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Le Yémen entre aspirations démocratiques et pesanteurs des structures tribales
Pris dans l'étau de ses contradictions historiques
Publié dans La Tribune le 05 - 04 - 2011

Autrefois éden, le Yémen, qui symbolisait le paradis terrestre, le pays heureux, où le barrage de Ma'rab était ce qu'est le Nil pour l'Egypte, est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres de la planète, le plus pauvre du Moyen-Orient, avec un PIB n'excédant pas 900 dollars/hab.Même si la crise du Yémen basculait entre manifestations et latence depuis l'indépendance, c'est en 2008 qu'elle a pris des dimensions violentes et pérennes pour entamer ouvertement la crédibilité du pouvoir central, sa légitimité et le soutien dont il bénéficiait de la part des deux puissantes confédérations tribales du Nord que sont les Hachad et les Bakil. La stabilité politique et la sécurité du pays sont mises à rude épreuve depuis le début de 2008, signe de l'usure du pouvoir – le président Ali Abdallah Saleh est à la tête de l'Etat depuis 30 ans – et de la perméabilité du Yémen aux pressions extérieures. D'une part, la reprise des affrontements, en janvier, entre l'armée et la rébellion chiite zaydite dans la province de Saada, qui ont fait des milliers de morts et de déplacés depuis 2004, remet en cause le cessez-le-feu signé en juin 2007. D'autre part, l'Etat central est confronté à des revendications autonomistes dans l'ex-Yémen du Sud qui dénoncent la corruption du pouvoir. Elles ressurgissent comme le spectre de la guerre civile de 1994 qui s'était soldée par la défaite des sécessionnistes du Sud. Depuis le début de l'année 2011, Abdallah Saleh fait face à une révolte populaire qui le somme de quitter le pouvoir, exigeant des changements radicaux dans le système politique. Si les facebookers du Yémen ont allumé la mèche de la contestation socio-politique sans menacer les fondements du système yéménite, c'est la position des deux tribus du Nord et la résurgence des velléités sécessionnistes du Sud qui sonnent le glas du régime de Ali Abdallah Saleh.
La nature du système sociopolitique
Le tribalisme et les valeurs tribales étant prépondérants au Yémen, on pourrait croire que les Yéménites sont essentiellement des nomades. Or, il s'agit d'agriculteurs, voire de citadins attachés à leurs terres, dont la sédentarisation est souvent antérieure à l'avènement de l'islam. La tribu yéménite n'a aucune connotation ethnique mais concerne uniquement l'organisation sociale. La tribu est le groupe dont les membres se réfèrent à un ancêtre fondateur, que cette filiation soit mythique ou réelle. La tribu se divise en clans, qui se subdivisent en factions. Chaque faction comprend plusieurs familles, cellule sociale de base. A l'échelon supérieur, les tribus se regroupent en confédérations tribales, groupement de tribus apparentées et solidaires en cas de danger extérieur. On regroupe aujourd'hui la dizaine de milliers de tribus yéménites en deux grandes confédérations, les Hached et les Bakil, qui englobent l'essentiel de la population du Yémen du Nord. Elles sont incontestablement les plus influentes, aussi bien par leur poids politique que par leur importance numérique. Au Sud, les bases du système tribal ont été sapées par l'administration britannique, d'abord, par le régime communiste, ensuite. Le président de la République Ali Abadallah Saleh bénéficie de l'appui de la confédération tribale des Hached dont il est issu et de celui des Bakil. La deuxième force politique du pays, l'Islah, est dirigée par cheikh Abdullah Al-Ahmar, chef de la confédération tribale des Hached. Cela signifie qu'au Yémen, les tribus sont imbriquées dans l'Etat et que l'Etat est imbriqué dans les tribus. Les tribus yéménites jouent un rôle de contre-pouvoir face à l'«Etat centralisateur». Certaines tribus se sentent mal représentées au sein du système politique. S'estimant lésées par le pouvoir central et mal dotées en équipements collectifs (écoles, dispensaires, routes), elles manifestent leur mécontentement de différentes manières. L'une