Quinze mille familles habitant les chalets, initialement destinés aux sinistrés du séisme de mai 2003, attendent des logements dans la wilaya de Boumerdès. Elles occupent ces habitations «provisoires» dans le cadre social après que les sinistrés, relogés, les aient quittées. Ne voyant rien venir de la part des pouvoirs publics, ces familles s'inquiètent. «Nous craignons d'être oubliés et condamnés à passer toute notre vie dans des chalets», se plaint Said, qui habite dans l'un des sites de Boumerdès. Les responsables promettent de démanteler ces habitations, mais ils ne font rien de concret. Tout le monde se rappelle le discours d'Ahmed Ouyahia, lors de son meeting à la salle omnisports de Boumerdès, en campagne électorale pour le troisième mandat de Bouteflika, où il annonçait que «tous les habitants des chalets seront relogés très prochainement». Discours conjoncturel. En février dernier, lorsque les autorités craignaient un soulèvement populaire et que la tension était à son comble, les habitants des chalets ont été invités à se rapprocher des services des daïras pour y déposer des demandes de logement. Ce qui suscita un grand espoir chez la plupart des concernés. L'appel avait provoqué un rush vers les daïras, mais aussi et surtout sur services de la conservation foncière pour l'obtention du certificat négatif. Cependant les citoyens qui suivaient de près la situation avaient compris que c'était un leurre. «Je savais que les autorités jouaient sur ce problème sensible afin de calmer les esprits. Car même si on voulait vraiment reloger toutes ces familles, on n'aurait pas pu le faire. Il n'y a pas de logements sociaux pour reloger 15000 familles», nous dit Rabah, qui habite un chalet à Corso. Si le pouvoir a montré, pendant une situation d'urgence, qu'il sait que les chalets représentent un sérieux problème, il n'affiche cependant pas de volonté d'en finir avec ces bidonvilles. Ces habitations se dégradent, les familles grandissent et l'espace devient chaque année plus étroit. Mais on n'a arrêté aucun programme de relogement destiné à cette catégorie de citoyens. Pis, des sinistrés du séisme de 2003 ne sont à ce jour pas encore relogés (exemple de ceux de Tidjelabine et de la cité 1200 logements de Boumerdès). Pourtant un budget colossal avait été dégagé à cet effet et le problème était, pour les responsables, beaucoup plus un défi politique qu'un souci citoyen. Mais les chalets servent un autre objectif politique : celui des promesses électorales pour l'accès au logement. Comme les bidonvilles, créés et entretenus, dans une certaine mesure, par le pouvoir. D'ailleurs, six mois après l'appel à constituer les dossiers de demandes de logement, aucune suite ne leur a été donnée.