Les trois citoyens tués dans l'attaque terroriste de jeudi dernier, au village El Vir, commune de Maâtkas, 30 km au sud de Tizi Ouzou, ont été inhumés, hier, dans la dignité. Des milliers de personnes, avec une forte présence des élus, ont accompagné les défunts à leur dernière demeure. «C'est un acte ignoble», s'est contenté de nous dire, avec beaucoup d'émotion, le frère de Rabah Slifi juste après les obsèques qui se sont déroulées en présence du wali, du président de l'APW par intérim, des députés du RCD et du FLN, du sénateur Mohamed Ikherbane ainsi que plusieurs élus locaux. Puis la foule s'est dirigée vers la maison de la deuxième victime, Brahim Issaoune (l'otage), qui sera ensuite enterré non loin de son domicile familial. «On est vraiment sous la menace quotidienne de ces irréductibles qui empestent la quiétude du citoyen qui est souvent racketté par ce groupe», nous dira un jeune du village qui ajoute : «Le drame s'est produit à 1h du matin et les militaires sont arrivés à l'aube pour entreprendre une opération de ratissage. La région est vraiment livrée à elle-même. Le problème d'insécurité se pose avec acuité. Sinon, comment peut-on expliquer que le même groupe qui opère dans ces villages n'a pas été neutralisé depuis des années.» Après l'enterrement de Brahim, dans la douleur et la consternation, la masse humaine qui a déferlé sur les ruelles étroites de cette bourgade, s'est rendue à l'autre cimetière du village pour inhumer la troisième victime, tuée lors de la même attaque. Dans un coin ombragé d'oliviers, Karim Issaoune, cousin de l'otage, a été enterré dans un climat de grande émotion. «Ils sont partis pour ne plus revenir certes, mais ils ont fait leur devoir, celui de faire face à des terroristes. Ils doivent rester comme un exemple de résistance pour la population qui est vraiment touchée dans sa chair par les actes de cette bête immonde», lance le frère de Karim avec un air plein de beaucoup de courage. «Mon frère vient de s'ajouter à une liste longue des victimes des actions de ces criminels», ajoute-t-il. Présent dans la foule, Saâdi Hadibi, président par intérim de l'APW de Tizi Ouzou, dira : «Nous sommes très affligés par cet acte lâche. Nous partageons la douleur des familles des victimes. La question est de voir comment ne pas être inquiété chez soi dans une région oubliée par tout le monde sauf les terroristes. La situation sécuritaire en Kabylie est très préoccupante. Elle nécessite une réelle prise en charge. Une stratégie réelle de lutte adaptée au relief et la mentalité de la région s'impose. Il y a lieu aussi de poser des questions sur les agissements des terroristes dans une région hostile au terrorisme en général et à l'intégrisme en particulier», commente-t-il. «On est vraiment abattus suite à cet acte ignoble. Je voudrais dire qu'on est exposé toujours à la menace des groupes armés car il y a un manque remarquable de couverture sécuritaire. En ce douloureux événement, nous présentons aux familles des défunts nos condoléances les plus attristées», souligne un représentant du comité de Takhribt, un village limitrophe à El Vir. Tous les présents ont condamné fermement l'attaque terroriste de jeudi dernier qui a endeuillé la région de Maâtkas. Pour rappel, quatre individus armés ont opéré une incursion, jeudi dernier, dans le village El Vir. Ils ont kidnappé un jeune, fils d'un émigré, exigeant une rançon de 200 millions pour sa libération. L'alerte a été donnée. Tous les villageois sont sortis. Puis, un accrochage a eu lieu entre les citoyens et le groupe terroriste. Lors des échanges de coups de feu, deux citoyens ont été tués alors que le troisième, l'otage, a été exécuté par les assaillants à quelques encablures du lieu de l'accrochage. Deux blessés ont été également dénombrés. La daïra de Maâtkas qui a payé un lourd tribut durant la décennie noire, continue de subir les affres du terrorisme.