Des fuites d'eau à ciel ouvert, des routes détériorées, des écuries plein la ville, des constructions illicites, des trottoirs occupés, le trabendo, la friperie et les marchands ambulants. Une ville classée zone extrême, livrée à elle-même. Telle est l'image qu'offre la ville de Ghardaïa en 2006. Au moment où l'on s'attelle à redorer le prestige du centre-ville du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa, le mal-vivre ronge les citoyens des quartiers périphériques de la ville. Les touristes qui viendront visiter Ghardaïa auront à apprécier les difficultés de la vie des citoyens. En effet, pour les habitants de la ville des Mozabites, leur cité a beaucoup perdu de son charme et de sa propreté, de sa beauté et de son cadre de vie. Pour eux, le manquement des structures chargées de l'environnement et du nettoyage de la ville est la principale cause de la saleté qui caractérise Ghardaïa. De la haute ville à la palmeraie, en passant par le centre-ville et les quartiers adjacents, rares sont les endroits où il n'y a pas de mares d'eau, de détritus, d'amas d'ordures, ou de mouches et de moustiques qui frôlent votre visage. C'est à croire qu'à Ghardaïa, depuis de longues années, une sérieuse prise en charge de l'environnement en adéquation avec le relief fait défaut. Cependant, contrairement à ce que l'on constate dans certains quartiers où bon nombre de constructions illicites se sont dressées, on ne ménagera curieusement aucun effort pour agrémenter ces routes et ruelles d'un beau bitume ! Alors que, ailleurs, leur état laisse à désirer : ce sont l'abandon et l'absence totale du moindre parfum de ce bitume. Le ramassage des ordures se fait par intermittence. Les exemples ne manquent pas. Et pour se rendre compte de cette situation alarmante, il suffit de faire un tour à l'amont de la rue Cheikh El Haoues, à la place du marché ou de Chaâbet Belhadj Daoud pour constater ce que laissent derrière eux les marchands de fruits et légumes et les trabendistes qui, chaque jour, en dépit des restrictions supposées, étalent furtivement leurs marchandises, même sur des amas d'ordures. La plupart, si ce n'est la totalité, des vide-ordures ou des espaces prévus à cet effet sont constamment jonchés de quantités énormes de déchets. Des fuites d'eau à ciel ouvert qui se forment dans beaucoup de quartiers. Ajoutez à cela l'indifférence de citoyens et commerçants dans certains quartiers qui, par négligence, ne se soucient guère des règles élémentaires d'hygiène surtout lorsqu'il s'agit de la vente de produits alimentaires. A ce propos, le pain a déserté les boulangeries pour être exposé à l'air libre, du matin au soir. Et ce, à la merci des gaz d'échappement, des crachats et des poussières et vendu dans des conditions d'hygiène très douteuses. Il en est de même pour des dizaines d'écuries installées çà et là, à travers la ville, ou des trabendistes et vendeurs de friperie porteuse de toutes sortes de maladies. Face à cette situation qui ne laisse aucun citoyen indifférent, on se pose la question : que font les services concernés ? Le second vice-président de l'APC, M. Babbou, nous répond à propos du ramassage des ordures que les moyens de la commune sont très limités : 80 ouvriers, dont 75% à titre temporaire, 4 engins bitasseurs et 1 camion benne K120, tel est le patrimoine d'un service d'hygiène utilisé d'une manière optimale à travers 14 secteurs dans une commune qui compte plus de 90 000 habitants, en dépit du matériel récent qu'il avait pourtant récemment vendu (une pelle et une niveleuse). Il poursuivra curieusement que la situation du ramassage des ordures ménagères à Ghardaïa ne connaîtra pas d'amélioration sensible tant que deux conditions essentielles ne sont pas réunies : d'abord, davantage de moyens matériels, c'est-à-dire plus de camions, de chargeurs et de tracteurs. La seconde condition émise par M. Babbou, c'est une plus grande adhésion de la population. Il ajoute qu'une bonne partie des citoyens de la ville fait preuve d'un manque flagrant de civisme. Les uns sortent leurs ordures à n'importe quelle heure de la journée, alors que d'autres les jettent n'importe où, ne respectant pas les endroits réservés à cet effet. Il arrive même qu'elles soient purement et simplement brûlées au détriment de la santé publique. Nos interlocuteurs de l'APC regrettent également que certains citoyens délaissent totalement leur quartier et n'accordent aucun intérêt à la propreté de leur environnement immédiat. Des actions et des opérations de nettoyage ne nécessitant ni de gros moyens ni trop de temps, simplement, un peu de bon sens et de bonne volonté, et pouvant être menées par tout un chacun, ne serait-ce que devant chez-soi. Concernant le problème des mares d'eau, c'est une problématique majeure que personne, y compris l'entreprise gestionnaire des eaux (l'EPEG), ne semble lui trouver une solution adéquate qui éviterait l'énorme déperdition de l'eau potable, estimée à 60% des ressources hydriques de la commune. Quant à l'hygiène, toujours selon les élus de l'APC, il semble que les contrôles s'effectuent normalement par le service concerné de la wilaya et des mesures de fermeture et des mises en demeure sont prises, reste que le manque de moyens financiers perturbe sérieusement la commune. Pour les actions à venir, une campagne de sensibilisation et de restriction semble être prise par le nouveau wali à travers la population par le biais des associations de quartier et envers certains commerçants. Il en est de même pour des opérations périodiques de désinfection et de désinsectisation de la ville. Ainsi, l'élimination des écuries installées à l'intérieur du tissu urbain et l'abattage des chiens errants, qui demeure une problématique constante, doivent figurer également au programme de cette future campagne. Quoi qu'il en soit, au vu de la situation actuelle que vit la ville de Ghardaïa et le mal-vivre de ses citoyens, la responsabilité incombe en premier lieu aux différents services concernés et aux élus qui se sont succédé d'année en année et qui, par incompétence ou indifférence, ont laissé la ville dépérir et devenir une sorte de « ville dépotoir ». Aujourd'hui plus que jamais, Ghardaïa, de par son « standing architectural », son évolution démographique et économique, nécessite une sérieuse mobilisation d'abord, des pouvoirs publics et des élus et ensuite des citoyens.