En une décennie, Constantine a été exposée à une expansion anarchique. La troisième ville du pays, ou du moins ce qui en reste, «vole» carrément en éclat sous les coups de boutoir des «nouveaux parvenus» qui s'adonnent à fond et dans l'impunité la plus totale dans «la guerre des poches urbaines». En une décennie durant laquelle la lutte antiterroriste était la priorité, la ville des Ponts et ses environs a été complètement défigurée. Et les choses vont de pire en pire. La ville a été livrée à l'incivisme à un point que le gigantesque chantier de restauration du vieux bâti s'est avéré, en fin de compte, insuffisant pour assurer à la cité un lifting plus ou moins réussi. La vie dans les quartiers périphériques est de plus en plus insoutenable. Pénurie d'eau, amoncellement des ordures ménagères, routes défoncées et immeubles décrépis sont le lot quotidien des citoyens. C'est dire que la ville passe par une situation particulièrement singulière. Les Constantinois n'hésitent plus à classer leur ville où «survit» près d'un million de personnes de «grand douar». Les citoyens dénoncent la passivité des autorités locales et des élus, à quelques semaines des prochaines élections locales. Un énorme retard est engendré en raison du cumul du laxisme et du laisser-aller ainsi que l'absence d'une politique rigoureuse de l'aménagement du territoire. A ce rythme, il est clair que même les efforts fournis par le CRI, une association dont l'objectif est de contribuer à redonner à Constantine son lustre d'antan, n'aboutiront pas à un résultat probant. Commerces illicites, gargotes improvisées de jour comme de nuit et où l'hygiène constitue le dernier des soucis, égouts à ciel ouvert... C'est hélas l'image qu'offre aujourd'hui Constantine à ses citoyens et, malheureusement, à ses visiteurs. Et peu d'efforts sont consentis pour soulager les habitants et effacer l'ombre du précaire qui touche à la dignité d'une ville longtemps incontestée. Chaque année, particulièrement en été, les maladies dites de misère par excellence, comme la gale, reviennent pour rappeler aux Constantinois que le calvaire continue.