Triste est le visage de cette partie de l'Afrique. Frappée par une très grave sécheresse, la pire depuis plus d'un demi-siècle, elle est menacée par une famine telle qu'elle n'en a jamais connue. Des millions d'Africains risquent de souffrir de la faim en Somalie, mais aussi au Kenya, en Ethiopie et à Djibouti. Le nombre de personnes souffrant de la famine dans la Corne de l'Afrique est passé de 9 à 13 millions en quelques semaines. Selon l'Unicef, agence des Nations unies, plus de 2 millions d'enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë dans ces régions et parmi eux 720 000 risquent de mourir si une aide urgente ne leur est pas rapidement apportée, alors que 30 000 ont trouvé la mort du fait de la famine et de la sous-alimentation. Pour lutter contre cette grave famine, l'ONU réclame à la communauté internationale 1,6 milliard de dollars. Cette organisation dresse un constat alarmant de la situation dans cette zone. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes ces dernières semaines en Afrique de l'Est. La famine a été décrétée formellement le 20 juillet dernier dans trois régions du sud de la Somalie (celles reliant les zones de Bakool et du Bas-Shabelle) et également en Ethiopie, au Kenya, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda. La famine est déclarée lorsque plus de deux personnes sur 10 000 meurent chaque jour et que le taux de malnutrition aiguë dépasse les 30%. Et c'est, malheureusement, le cas aujourd'hui dans certaines régions de l'Afrique. Des milliers de Somaliens se sont réfugiés ces dernières semaines, pour fuir la sécheresse, dans la Corne de l'Afrique, mais aussi l'instabilité et le chaos dans leur pays. La semaine dernière, l'ONU a demandé 1,4 milliard de dollars supplémentaires pour venir en aide à 12,4 millions de personnes victimes de la sécheresse dans la Corne de l'Afrique. Le nouveau montant porte à 2,4 milliards de dollars les besoins liés à la pire sécheresse dans cette région, alors que les agences de l'ONU et leurs partenaires n'ont reçu jusqu'ici qu'un milliard de dollars des donateurs. «Sans ces contributions supplémentaires, l'impact de la famine pourrait s'étendre à tout le sud de la Somalie et au-delà des frontières des pays voisins d'ici un ou deux mois», a indiqué le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). D'aucuns estiment que la situation dans la Corne de l'Afrique est la plus grave crise alimentaire dans le monde aujourd'hui. L'agence de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) parle d'une urgence car il y va de la survie des populations de ces régions. L'aide humanitaire fait cruellement défaut «Cette urgence fait partie d'une crise de plus grande ampleur due à la sécheresse et aux conflits armés qui touche toute la Corne de l'Afrique et menace la vie et les moyens d'existence de quelque 12,4 millions de personnes en Somalie, à Djibouti, en Ethiopie et au Kenya et des millions d'autres dans les pays voisins», a révélé cette organisation. La FAO n'a pas caché ses inquiétudes quant à l'évolution de la situation et a même averti que la famine devrait s'étendre à toutes les régions du sud dans les quatre à six semaines à venir et persistera vraisemblablement au moins jusqu'en décembre 2011. D'où la nécessité d'une intervention urgente et de grande envergure dans la Corne de l'Afrique et plus particulièrement en Somalie où 3,7 millions de personnes sont en situation de crise et 3,2 millions (dont 2,8 millions dans le sud du pays) ont besoin d'une aide immédiate dont dépend leur survie. La FAO sollicite des fonds pour venir en aide aux ménages les plus vulnérables dans ce pays, précisant que les interventions sont connues dans le but de sauver les vies humaines et les moyens d'existence à court terme, tout en bâtissant la sécurité alimentaire à plus longue échéance. La FAO a publié, à cet effet, une feuille de route pour son soutien au rétablissement agricole à court terme dans la région, qui nécessite, selon l'organisation, des financements d'environ 103 millions de dollars. Sur les 161 millions de dollars sollicités par la FAO pour la Corne de l'Afrique, seuls 57 millions ont été reçus ou promis. «Le déficit actuel de financement de la FAO s'établit à quelque 103 millions de dollars pour apporter un soutien immédiat aux populations victimes de la crise», selon un rapport publié par la FAO. Sur les fonds requis, 70 millions de dollars sont destinés à la Somalie. Il faut préciser que 90% du bétail ont été décimés dans la région. La Somalie est ravagée non seulement par une grave famine causée par la sécheresse, mais aussi par 20 ans de guerre civile menée par les milices des Shebab qui n'ont pas permis, durant plusieurs années, aux organisations humanitaires internationales de venir en aide à la population victime du désastre. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en place, mercredi dernier, un pont aérien pour aider les victimes de cette sécheresse sans précédent. Seulement, au regard du contexte politique somalien, le financement et une coordination humanitaire adéquate s'avèrent difficiles. Mais au-delà de cette problématique, l'aide humanitaire continue d'y faire cruellement défaut, car au-delà de la Somalie, c'est toute la Corne de l'Afrique qui est actuellement touchée par la sécheresse. Apparition de maladies dans les camps des réfugiés 740 000 réfugiés ont fui la malnutrition et l'insécurité du sud de leur pays, pour se rendre au Kenya et en Ethiopie. 350 000 Somaliens traversent la frontière chaque jour. Cette situation n'est pas pour arranger les choses, d'autant plus que le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a affiché ses craintes quant à l'apparition de toutes sortes de maladies menant vers une mortalité élevée et à des cas graves parmi une population de réfugiés déjà vulnérable, dont l'état de santé était déjà fragilisé. Le HCR a averti, à cet effet, contre l'épidémie de rougeole entraînant une forte mortalité dans les camps de réfugiés somaliens du sud-est de l'Ethiopie, où plusieurs cas de la maladie ont été signalés. Jusqu'au 4 août, 25 décès ont été enregistrés dans le camp de Kobe, dont la moitié pourrait être due à la rougeole. D'autres cas ont été signalés dans divers camps de la région de Dolo Ado, localité éthiopienne à la frontière de la Sppomalie. «La situation est alarmante et nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre», a déclaré Moses Okello, représentant du HCR pour l'Ethiopie. «Nous devons agir maintenant, de façon urgente et décisive, pour arrêter la propagation de la maladie et renverser la situation», a-t-il insisté, en soulignant la nécessité d'une campagne de vaccination des enfants. Un groupe d'experts est attendu à Dolo Ado et une campagne de vaccination doit commencer aujourd'hui, selon le HCR. Les camps alentour comptent quelque 118 400 réfugiés somaliens, dont 78 000 sont arrivés depuis le début de l'année. Certes, la rougeole tue rarement des individus vivant dans des conditions normales, mais la combinaison de la malnutrition due à la sécheresse et d'une propagation de la maladie dans les conditions des camps de réfugiés peut avoir des conséquences mortelles.