Un nouveau virus mutant vient d'apparaître en Chine et au Vietnam. Si la FAO redoute «des risques imprévisibles pour la santé humaine», l'OIE est plus mesurée. Nouvelle alerte sur le front de la grippe aviaire avec l'apparition d'une nouvelle souche virale et une mise en garde solennelle de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Tout d'abord, ne pas confondre. On se souvient qu'en 2009, on avait découvert le H1N1, nouveau virus grippal apparu au Mexique. Très contagieux dans l'espèce humaine, il fut à l'origine de bien des frayeurs laissant redouter une pandémie hautement meurtrière. Ce ne fut heureusement pas le cas en dépit de sa diffusion pandémique. Les projecteurs sont aujourd'hui braqués sur un autre virus grippal infectant préférentiellement les oiseaux : le H5N1, responsable de la grippe aviaire (ou «peste aviaire» ou «grippe du poulet»). Ce virus est apparu pour la première fois fin 2003 dans le sud-est de l'Asie. Il a depuis conduit à l'abattage préventif de plus de 400 millions de volailles d'élevage et causé près de 20 milliards de dollars de dommages économiques. Le H5N1 est aussi susceptible, dans des circonstances exceptionnelles, de se transmettre à l'homme lorsque ce dernier est au contact étroit de volailles infectées. Il est alors hautement pathogène, tuant plus d'une fois sur deux : le bilan officiel de l'OMS fait ainsi état de 565 personnes infectées dont 331 sont décédées des suites de cette contamination virale. Le dernier décès a été recensé au début du mois d'août au Cambodge où ont été enregistrés huit cas d'infection humaine cette année, tous mortels. C'est cette dangerosité qui, à compter de 2006, avait conduit à la mise en œuvre d'une série de mesures préventives spectaculaires dans des pays européens, dont la France, qui n'étaient pas directement touchés par cette épizootie. Pouvant être véhiculé à l'échelon planétaire par des oiseaux sauvages migrateurs (ainsi que par le commerce international des poussins), le H1N1 a progressivement contaminé les élevages de volailles dans nombreux pays. En 2006, on recensait plus de soixante pays touchés. Toutefois, sur les conseils réitérés de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et de la FAO, des mesures drastiques et efficaces de lutte (surveillance vétérinaire, destruction des élevages de volailles potentiellement contaminés et indemnisation immédiate des éleveurs, campagnes de vaccination des volailles) ont pu être mises en œuvre, soutenues par un financement international. Cette lutte a été notamment menée avec succès dans des pays démunis où les volailles représentent une part essentielle des apports protéiques.Grâce à cette politique volontariste, la plupart des pays touchés ont pu redevenir indemnes de l'épizootie. Aujourd'hui, le virus continue toutefois de sévir de manière endémique dans six pays à forte densité de populations humaine et aviaire : la Chine, l'Egypte, l'Inde, l'Indonésie et le Vietnam ainsi, pour une partie, le Bangladesh.