La pire sécheresse depuis 60 ans frappe plus de dix millions de personnes dans certaines régions de la Corne de l'Afrique. Dans plusieurs régions, des populations sont déjà confrontées à la famine. Dans la Corne de l'Afrique, «plus de dix millions de personnes sont touchées à un stade ou à un autre par la sécheresse», a indiqué la porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs. «On n'a pas vu une telle sécheresse depuis 60 ans dans certaines zones pastorales», a-t-elle ajouté, expliquant que le manque de pluie avait provoqué «une crise alimentaire importante dans cette partie du monde». Selon les données de l'ONU, la sécheresse touche notamment 3,2 millions de personnes au Kenya, 2,6 millions en Somalie, 3,2 millions en Ethiopie et 117 000 personnes à Djibouti. «Dans plusieurs régions loin des côtes du Kenya, d'Ethiopie et de Somalie, on peut parler de famine», a insisté Elisabeth Byrs. Cette sécheresse a été provoquée par un déficit de pluie depuis deux ans qui a affecté les récoltes et déclenché une flambée des prix des céréales, rendant l'accès à la nourriture critique, notamment pour les bergers dont le bétail souffre également durement. La malnutrition des enfants est particulièrement importante, s'inquiète l'ONU. «Les taux dans les régions les plus affectées sont plus du double du seuil d'urgence de 15% et devraient augmenter», a précisé la porte-parole. «Un enfant sur trois en Somalie est en sous-nutrition», a-t-elle poursuivi, expliquant que le taux de mortalité était également élevé parmi les plus jeunes. Malgré une situation qui ne cesse de se détériorer, l'ONU peine à trouver les financements pour ses activités, a-t-elle encore relevé. L'appel de fonds 2011 pour Djibouti (39 millions de dollars) n'est actuellement financé qu'à 30%. Celui pour la Somalie, de 529 millions de dollars, ne l'est qu'à 50%, tandis que celui pour le Kenya (525 millions) est financé à 54%. «Ce manque de fonds limite les activités des humanitaires alors que la situation s'aggrave de jour en jour pour les populations les plus vulnérables», a insisté Elisabeth Byrs. Cette sécheresse a provoqué des déplacements massifs de populations. Selon les chiffres du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) publiés vendredi, quelque 20 000 Somaliens ayant fui la sécheresse et les violences sont arrivés ces deux dernières semaines dans le camp de réfugiés de Dadaab, au nord-ouest du Kenya. «Plus de la moitié des enfants arrivant du sud de la Somalie dans les camps de réfugiés en Ethiopie sont mal nourris», explique encore l'Ocha. R. I. En quête d'eau et de vivres, 40 000 personnes convergent vers Mogadiscio Quelque 40 000 personnes fuyant la famine ont convergé vers Mogadiscio en quête d'eau et de vivres depuis le début du mois de juillet. «Environ 30 000 autres sont arrivées dans des camps à 50 km du centre de la capitale», a déclaré Vivian Tan, porte-parole du Haut Commissariat pour les réfugiés, estimant qu'au moins 100 000 personnes ont rejoint Mogadiscio ces deux derniers mois Selon le Haut Commissariat pour les réfugiés, environ un millier de personnes déplacées par la famine arrivent quotidiennement dans la capitale somalienne, où les stocks de nourriture sont insuffisants. «Cela provoque de sérieuses bousculades et des pillage», indique l'organisation. «Le résultat, c'est que de nombreuses personnes, parmi les plus faibles et les plus vulnérables, se retrouvent les mains vides malgré tous les efforts des agences humanitaires et caritatives», ajoute le HCR. La sécheresse qui sévit actuellement dans la Corne de l'Afrique, la pire depuis 60 ans, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et menace douze millions de personnes en Somalie, au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda. La situation est particulièrement critique en Somalie, où l'Onu a décrété formellement la famine dans deux régions du sud, contrôlées par les insurgés islamistes shebab, qui en interdisent l'accès à certaines organisations humanitaires. R. I.