d'entre elles consiste à enlever des touristes, des coopérants ou des hommes d'affaires. Mais on assiste aussi à la destruction d'installations pétrolières. Compte tenu du nombre d'armes en circulation dans le pays (estimé à 60 millions environ, soit trois armes par habitant), l'armée est souvent impuissante face à des tribus déterminées et fréquemment forcée de capituler dans les confrontations. Au Yémen, les mentalités sont crispées autour des symboles de la tradition. On persiste à vouloir maintenir la tribu telle quelle, synonyme de fierté, base du pouvoir et structure capable de contrôler tous les domaines de la vie quotidienne et politique. Les tribus ont réapparu sur le devant de la scène depuis l'assassinat, en 1977, du président du Yémen du Nord, Ibrahim Al-Hamdi (remplacé par Ali Abdallah Saleh, toujours à la tête de l'actuel Yémen unifié). Par leur nombre, leurs richesses et la force de leurs armes, elles ont infiltré les organisations de la société civile jusqu'à en prendre le contrôle et débordé les institutions, l'armée et, plus généralement, l'Etat. Afin de se donner une couverture religieuse, elles se sont alliées à des partis extrémistes religieux pour emporter l'adhésion des couches inférieures de la population. A force de placer des personnes incompétentes à tous les degrés
de l'Etat, les tribus ont conduit à la situation catastrophique actuelle. Le Yémen connaît trois problèmes : le conflit avec les Houthistes, dans le Nord, l'installation de camps d'El Qaïda dans le pays, qui voudrait en faire sa base régionale, les manifestations quotidiennes des populations du Sud, qui souhaitent la sécession. Dans les trois cas, les tribus ont un rôle important. Dans les deux premiers, elles ont fourni des combattants et offert des lieux de repli. Dans le troisième, les hommes du pouvoir, issus des tribus du Nord, ont mis la main sur les biens du Sud après l'unification, en 1990, et surtout après 1994 (quand la tentative de sécession du Sud s'est soldée par un échec et par la victoire militaire du Nord). Les Nordistes ont alors chassé les perdants de leurs emplois, de leurs postes dans l'administration et de leurs positions dans l'armée. D'autre part, tout indique qu'il existe une alliance tacite entre le mouvement sécessionniste et les combattants d'El Qaïda installés dans les régions méridionales. Pour sortir de l'impasse, on évoque souvent la nécessité d'organiser un dialogue national. Celui-ci devrait être l'affaire de l'élite politique, des dirigeants de l'opposition ou des intellectuels. Or, les notables tribaux se livrent de plus en plus ouvertement à une compétition pour occuper l'espace public et pour y placer leurs pions. Ainsi, fin décembre, Hamid Al-Ahmar (homme politique et chef de la tribu influente, les Hached) a réuni une «commission de dialogue national» qu'il préside afin de désigner les membres des sous-commissions. Et voilà que des frères d'Al-Ahmar se retrouvent à la tête de deux d'entre elles, probablement pas en vertu de leurs compétences mais grâce à leurs liens de parenté. Dans le même temps, Hussein Al-Ahmar, qui est déjà président du «conseil pour la solidarité nationale», souhaite créer une autre commission de dialogue. La création de tant de commissions, de comités et de conseils ne manque pas d'étonner. Trop d'instances de dialogue tuent le dialogue, surtout si elles sont le fait d'un seul groupe (la tribu des Hached, à laquelle appartiennent les Al-Ahmar). Cherchent-ils vraiment des solutions pour sortir de la crise ou seulement un moyen de soutenir un clan et d'exploiter les divisions tribales (entre partisans et opposants du président Saleh, lui aussi un Hached) ? Le rôle des tribus se vérifie également dans le retour sur la scène politique de l'autre grande confédération tribale du Nord, celle des Bakil, ce qui suscite la crainte d'une entente entre l'opposition des Bakil au Nord et l'opposition sudiste. La demande d'aide faite aux Américains prouve que l'Etat yéménite a échoué. Les fils qu'il tirait pour manipuler tout le monde lui ont glissé des mains et il se retrouve empêtré.
