de Syrie. Le peuple jordanien a face à lui des exemples de pays aux prises avec des situations très délicates. Ici, personne, ni le peuple ni le gouvernement, n'a envie de voir la nation sombrer dans une guerre ou une révolution. Nous vivons bien et nous ne voulons pas que la situation change. - Pourtant depuis six mois, il y a des manifestations chaque semaine. Des jeunes descendent dans la rue et réclament le changement. En juillet, l'une de ces manifestations a même été violemment réprimée. Comment l'expliquez-vous ? Comme chaque pays, nous avons nos agitateurs en Jordanie. Ces personnes œuvrent à dessein personnel et manipulent les jeunes comme des pions pour arriver à leurs fins. Nous les laissons manifester parce que nous considérons que la Jordanie est un pays démocratique, où chacun a le droit de s'exprimer librement. Quant à l'incident du mois de juillet, c'est un cas isolé. Les policiers qui ont perdu leur sang-froid et ont tabassé des journalistes et des manifestants ont été punis. Le roi a tapé du poing sur la table pour défendre le droit des médias. Les responsables savent à quoi s'en tenir à présent. Ils n'ont plus le droit à l'erreur. - Parmi ces jeunes qui manifestent chaque semaine, certains exigent que la Jordanie devienne une monarchie constitutionnelle. Qu'en pensez-vous ? Une monarchie constitutionnelle signifie que le roi règne mais ne commande pas. Or, c'est notre roi qui est garant de la stabilité du royaume. Toutes les tribus jordaniennes font allégeance aux Hachémites. Le roi Abdullah II et les tribus sont comme des jumeaux : ils garantissent mutuellement leur stabilité. Ils avancent côte à côte, si vous voulez. Si Sa Majesté n'avait pas le soutien des tribus, régner sur la Jordanie lui serait très difficile, voire impossible. De même que, si les tribus n'étaient pas réunies autour du roi, le royaume serait divisé. Le roi est le seul à rassembler tout le monde, et le soutien des tribus garantit la stabilité pour tous. - Vous dites qu'il rassemble tout le monde, pourtant certains membres de tribus se sont retournés contre lui et déclarent ouvertement vouloir la chute du roi… Le groupe des 36, si c'est bien d'eux dont vous parlez, est un groupe d'opposants qui a émergé il y a à peine un an. Comme leur nom l'indique, ils ne sont que trente six individus. Ils sont rejetés par toutes nos tribus. Ils insultent le roi et la reine Rania. Ils veulent diviser notre royaume. Mais je pense que mis à part le fait d'être outrageants, ils ne constituent pas une menace. Personne ne les suivra. Le roi considère la Jordanie comme un pays libre et démocratique, c'est pourquoi il les laisse faire. Il y a quelques mois, l'un d'entre eux était au Liban, et en a profité pour injurier le roi. A son retour, le roi lui a envoyé des gardes pour l'escorter de la frontière jusqu'à Amman. Sa Majesté avait peur que la population ne l'attaque en représailles. Le groupe des 36 est vraiment un groupe de fous furieux, qui n'a pas conscience de la chance que nous avons en Jordanie. Nous sommes encerclés par les conflits et la guerre et pourtant nous maintenons la stabilité pour notre peuple. Ce que nous continuerons à faire, tant que les Hachémites seront au pouvoir.