Alors que des centaines de Touareg maliens et nigériens, ayant combattu pour El Gueddafi, ont entamé leur retour dans leur pays, faisant planer une menace sur la sécurité au Sahel, les insurgés tentaient encore hier de convaincre les chefs de tribus de Syrte, demeurés loyaux à l'ancien guide libyen, de déposer les armes. La ville de 120 000 habitants, située à 360 km à l'est de Tripoli, est désormais prise dans un étau par les forces rebelles. Mais un porte-parole des rebelles a prévenu que les négociations ne dureraient pas éternellement et que faute d'un accord rapide, la situation serait réglée par les armes. El Gueddafi, qui reste à ce jour introuvable, pourrait avoir trouvé refuge dans cette ville. Le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, organe politique de la rébellion, a affirmé hier que le colonel El Gueddafi représentait toujours «un danger», en particulier par les discours dans lesquels il appelait encore la semaine dernière ses partisans à se soulever. «C'est pourquoi nous appelons la coalition à poursuivre son soutien», a-t-il ajouté à l'ouverture d'une réunion à Doha des chefs d'état-major des pays engagés militairement en Libye. Selon un autre responsable libyen, Jalal Al Deghili, la coalition peut encore aider à «rétablir la sécurité et éliminer les cellules dormantes et les restes du régime de El Gueddafi».
L'OTAN, qui dirige les opérations depuis le 31 mars, a rappelé que son mandat courait jusqu'au 27 septembre. Dans l'Ouest en revanche, les pro-El Gueddafi ont fait croire qu'ils avaient quitté Ragdaline, à une soixantaine de kilomètres à l'est de la Tunisie, avant de combattre avec acharnement pendant des heures des rebelles complètement désorganisés. Sur un autre plan, les insurgés ont annoncé dimanche avoir libéré plus de 10 000 détenus des prisons du régime, mais se sont inquiétés du sort de près de 50 000 «personnes arrêtées ces derniers mois» et manquant encore à l'appel. L'inquiétude est d'autant plus grande que des charniers ont été découverts et que les témoignages se multiplient sur des exécutions sommaires de prisonniers par les pro-El Gueddafi pendant la bataille de Tripoli. Une cinquantaine de squelettes carbonisés ont ainsi été découverts samedi lors de la prise de la dernière base militaire de Tripoli encore aux mains des forces loyalistes. Selon un survivant interrogé par l'organisation Human Rights Watch, il s'agissait de prisonniers en majorité civils. Au soir du 23 août, des soldats loyalistes ont lancé des grenades par la porte et tiré depuis le toit, avant d'entrer achever les blessés. Le bâtiment a été incendié trois jours plus tard.
Concernant le front sud, des sources rapportent que des tribus touareg ont affirmé avoir aperçu cinq unités de la garde du colonel libyen El Gueddafi, près des frontières nigéro-libyennes. Elles se dirigeaient, selon la même source, vers les frontières nigériennes. Selon les notables des tribus des Touaregs, habitués de la géographie des frontières algéro-libyennes, des forces armées ont été observées au Sahara libyen, ajoutant qu'elles se dirigeaient vers les frontières nigériennes, non loin des frontières algériennes. Elles sont cinq unités armées et ce sont les mêmes qui assuraient la protection du guide libyen avant la chute de son régime et sa fuite de Tripoli, soutient-on. Les unités loyales à El Gueddafi sont composées de véhicules à quatre roues motrices, sur chaque véhicule sont placés deux éléments armés africains. Les véhicules se dirigeant vers le Niger portaient des matricules libyens, à l'instar de celui de Sebha et de Oubari, précisent les notables des tribus touareg. Sachant que la première est la plus grande ville du Sud, alors que la deuxième est considérée comme étant un site de regroupement des Touareg du Niger et du Mali.