La victime de la bavure militaire de jeudi dernier, à Azzazga, a été inhumée, hier, dans la dignité et en présence d'une foule nombreuse dans son village natal, Oumaden, dans la commune de Souamaâ, daïra de Mekla, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. Des milliers de personnes ont accompagné Mustapha Dial à sa dernière demeure. Il repose en paix dans un bout de terre ombragé d'oliviers au cimetière de cette bourgade de l'Algérie profonde. «C'est un homme modeste et très calme. Il a toujours travaillé comme simple ouvrier pour faire vivre sa famille», nous dira un citoyen. Le frère du défunt, tout en retenant difficilement ses larmes, ajoutera que son frère aîné «est parti comme victime, laissant derrière lui une veuve et quatre enfants. Il est estimé par tout le monde dans la région. Il n'a jamais fait de mal à quelqu'un». Des moments pleins d'émotion. Le maire de Souamaâ, Mohand Boukhtouche, a, pour part, souligné que la victime «était un citoyen qui a toujours travaillé comme ouvrier dans le bâtiment chez des particuliers. Mustapha est un martyr. On ne doit pas l'oublier. On doit exiger pacifiquement que les responsables de sa mort soient jugés», a-t-il déclaré. Lors de l'enterrement, on a remarqué aussi la présence du chef de cabinet du wali de Tizi Ouzou, le président de l'APW et plusieurs élus locaux de la région. «Je suis venu présenter à la famille du défunt les condoléances de l'Etat. Je la rassure aussi que les responsables de ce malheureux incident seront jugés. Ce qui s'est passé est un acte condamnable. Le wali vient de signer la décision de reconnaissance du défunt comme victime du terrorisme. On doit être solidaires avec sa famille», a précisé le chef de cabinet du wali. Notons aussi que vendredi, durant la soirée, une délégation composée du wali, du chef du secteur militaire, du commandant du groupement de la Gendarmerie nationale et du chef de sûreté de wilaya, s'est déplacée à la maison du défunt. Une réunion du comité du village Oumaden devait avoir lieu hier, à 17h, pour décider, selon les citoyens de cette localité, «des actions à entreprendre pour demander que la justice soit faite après cette bavure qui a coûté la vie à Mustapha Dial». La grève générale à laquelle ont appelé les comités de village d'Azzazga a été massivement suivie hier. Tous les commerçants ont baissé rideau pour protester et s'indigner contre ce qui s'est passé jeudi dernier. Un appel a été lancé à une marche et une grève générale dans la même ville pour aujourd'hui.