La rentrée scolaire 2011-2012 risque d'être, une fois de plus, chaude. Après une trêve d'une année, les syndicats du secteur de l'éducation menacent de perturber cette rentrée, prévue pour le 11 septembre prochain. A l'origine de cette colère, la gestion de l'argent des œuvres sociales. Si certaines organisations syndicales, a l'instar du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) parlent d'un exploit et d'un acquis, le fait d'avoir récupéré la gestion de l'argent des œuvres sociales, qui était depuis l'indépendance du pays sous la houlette de l'UGTA, d'autres syndicats, par contre, comme l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) contestent la circulaire ministérielle n°667 du 14 août 2011 relative à la gestion de l'argent des œuvres sociales, notamment l'attribution de sa gestion à des comités d'établissements scolaires. «Le dossier des œuvres sociales figurait parmi les revendications inscrites dans notre plateforme de revendications remise au ministère de tutelle il y a une année. Ce dernier nous a promis de régler le problème et de faire bénéficier la communauté éducative de l'argent des œuvres sociales à travers une gestion appropriée», a soutenu Sadek Dziri, porte-parole du syndicat. N'ayant pas les prérogatives pour se prononcer sur la question, le ministre de l'Education nationale a décidé de soumettre la problématique des œuvres sociales au gouvernement. Pour contenir la contestation et éviter des perturbations dans le secteur de l'éducation, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a plaidé en faveur des syndicats autonomes. L'Exécutif a ainsi retiré le dossier des mains de l'UGTA et a donné le feu vert aux enseignants, à travers leur syndicat, avec la contribution bien sûr du ministère de l'Education, pour qu'ils choisissent la formule adéquate de gestion de l'argent des œuvres sociales. Mais qu'est-ce qui a donc irrité les syndicats ? Il s'agit tout simplement de la formule arrêtée par le département de Benbouzid. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et l'Unpef réfutent la formule du ministère qui vise la suppression du principe de solidarité pour lequel les œuvres sociales ont été créées, ce qui implique que les grands projets souhaités par l'ensemble des travailleurs vont disparaître : «Il n'y aura ni projet de construction d'hôpitaux, ni réalisation de logements, ni prêts pour construction, ni indemnités pour les orphelins des travailleurs du secteur. Même la prime destinée aux retraités, que nous avons proposée dans le cadre du nouveau projet, à savoir 30 fois le salaire minimum national, est suspendue par un avortement programmé. Tous ces projets seront suspendus après 20 ans de lutte», s'indignent les syndicalistes. Ces derniers pensent que les responsables du ministère ont préféré s'abstenir de la gestion transparente, unifiée, nationale et juste et ont opté pour l'anarchie en confiant la gestion de ces fonds à plus de 7000 comités (en fonction du nombre de collèges, lycées et autres entreprises ministérielles). Une situation qui va entraîner des conflits et des problèmes divers qui porteront atteinte à la stabilité de l'école et aux intérêts légitimes des travailleurs. «En appliquant cette décision, les 1500 milliards des œuvres sociales seront divisés en miettes tout en enterrant le principe de solidarité. Pourtant, la lettre du chef du gouvernement adressée au ministre de l'Education nationale ne cautionne pas ladite décision et aucun syndicat autonome n'a proposé cette stratégie», estime M. Dziri. Les opposants à cette démarche insistent sur le respect de la gestion nationale, tout en laissant le principe de la commission nationale et les commissions de wilaya et la sauvegarde du contexte de solidarité. De son côté, M. Meriane, président du Snapest, se distingue de cette démarche et estime que la décision du ministère est louable : «La décentralisation de la gestion des œuvres sociales est un point positif et l'élection d'une commission au sein de chaque établissement, qui rendra des comptes annuellement aux fonctionnaires lors d'une assemblée générale. Seulement, il faut un règlement intérieur pour qu'il y ait une répartition équitable de l'argent des œuvres sociales.»