Sept ans après le séisme qui a frappé la wilaya de Boumerdès, des centaines de familles continuent de vivre dans des chalets dépourvus de toutes les commodités nécessaires à une vie décente. Que sont devenus ces chalets qui étaient destinés au relogement provisoire des familles qui se sont retrouvées sans abri au lendemain de la catastrophe ? Qui les habitent aujourd'hui ? Leur durée de vie est-elle dépassée ? Les réponses à ces questions et à tant d'autres laisseront déduire que ces habitations sont devenues source «de mal que de bien» dans la wilaya de Boumerdès et que leur éradication semble plus que jamais nécessaire, voire une priorité pour amorcer le développement de la wilaya. Lors de sa dernière visite dans la wilaya, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, a signifié que «l'éradication des chalets se fera au fur et à mesure de la concrétisation des programmes de logements affectés au profit de la wilaya». Le provisoire qui dure Durant les premiers mois ayant suivi la catastrophe, l'objectif que se sont fixé les responsables d'alors était de répondre aux besoins les plus urgents et de résoudre les problèmes les plus épineux qui peuvent compliquer davantage la situation des victimes de la catastrophe. C'est ainsi qu'il a été décidé d'ériger plus de 15 000 chalets à travers 28 communes de la wilaya pour éviter aux familles sinistrées de passer l'hiver sous les tentes. Des centaines de sinistrés ont en effet bénéficié de chalets. Certains y sont restés 3 ans, d'autres 4 et d'autres y vivent encore à ce jour. La raison est simple, ces derniers attendent toujours l'achèvement de leurs logements. La majorité d'entre eux avaient postulé pour l'aide à la reconstruction collective de leur cité (ex-1200 Logements) de Boumerdès. «Nous vivons dans des conditions lamentables. Notre chalet est devenu inhabitable et nous souffrons hiver comme été. Le président de la République nous a promis, lors de sa visite dans la wilaya en 2004, de nous recaser dans des logements en dur dans un délai de moins de deux ans, mais aujourd'hui personne n'est venu voir dans quelles conditions nous nous débattons», se désole Rabah, un père de famille qui occupe un chalet au site de Sghirate. Et à son collègue du même site d'ajouter : «Ce chalet ne peut abriter que quelques membres de ma famille qui est composée de neuf personnes. Nous avions sollicité les services de la daïra pour qu'ils nous attribuent un autre chalet, mais aucune suite favorable ne m'est parvenue à ce jour.» Les chalets qui ont été libérés ont été redistribués aux cas sociaux, c'est-à-dire à ceux qui souffraient de la crise de logement mais aussi et surtout à ceux qui ont «le bras long au sein de l'administration qui les ont transformés en véritable objet de spéculation. Résultats, des centaines de chalets sont inoccupés et abandonnés. D'autres sont devenus des lieux de débauche, alors que d'autres ont brûlé à cause des chutes de tension. Dans la commune de Ouled Haddadj, près d'une centaine de chalets sont transformés en lieux de rencontre pour les gens aux mœurs légères. Ce genre de problème prévaut en effet au niveau de la quasi-totalité des sites de la wilaya, notamment ceux situés dans des endroits éloignés des centres urbains. «Ici, c'est l'insécurité de jour comme de nuit. Personne ne peut laisser son chalet vide car plusieurs avaient déjà été cambriolés par le passé», nous dira Hassan, habitant du site des Figuiers, à l'est de Boumerdès.
Des chalets à la place des projets touristiques En sus de l'éloignement et de leur dégradation, ces chalets sont construits sur de vastes terres agricoles. «On dirait que l'avancement du béton n'a pas suffi pour qu'on vienne ajouter les chalets», lâche un habitant des Issers qui estime la surface occupée par les chalets dans la wilaya à 300 ha. Certains chalets, à l'instar de ceux des Figuier et de Sghirate, sont implantés dans des sites relevant des zones d'expansion touristique. En sus de cela, ces habitations provisoires constituent une sérieuse menace pour l'environnement, et ce, à cause des eaux usées qui se déversent dans la mer.