Données historiques
Après la chute de Jérusalem en 70, des Juifs commencèrent à affluer dans le royaume himyarite ; ils furent rejoints par des missionnaires chrétiens à partir du IVe siècle. Le royaume fut en grande partie converti au judaïsme, que l'un des derniers souverains himyarites tenta d'imposer à tous. C'est pour protéger les chrétiens persécutés que les Ethiopiens envahirent le Yémen. Celui-ci a déjà été brièvement contrôlé par le royaume d'Aksoum, de 330 à 378, il fut de nouveau placé sous domination de l'Ethiopie de 525 à 575, avant d'être occupé par les Perses sassanides.En 628, le gouverneur perse du Yémen se convertit à l'islam,
qui avait été introduit par les Bédouins ; il entraîna dans sa démarche l'ensemble de son peuple, et de nombreuses mosquées furent alors construites. Le Yémen fut placé sous l'autorité successive des califes omeyyades, puis abbassides, et ses habitants, nombreux à servir dans les armées du calife, participèrent à l'expansion de l'islam. En 898, mettant à profit l'effondrement du pouvoir abbasside, l'imam Yahya ibn Husayn, qui prétendait descendre du calife Ali ibn Abu Talib, fonda une dynastie chiite. Son fondateur se réclamait de Zayd ibn Ali, que les chiites zaydites ont préféré à son frère, cinquième imam du chiisme. La dynastie zaydite se maintiendra jusqu'en 1962. Jusqu'au XVIe siècle, différentes dynasties chiites et sunnites s'affrontèrent pour le pouvoir au Yémen. En 1037, les Fatimides repoussèrent les musulmans zaydites au Nord, avant d'être évincés par Saladin, qui réunifia le pays. Malgré ces conflits, l'économie du Yémen prospéra. Ce fut également une période faste aux plans artistique et culturel, notamment sous le règne des Rassoulides, de 1229 à 1454.La brève incursion des Portugais qui contrôlaient l'océan Indien, au début du XVe siècle, marqua le début d'une période de conflits : les mamelouks, puis les Ottomans vinrent à la rescousse du Yémen. Ces derniers occupèrent Aden en 1538, pour étendre leur domination sur la presque totalité du pays, à l'exception du Nord tenu par les chiites zaydites. En 1635, les Ottomans furent chassés par les Zaydites. Ceux-ci, qui avaient fait d'Aden leur capitale, ne purent jamais imposer réellement leur autorité aux sunnites chafiites du Sud. Les Ottomans occupèrent de nouveau le Yémen en 1872 pour se protéger à la fois contre les wahhabites en Arabieet Méhémet Ali, vice-roi d'Egypte (1769-1849). En 1839, les Britanniques contrôlèrent le port d'Aden, une escale importante sur la route des Indes. En 1843, la ville, sous la dépendance de l'Empire colonial des Indes, devint une place forte. Cette installation s'avéra très importante, car elle permit à la Grande-Bretagne de signer des traités de «protection» avec de nombreux souverains ou chefs de tribu locaux. Les Britanniques finirent par contrôler les territoires qui formeront plus tard le Yémen du Sud. De son côté, le nord du Yémen resta à partir de 1849 sous la suzeraineté ottomane. En 1905, la division du pays était consacrée par un accord entre les Britanniques et les Ottomans.Ainsi, comme on peut le constater, l'origine des deux Yémen trouve sa source dans un héritage colonial. Si le Nord a été marqué par la présence des Ottomans, le Sud a été, jusqu'en 1967, un protectorat britannique. Cet héritage colonial s'est doublé d'une différence religieuse: le Nord est majoritairement zaydite, le Sud est plutôt chafiite. Les orientations politiques des deux régimes, le Yémen du Sud et le Yémen du Nord, furent donc fondamentalement différentes.
Le Yémen du Nord
Après des années de rébellion contre la domination ottomane, le nord du Yémen se vit accorder l'autonomie par l'Empire ottoman lors du traité de Dahan en 1905. L'indépendance fut acquise après le démantèlement de l'Empire en 1918. Les imams zaydites gouvernèrent de nouveau le Yémen, qu'ils conservèrent en autosuffisance jusqu'aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, le Yémen du Nord devint un membre fondateur de la Ligue arabe ; il entra aux Nations unies en 1947. Sous la gouverne de l'imam Yahya, le Yémen du Nord apparut comme un pays sous-développé et arriéré, fermé à toute influence étrangère. En 1948, le chef de l'Etat, l'imam Yahya, était assassiné : son fils Ahmad lui succéda. Victime d'un attentat, en 1961, il décéda l'année suivante et son fils fut déposé par l'armée qui proclama la République arabe du Yémen (RAY), présidée par le colonel, puis maréchal Abdallah Essallal.Cette révolution provoqua une violente guerre civile entre les royalistes, soutenus par l'Arabie saoudite et la Jordanie, et les républicains, appuyés par l'Egypte de Gamal Abdel Nasser, qui avait envoyé 70 000 hommes au Yémen. Un accord fut conclu en 1965 entre le président égyptien et le roi Fayçal ibn Abd al-Aziz d'Arabie saoudite afin de mettre un terme au conflit, mais seule la défaite des Egyptiens lors de la guerre des Six- Jours, en 1967, entraîna leur retrait effectif du Yémen. Essallal, un chiite, fut alors renversé par Abdarrahman El-Ariani, un sunnite. La réconciliation entre les royalistes et les républicains fut scellée en 1970 sous les auspices de l'Arabie saoudite qui reconnut officiellement la République arabe du Yémen. Après une période de conflits, le colonel Ali Abdallah Saleh accéda au pouvoir en 1978. Il engagea son pays en 1991 aux côtés de l'Irak durant la guerre du Golfe.
Le Yémen du Sud
En 1935, les Britanniques, après avoir conclu un accord avec l'imam Yahya, mettant un terme à la guérilla menée par le Nord, s'accordèrent avec l'Arabie saoudite sur la délimitation des frontières. À leur instigation, six émirats du Yémen du Sud formèrent, en 1958, une union, qui devint en 1962 la Fédération de l'Arabie du Sud, élargie à 17 Etats de la région. En 1967, sous la pression d'un mouvement nationaliste armé, la Grande-Bretagne accorda l'indépendance au Yémen du Sud, qui prit le nom de République démocratique et populaire du Yémen en 1970. Le Front national de libération, marxiste, devint parti unique ; la plupart des biens appartenant aux étrangers furent nationalisés. Par ailleurs, des liens étroits furent établis avec l'Union soviétique. Les différents groupes marxistes présents au Yémen du Sud continuèrent à s'opposer. Ali Nasser Mohamed, devenu président en 1980, fut renversé en 1986, ce qui provoqua une courte, mais violente guerre civile. L'ancien Premier ministre Haydar El Attas fut élu président en octobre 1986. Il engagea la démocratisation du Yémen du sud à partir de 1989.
Conflits et unification
Les tentatives d'unification qui avaient fait suite aux conflits ayant opposé, en 1972 et en 1979, les deux Républiques du Yémen demeurèrent vaines. En 1988, un accord fut conclu pour démilitariser la frontière et exploiter en commun les gisements pétrolifères. L'unification s'effectua finalement le 22 mai 1990. Les deux pays se fondirent en une République du Yémen, avec Ali Abdullah Saleh comme président et Haydar El Attas comme Premier ministre. Cette unification a d'abord été une unification voulue par le haut, la répartition du pouvoir ayant été négociée entre les régimes du Nord et du Sud, et ne procédant pas d'une élection. Les deux Parlements ont fusionné et le gouvernement mis en place comptait autant de ministres sudistes que nordistes. Les deux Républiques yéménites du Nord et du Sud se sont fondues à parité institutionnelle. Bien que la réunification ait été proclamée le
22 mai 1990, la réconciliation s'est avérée difficile, les leaders sécessionnistes étant toujours actifs.Les émeutes de la faim qui eurent lieu en 1992 et l'agitation politique obligèrent le gouvernement à reporter les élections jusqu'au 27 avril 1993. Le Congrès général du peuple (CPG), ancien parti au pouvoir en République arabe du Yémen, obtint 121 sièges ; le parti El Islah, un nouveau parti de coalition islamique, remporta 62 sièges ; le Parti socialiste du Yémen (YSP), l'ancien parti unique de la République démocratique, gagna 56 sièges. Ces trois principaux partis formèrent une coalition au Parlement, ce qui permit au Président et au Premier ministre de rester au pouvoir. Cette coalition éclata en avril 1994, après la rupture entre le président Saleh et le vice-président Ali Salem El Beidh, originaire du Sud. Ce dernier proclama la sécession du Yémen du Sud en mai, provoquant ainsi une guerre civile qui s'acheva avec la prise d'Aden en juillet, par les troupes fidèles au président Saleh. Réélu à la tête de l'Etat en octobre 1994, celui-ci mit fin à la présidence collégiale et forma avec le parti El Islah une nouvelle coalition, qui remporta à nouveau les élections d'avril 1997. En janvier 1998, le président Saleh se proclama maréchal. Tous ces développements n'ont jamais réussi à résoudre les contradictions historiques continuant à miner le Yémen qui fait aujourd'hui face à son destin.
A. G.


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